Prendre le volant vous terrifie ? Vous ressentez une angoisse profonde rien qu’à l’idée de vous retrouver sur la route ? Vous n’êtes pas seul. De nombreuses personnes souffrent en effet d’amaxophobie, la peur panique de conduire un véhicule. Souffrant d’un manque de légitimité, cette peur possède de multiples facteurs. Bien qu’elle ne soit pas handicapante pour toutes les personnes qui en souffrent, il est possible de guérir de cette phobie, afin d’envisager plus sereinement sa vie sur la route.
Une phobie aux multiples facteurs
La phobie du volant est réelle et ne doit pas être négligée. Selon le psychologue Boris Charpentier, qui s’exprime auprès de Femme Actuelle : « Il s’agit d’une phobie très répandue, dont on ne peut pas isoler avec certitude les causes exactes. Cependant, certains facteurs semblent jouer un rôle plus ou moins important. Il peut s’agir de cas d’événements traumatiques ou de l’apprentissage sur modèle. »
Formée des mots grecs amaxa (chariot) et phobia (peur), cette angoisse peut être la conséquence du traumatisme lié à un accident de la route, mais également d’autres facteurs comme le manque de confiance en soi qui fait craindre d’être responsable d’un accident, ou bien la crainte d’avoir des troubles obsessionnels compulsifs. Elle peut également se combiner avec d’autres peurs, comme l’agoraphobie (la peur de se retrouver dans un endroit surpeuplé, en l’occurence au milieu d’autres usagers de la route), ou la claustrophobie, la peur de se retrouver dans un endroit clos. Elle peut également résulter d’une difficulté que la personne a eue à obtenir son permis de conduire, ou de ne pas avoir eu besoin de prendre le volant depuis son obtention…
Une peur stigmatisée
La peur de prendre le volant peut parfois être mal perçue, ou mal comprise, par les proches de ceux qui en sont victimes. Loin de l’image émancipatrice associée à la voiture, les amaxophobes peuvent se sentir inutiles dans certaines situations. C’est ce dont témoignait, en juin, Vanessa à Marie Claire : « Le regard des autres m’a influencée : on se retrouve vite enfermée dans le rôle de la copine un peu gauche qui ne sait pas conduire. » On invente alors toutes sortes d’excuses pour ne pas avoir à prendre le volant : les voitures polluent, coûtent cher…
On fait alors tout pour éviter d’avoir à prendre la route, et se retrancher ensuite derrière l’excuse de « ne plus avoir l’habitude »… ce qui aggrave la situation. Car les symptômes, eux, sont bien réels et communs à toute situation d’anxiété : tension musculaire, boule au ventre, gorge nouée, tremblements… Des situations d’autant plus dangereuses en situation de conduite.
Des accès d’affolement, et même de panique, peuvent être associés à l’angoisse du volant, et ces événements peuvent avoir des causes minimes : une trop longue hésitation à un rond-point, un calage, des usagers impatients… Un rien peut donner l’illusion de perdre le contrôle.
Comment en guérir ?
Comme toute peur, il est possible de « guérir » de l’amaxophobie. Tout le monde n’en a pas besoin : on peut en effet très bien vivre sans voiture. Mais, si cette peur cache en réalité une angoisse plus profonde, il peut être nécessaire de suivre une thérapie. De même, comme l’explique Sud Ouest, si on souffre de ce type de phobie, il est nécessaire d’apprendre d’abord à calmer ses angoisses avant d’éventuellement reprendre des cours de conduite. Le psychanalyste et comportementaliste Rodolphe Oppenheimer explique qu’il existe des thérapies par réalité virtuelle : « Voici en quoi consiste une séance de thérapie par réalité visuelle, explique-t-il. La personne met un casque et se retrouve mise en situation virtuelle de conduire, un peu comme avec un simulateur de vol. L’idée est – comme pour l’allergie – de désensibiliser par des séances de conduite virtuelle. Cette mise en situation fait que, tout doucement, le cerveau d’adapte. »
Ensuite, pour passer du virtuel au réel, le psychanalyste poursuit : « Je prends souvent l’exemple d’un pilote de ligne. Ce pilote doit, plusieurs fois par semaine, passer dans un simulateur de vol. Pour un pilote de chasse, la séance de simulateur est quotidienne. Pour ces personnes expérimentées, on pourrait penser que cela est superflu ? Eh bien non, le simulateur permet au cerveau d’imprimer de nombreuses situations, qui deviennent ainsi familières. Dans le cadre du traitement d’une phobie, c’est un peu la même chose : l’objet de la phobie devient un objet du quotidien. » Si vous n’arrivez pas à conduire et que vous en ressentez le besoin, vous pouvez désormais mettre un nom sur votre mal, et cesser de culpabiliser. Ensuite, si vous en ressentez le besoin, vous avez désormais les clés pour y mettre un terme.