La fin d’un mystère de plus de 70 ans ? Une enquête menée durant six ans a permis de révéler le nom de la personne ayant livré l’adresse de la cachette d’Anne Frank et de sa famille, en 1944.
Une longue investigation
Plus de 70 ans après les faits, une enquête révèle enfin le nom de la personne qui aurait livré Anne Frank et sa famille aux nazis. L’adolescente, ses parents et sa sœur, ainsi que d’autres personnes, se sont cachés pendant deux ans, de juin 1942 au 4 août 1944, à l’Annexe, à Amsterdam.
Par deux fois, la police néerlandaise avait tenté d’élucider ce mystère : comment les nazis ont su l’adresse de la cachette (en 1948 et 1963) ? Mais elle n’y était jamais parvenue. Les experts étaient en tout cas surs que les nazis n’avaient pas découvert l’adresse par hasard, mais qu’il y avait eu dénonciation. Un livre écrit par une autrice canadienne, Rosemary Sullivan, Qui a trahi Anne Frank ?, paru le 19 janvier en France, tente de lever le mystère. Il y relate les enquêtes menées par une trentaine d’experts (historiens, criminologues, graphologues…), un enquêteur néerlandais et un ancien agent du FBI.
Un nom est apparu comme étant celui du dénonciateur : Arnold van den Bergh, un notaire juif. Ce dernier était membre du Conseil juif, qui avait été installé aux Pays-Bas, alors sous occupation allemande, afin de régenter la communauté et de faire appliquer les directives nazies.
Une lettre anonyme reçue par Otto Frank
Otto Frank, le père d’Anne, est le seul à avoir survécu aux camps de la mort (Anne et sa soeur sont mortes du typhus à Bergen-Belsen). À son retour, il aurait reçu, après la Libération, une lettre anonyme, dans laquelle, probablement, le nom d’Arnold van den Bergh figurait. Il l’aurait remise à un policier dans les années 1960. C’est cette lettre qui a orienté les investigations récentes.
Otto Frank n’a toutefois jamais révélé publiquement le nom d’Arnold van den Bergh comme étant celui qui l’avait dénoncé. Pourquoi ? Otto Frank n’a sans doute pas voulu mettre dans la difficulté les enfants et la famille d’Arnold van den Bergh. De plus, il craignait une résurgence de l’antisémitisme s’il révélait que le « traître » était juif. Les enquêteurs ont même posé la question à un rabbin, car ils craignaient les potentiels effets de leurs révélations. Ce dernier leur aurait répondu : « La vérité est le plus grand des biens. »
Pour Ianis Roder, responsable des formations au Mémorial de la Shoah, « il faut surtout recontextualiser les choses ». En effet, « ce sont les nazis qui ont mis les juifs en Europe dans une situation absolument abominable, où parfois ils devaient choisir entre la vie de leurs enfants et la vie des enfants du voisin ou du voisin lui-même ». Il insiste également sur l’importance de « ne pas détourner la culpabilité et la responsabilité qui est celle des nazis, pas celle des juifs ».
Par Marine Guichard, le
Source: Courrier International
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