Et si le futur de la robotique ne ressemblait pas à ce que la science-fiction nous avait promis ? Oubliez les robots rutilants aux gestes mécaniques. Voici Clone Robotics, une start-up polonaise qui bouscule tous les codes avec un humanoïde cadavérique, musclé non pas par des moteurs, mais par des faisceaux synthétiques et un cœur hydraulique. Frissons garantis.

Ce robot humanoïde utilise des muscles fluidiques au lieu de moteurs électriques classiques
Il y a des robots qu’on aimerait inviter à dîner. Le Protoclone, lui, donne plutôt envie de changer de trottoir. Suspendu par des câbles, à moitié dénudé, il évoque davantage un patient de laboratoire qu’un majordome de science-fiction.
Et pourtant, derrière cette allure déroutante se cache une innovation radicale : au lieu des moteurs électriques classiques, ce robot est propulsé par des muscles fluidiques, conçus pour imiter fidèlement les contractions humaines.
Ainsi, Clone Robotics, fondée en 2021 par le jeune ingénieur Dhanush Radhakrishnan, ne cherche pas à rendre ses robots mignons. Bien au contraire, elle veut qu’ils soient efficaces, agiles et réalistes. Et pour ça, elle repart de la biologie. En commençant par l’un des organes les plus complexes : la main.
Son cœur hydraulique et ses capteurs offrent des gestes bluffants de réalisme
Pendant 18 mois, l’équipe de Clone Robotics a planché sur un bras robotique doté de ligaments artificiels et de Myofiber, des unités innovantes qui combinent muscles et tendons.
Chaque mouvement est contrôlé par un cœur hydraulique, une sorte de petite pompe qui envoie un fluide dans les tubes musculaires. Par conséquent, les gestes obtenus sont plus souples, plus naturels, plus humains.
De plus, à l’intérieur, des capteurs de position, de force et de tension musculaire travaillent en temps réel. Et pour piloter le tout ? Des puces Nvidia Jetson, les mêmes qu’on retrouve dans certaines voitures autonomes. Le tout forme donc un système intelligent et réactif, capable de reproduire la finesse d’un geste humain — ou presque.
En copiant l’anatomie humaine, la robotique gagne en efficacité et en finesse
La grande idée derrière tout ça, c’est le biomimétisme. En effet, pourquoi inventer une mécanique nouvelle quand la nature a déjà optimisé le corps humain pendant des millions d’années ?
En imitant l’anatomie, on simplifie la conception, on gagne en efficacité énergétique et on améliore la précision des mouvements.
Ce pari n’est pas seulement esthétique ou philosophique. Il est aussi pratique : dans certains contextes, comme l’aide à la personne, la chirurgie ou la manipulation de matériaux fragiles, un robot capable de s’adapter finement à son environnement a un avantage décisif.
Et si cette technologie vous paraît encore lointaine, sachez que le prochain modèle, baptisé Neoclone, est déjà en préparation. Avec au programme : peau tactile et encore plus d’autonomie.
Un robot dérangeant qui interroge notre rapport à l’humain et à la machine
Il faut le voir pour le croire. Le Protoclone, dans ses vidéos de démonstration, oscille entre le spectacle d’anatomie et la performance artistique.
Ses gestes, parfois maladroits, provoquent autant d’admirations techniques que de réactions viscérales. C’est que ce robot joue avec nos repères. Il est trop humain pour être une machine, mais pas assez pour être rassurant.
Et c’est peut-être là tout son intérêt. En sortant des sentiers battus, Clone Robotics pose une vraie question : que voulons-nous vraiment des humanoïdes ? Une aide pratique ? Un compagnon ? Un double ?
En attendant, le projet fait parler. Et même s’il dérange, il ouvre une voie inédite dans l’histoire de la robotique.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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