
Deux loups, deux mondes. L’une, 907F, s’éteint en cheffe respectée, entourée des siens dans les terres sauvages du Wyoming. Les autres, en Italie, sont décimés par des poisons anonymes. Deux fins opposées pour un même animal, reflet d’un choix de société.
Une matriarche s’éteint dans la dignité, protégée par les grands espaces de Yellowstone
Elle s’appelait 907F, et elle était la matriarche des loups du parc de Yellowstone. Âgée de plus de 11 ans, cette louve grise emblématique s’est éteinte après une attaque de meute, le 22 décembre 2024. Une fin brutale, mais naturelle, dans un environnement protégé où les animaux vivent selon les règles de la nature. Pour les biologistes, voir un loup mourir sans intervention humaine représente presque une victoire silencieuse.
Sa longévité exceptionnelle en a fait une légende vivante. Née en 2013, 907F a connu la gale, perdu un œil, et fini par boiter. Pourtant, elle a surmonté toutes ces épreuves, dirigé sa meute et donné naissance à dix portées de louveteaux. Sa dernière, née en mai 2024, constitue un héritage vivant au sein du parc. Peu de loups gris atteignent cet âge : en moyenne, ils vivent à peine 3,5 ans. 907F rejoint ainsi le cercle restreint des doyennes de Yellowstone depuis la réintroduction des loups en 1995.
En Italie, des meutes entières décimées par l’ombre toxique des empoisonnements
À des milliers de kilomètres de là, une tout autre histoire s’écrit. En Italie, les loups ne meurent pas de vieillesse, ni de conflits territoriaux. Des humains les empoisonnent. En mai 2023, dans les Abruzzes, neuf loups ont été retrouvés morts, leur chair truffée de substances toxiques. Une femelle gestante, sept jeunes, et même des vautours fauves et corbeaux ont succombé. L’arme du crime ? De la viande piégée, disséminée dans les bois par des mains invisibles.
Cette méthode illégale reste rarement sanctionnée. Elle inquiète d’autant plus que l’Union européenne envisage un assouplissement des protections pour certaines espèces, dont les loups. Par conséquent, pour les défenseurs de la faune, cela représente un retour en arrière dangereux, susceptible d’encourager les comportements destructeurs. En effet, les sacs noirs abandonnés au bord des routes italiennes deviennent de véritables cimetières improvisés pour les meutes entières.
Deux destins de loups, deux visions du monde face à la nature sauvage
D’un côté, Yellowstone incarne un modèle de protection, un territoire de 9 000 km² où les loups peuvent encore vivre, vieillir, transmettre. De l’autre, l’Italie, où les loups, pourtant autrefois sauvés de l’extinction, tombent aujourd’hui dans une guerre discrète contre l’Homme.
907F meurt de causes naturelles, au terme d’une existence marquée par la résilience et l’instinct de survie. Les loups italiens, eux, subissent un abattage silencieux, victimes d’un rejet croissant et d’une tolérance déclinante. Ainsi, ces deux destins opposés rappellent une chose essentielle : protéger les espaces sauvages, c’est bien plus qu’un enjeu écologique. C’est une décision politique et une volonté collective.
Car si les loups disparaissent dans nos forêts, que dira-t-on dans vingt ans ? Que les derniers auront été empoisonnés, loin des regards ? Ou qu’ils ont vécu libres, comme 907F, jusqu’au dernier souffle ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Actualités, Animaux & Végétaux
Que dire de l’ infernale mauvaise foi des éleveurs qui tuent cette espèce. Et qui mentent en plus. Car de tous temps et j’ai pu le constater professionnellement, il y a eu une forte mortalité chez les ovins notamment durant les périodes de plein air, de l’ ordre de 5% par exemple en Haute Vienne, gros département ovin avec encore presque 350 000 brebis-mères. Mais crier au loup ça rapporte tellement plus en indemnités, alors que les cours des bêtes sont au plus bas…
L’ élevage va mal, voir côté importations mais le loup a bon dos !