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Les jeunes alligators peuvent faire repousser leur queue

S’inspirer du mécanisme impliqué pourrait nous aider à mieux soigner nos propres blessures

— Dennis W Donohue / Shutterstock.com

Des chercheurs ont constaté que les alligators juvéniles pouvaient, dans une certaine mesure, faire repousser leur appendice caudal. Selon leurs analyses, les parties régénérées pourraient atteindre un cinquième de la longueur totale de leur corps.

« Le spectre de la capacité de régénération des espèces est fascinant »

Pour cette étude publiée dans la revue Scientific Reports, une équipe de l’université d’État de l’Arizona s’est appuyée sur des techniques d’imagerie avancées afin de déterminer si les alligators disposaient de tissus régénérateurs semblables à ceux observés chez les espèces de reptiles de taille plus réduite. Si les lézards disposent de queues détachables (un stratagème utilisé pour échapper aux prédateurs) qu’ils peuvent ensuite faire repousser, les alligators sont des animaux massifs, pouvant mesurer plus de 4 mètres de long. Les chercheurs ont donc cherché à savoir si cette différence de taille se répercutait sur leurs capacités de régénération.

« Le spectre de la capacité de régénération des espèces est fascinant, il est clair que la production de nouveaux muscles a un coût élevé », déclare Jeanne Wilson-Rawls, co-auteure de l’étude.

« Ce qui rend l’alligator intéressant, outre sa taille, c’est que la partie de la queue qui repousse présente des signes de régénération et de cicatrisation au sein de la même structure », souligne Cindy Xu, auteure principale de l’étude. « La repousse du cartilage, des vaisseaux sanguins, des nerfs et des écailles correspond aux études précédentes sur la régénération de la queue de lézard réalisées en laboratoire. Cependant, nous avons été surpris de découvrir du tissu conjonctif cicatriciel à la place des muscles squelettiques dans les queues d’alligator régénérées. »

Alligator américain (Alligator mississippiensis) — © Ruth Elsey / Louisiana Department of Wildlife and Fisheries

Un squelette central de cartilage entouré de tissu conjonctif

Les alligators et les humains appartiennent tous deux au groupe des amniotes, des espèces apparentées qui disposent d’une colonne vertébrale ou d’une structure osseuse dorsale équivalente. Par conséquent, une meilleure compréhension des processus naturels de régénération de ces espèces pourrait nous permettre de mieux soigner et réparer notre propre corps après une blessure.

En étudiant l’anatomie et l’organisation tissulaire des queues d’alligator ayant repoussé, l’équipe a découvert qu’elles étaient constituées d’un squelette central de cartilage entouré de tissu conjonctif. Les appendices caudaux étaient entièrement irrigués par des vaisseaux sanguins et possédaient des faisceaux nerveux, ce qui signifie qu’ils étaient pleinement fonctionnels. Selon l’équipe, l’ampleur et la complexité de ces parties régénérées aident non seulement à mieux comprendre les processus de régénération des amniotes de grande taille, mais nous éclairent également sur leur histoire.

Schéma illustrant la différence anatomique entre la queue originale et la queue régénérée chez l’alligator — © Arizona State University

D’importantes implications

L’équipe note que les alligators et les oiseaux se sont séparés des dinosaures il y a environ 250 millions d’années, mais que seuls ces derniers ont perdu cette capacité de régénération. Reste désormais à définir précisément quand ce changement est intervenu et sa raison, sachant qu’il n’existe actuellement aucun exemple de dinosaure à queue régénérée dans les archives fossiles.

Bien évidemment, la préoccupation la plus immédiate concerne la possible utilité pratique de ces découvertes. Selon l’équipe, celles-ci posent les bases de nouvelles thérapies destinées à soigner les blessures ou à traiter des maladies comme l’arthrite. « Si nous comprenons comment différents animaux sont capables de réparer et de régénérer leurs tissus, ces connaissances peuvent ensuite être mises à profit pour développer de nouvelles thérapies médicales », conclut Rebecca Fisher, co-auteure de l’étude.

Par Yann Contegat, le

Source: ZME Science

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