
La réanalyse de l’os du pied d’un lointain hominidé a révélé un ensemble de caractéristiques morphologiques évocatrices, indiquant un profil bien différent de celui initialement déduit.
À mi-chemin
S’il est largement supposé que notre dernier ancêtre commun avec les singes africains possédait un mode de vie exclusivement arboricole, cette possibilité ne fait pas consensus. Afin d’en savoir plus, des chercheurs ont procédé au réexamen du talus d’Ardipithecus ramidus, qui évoluait dans ce qui est aujourd’hui l’Éthiopie il y a 4,4 millions d’années.
Sa comparaison aux os d’autres primates, couvrant 40 millions d’années d’histoire évolutive, a révélé une inclinaison angulaire de la cheville étroitement similaire à celle de singes africains modernes. Ce qui indique que cet ancien hominidé était capable de se déplacer agilement dans les arbres, et d’évoluer sur la terre ferme en marchant sur la plante des pieds et la paume des mains (quadrupédie plantigrade).
Dans le même temps, l’équipe a identifié des caractéristiques associées à un « mécanisme de poussée amélioré », essentielles à la bipédie chez les humains. En d’autres termes : la structure de l’os du pied d’A. ramidus indique qu’il présentait des adaptations typiques des singes, et également des humains.
« Ardi marchait debout, mais conservait de nombreux attributs simiesques, notamment un pied préhensile », notent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Biology.

De vastes implications pour notre compréhension de l’évolution humaine
Globalement, ces travaux remettent largement en question l’idée qu’A. ramidus était physiquement très éloigné des singes africains.
« On a longtemps pensé que les chimpanzés et les gorilles étaient des sortes de cul-de-sac évolutifs », détaille Thomas Prang, de l’université de Washington. « Jusqu’à présent, Ardi était même considéré comme la preuve que nous ayons évolué à partir d’un ancêtre plus général. »
Plus tôt cette année, l’étude d’un crâne vieux d’un million d’années avait bouleversé la chronologie de l’évolution humaine.