Si les chercheurs avaient préalablement établi que la planète rouge abritait autrefois un vaste réseau de cours d’eau, l’examen de nouvelles images satellite de sa surface vient de révéler les premières preuves de l’existence de rivières anciennes qui auraient coulé à sa surface pendant près de 100 000 ans.
« Un aperçu inédit de la quantité d’eau qui s’écoulait autrefois sur la planète »
Depuis des décennies, les scientifiques recherchent des traces de l’existence d’anciens cours d’eau sur mars. Au gré des progrès technologiques, de nouvelles preuves ont été mises en évidence, montrant que des rivières, des lacs et même des océans étaient autrefois abondants sur la planète rouge. La Mars actuelle étant glacée et poussiéreuse, la présence d’eau liquide à sa surface reste très peu probable. Mais il y a des milliards d’années, la planète était plus chaude et aurait pu en abriter suffisamment pour soutenir la vie. Les experts estiment même qu’elle représente l’un des endroits les plus propices à l’identification de preuves de vie extraterrestre.
Dans le cadre de travaux récemment présentés dans la revue Nature Communications, une équipe internationale de chercheurs a examiné les images détaillées d’une falaise martienne capturées par un satellite à haute résolution, ayant révélé que celle-ci avait été formée par des rivières il y a plus de 3,7 milliards d’années, ce qui correspond approximativement au moment où la vie a commencé à émerger sur Terre.
« Nous n’avions jamais eu l’occasion d’observer de façon détaillée un affleurement rocheux aussi ancien », estime Joel Davis, co-auteur de l’étude. « Il s’agit d’une pièce supplémentaire du puzzle dans la recherche de vie ancienne sur Mars, qui nous fournit un aperçu inédit de la quantité d’eau qui s’écoulait autrefois sur la planète. »
Des rivières ayant probablement été actives pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d’années
L’équipe a examiné des images prises par la caméra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) embarquée par le Mars Reconnaissance Orbiter, sonde spatiale de la NASA. Les images ont été prises à l’intérieur du bassin Hellas Planitia, situé dans l’hémisphère sud martien et constituant l’un des plus grands bassins d’impact du Système solaire. Sur celles-ci, ils ont identifié un empilement de roches stratifiées de 200 mètres d’épaisseur, visible au niveau des parois de la falaise. Selon Davis, la définition des clichés ne laisse aucune place au doute : il s’agit de roches sédimentaires formées par le passage de rivières, qui auraient continuellement déplacé leurs ravines, formant ainsi des bancs de sable.
Ces images détaillées montrent également que les processus fluviaux ayant formé ces roches se sont déroulés sur une très longue période de temps. « Les rivières en étant à l’origine ne coulaient pas de façon ponctuelle. Elles ont probablement été actives pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d’années », souligne Davis.
Selon les auteurs de l’étude, ces preuves ouvrent de nouvelles perspectives pour la recherche de la vie ancienne sur la planète rouge. « Sur Terre, les roches sédimentaires ont été utilisées par les géologues depuis des générations pour comprendre les contraintes et conditions qui prévalaient sur notre planète il y a des millions, voire des milliards d’années », explique William McMahon, co-auteur de l’étude. « Nous disposons maintenant de la technologie nécessaire pour étendre cette méthodologie à Mars, qui abrite des roches sédimentaires nous permettant de remonter encore plus loin dans le temps. »
L’Agence spatiale européenne (ESA) prévoit de lancer le rover ExoMars courant 2022. Celui-ci aura pour principal objectif de rechercher des traces de vie passée à la surface de Mars et d’étudier l’environnement géochimique des couches superficielles du sous-sol martien, en particulier la présence d’eau.