Vous l’avez certainement déjà lu : Le Journal d’Anne Frank a marqué la littérature, l’histoire et les esprits dès sa première publication en 1947. L’ouvrage, qui retrace la vie et les préoccupations d’une jeune fille juive exilée aux Pays-Bas durant la guerre, nous dévoilait un nouvel aspect du conflit, une plongée dans le quotidien des victimes. Malgré la précision des évènements relatés, un aspect de l’histoire reste encore flou : comment Anne Frank, confinée dans un appartement secret, a-t-elle pu tomber aux mains des nazis ?
Le 12 juin 1942, Anne Frank reçoit un cadeau qui marquera bientôt l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’un journal dont elle griffonnera les pages durant deux ans, inscrivant jour après jour ses idées, ses envies et ses préoccupations de jeune femme dans le contexte d’une guerre atroce. Elle cessera d’écrire en août 1944, quelques jours seulement avant la rafle qui la conduira dans le camp de concentration nazi de Bergen-Belsen.
Otto Frank, père et seul survivant de la famille, aura passé sa vie à propager l’histoire de sa fille en éditant son journal, témoignant des horreurs de la guerre. Après avoir fait paraître le document, aujourd’hui traduit dans plus de 70 langues, il enquêtera pour mettre la main sur le délateur qui a communiqué les noms des hébergeurs et l’emplacement de la cachette de sa famille aux nazis.
SELON LA MAISON ANNE FRANK, LE COUP DE FIL ANONYME N’A PEUT-ÊTRE JAMAIS EU LIEU
Aujourd’hui, différentes théories nous orientent sur l’histoire précédant cette rafle. Durant plusieurs années, on estimait qu’un coup de fil anonyme avait conduit les autorités à intervenir dans l’Annexe, au 263 Prinsengracht, visant spécifiquement les 8 personnes qui y étaient cachées : Anne, sa sœur Margot, son père Otto, sa mère Edith, Albert Dussel, son ami Peter van Pels ainsi que la mère et le père de ce dernier. S’il s’agit d’une version acceptée, la Maison Anne Frank n’a jamais cessé de chercher l’exactitude des faits. Récemment, les chargés de recherche du musée consacré à la jeune fille ont dévoilé une nouvelle interprétation des preuves recueillies.
D’après eux, le coup de téléphone de dénonciation n’a peut-être jamais existé : l’arrestation et la déportation des habitants de l’Annexe pourraient être dues à une tout autre affaire que la simple dissimulation illégale de juifs durant le conflit. Les études sur la vie d’Anne Frank auront apporté de nombreuses preuves quant à l’exactitude des faits rapportés dans le journal.
Malheureusement, les témoignages et indices trouvés ne permettent pas de connaître en détail les circonstances de l’arrestation de la famille Frank : les documents relayant cet événement n’ayant pas été préservés et les dires des témoins, reposant sur leurs souvenirs de ce jour, se contredisent.
Toutefois, des recherches concernant les travaux des services de sécurité allemands (Sicherheitsdienst ou SD) permettent d’apporter de nouvelles hypothèses à cette histoire : le passé de ses officiers ainsi que le déroulement de la journée du 4 août portent à croire que la rafle relevait du hasard.
En effet, les services de sécurité auraient été à la recherche de laboratoires clandestins : une enquête sur des fraudes aux coupons de rationnement et sur du travail illégal les aurait conduit dans le bâtiment détenu par la société d’Otto Frank. Les bureaux, dédiés originellement à un commerce de thé, étaient devenus suspicieux auprès de la SD qui s’y rendait alors pour faire la lumière sur ces potentielles fraudes.
C’est donc le 4 août, entre 10h15 et 11h, lors de la recherche de preuves attestant de ces activités illégales, que les nazis auraient découvert la planque de la famille Frank, mettant au jour l’escalier dissimulé derrière une bibliothèque qui menait à l’Annexe. Cette théorie repose en partie sur le fait que trois des hommes présents ce jour-là n’étaient pas chargés de rechercher spécifiquement des juifs mais de mettre la main sur les activités illégales des citoyens et de confisquer les biens des victimes envoyées dans les camps de concentration.
Bien évidemment, il s’agit d’une théorie qui ne rejette en rien la possibilité d’une trahison volontaire : la Maison Anne Frank n’exclut pas l’éventualité d’une délation aux autorités. Durant toute sa vie, Otto Frank aura minutieusement enquêté sur cette affaire bouleversante et l’une de ses lettres, rédigée en novembre 1945, dévoile qu’il était certain qu’une trahison avait eu lieu. L’année suivant l’écriture du document, il exprimera ses suspicions envers l’un des employés de l’entreprise, Willem van Maaren, engagé durant l’année 1943.
Ce dernier n’était pas dans la confidence et ne devait donc pas être au fait qu’une annexe dissimulait huit juifs. Malgré les suspicions d’Otto et les écrits négatifs rédigés par Anne sur le personnage, les juges chargés de l’affaire après la Seconde Guerre mondiale rejetteront les charges à l’encontre de van Maaren par manque de preuves.
D’autres théories sont toujours étudiées et les recherches concernant l’arrestation ayant conduit à la mort d’Anne Frank sont toujours en cours. Malgré tout et après des décennies de recherches, l’hypothèse d’un appel anonyme n’a apporté aucune réponse concrète, c’est la raison pour laquelle de nouvelles théories sont étudiées, apportant toujours plus de détails sur le quotidien d’Anne Frank et des habitants de l’Annexe.