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Baïkonour paralysé, Roscosmos réduit au silence : la Russie perd son seul accès à l’espace pour l’ISS cet hiver

Depuis fin novembre, un silence inhabituel entoure le cosmodrome de Baïkonour. D’ordinaire très communicante, l’agence spatiale russe Roscosmos a cessé toute référence à ses missions de ravitaillement vers l’ISS. Une mission clé devait pourtant décoller en décembre, soulevant une question centrale : que s’est-il réellement passé ?

Fusée dressée sur un pas de tir à Baïkonour, entourée de structures métalliques et grues, dans un paysage enneigé sous un ciel clair.
Une fusée prête au lancement sur le cosmodrome de Baïkonour : un site stratégique pour l’accès à l’espace. – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Le décollage de Soyouz MS-28 a provoqué des dégâts critiques sur le site 31, paralysant le seul pas de tir russe capable de rejoindre l’ISS

L’élément déclencheur remonte à la fin novembre, lors du décollage de la mission habitée Soyouz MS-28. Si l’équipage a rejoint l’ISS sans incident, le tir a causé des dégâts majeurs au sol, touchant directement le site 31 du cosmodrome de Baïkonour.

Ce site 31 n’est pas un pas de tir parmi d’autres : il s’agit du seul encore capable d’envoyer des Soyouz vers l’ISS. Son indisponibilité entraîne donc un arrêt immédiat des cargos Progress et des vols habités russes, créant une rupture brutale dans la continuité des opérations spatiales.

Roscosmos n’a jamais reconnu officiellement l’ampleur des dommages, mais ses messages récents trahissent la gravité de la situation. L’acheminement d’un kit de remplacement complet, via 18 camions, confirme que la cabine de service est hors d’usage, avec une reprise désormais envisagée fin février 2026.

La disparition de Progress MS-33 du calendrier officiel révèle une stratégie de communication verrouillée et un report devenu inévitable

Initialement programmée pour le 21 décembre 2025, la mission de ravitaillement Progress MS-33 s’est progressivement évaporée du calendrier. Depuis le 29 novembre, toute mention du cargo a disparu des canaux officiels de Roscosmos, rompant avec une tradition de suivi public très détaillé.

Ce silence est d’autant plus frappant que les précédentes missions Progress faisaient l’objet de mises à jour quasi quotidiennes. Ici, rien. Pas d’annonce de report, pas d’explication technique. Une stratégie de communication verrouillée qui suggère que le report n’est plus une option, mais une certitude.

Pourquoi cette omerta ? Sans doute pour éviter l’alarme diplomatique et préserver une marge de manœuvre interne. Mais concrètement, aucun autre cosmodrome russe — ni Plesetsk, ni Vostochny — ne peut assurer un départ vers l’ISS, rendant ce report inévitable à court terme.

Privée de Baïkonour, la Russie se retrouve contrainte de dépendre de SpaceX et des États-Unis pour maintenir sa présence sur l’ISS

Ce coup d’arrêt rappelle une réalité géopolitique crue : sans Baïkonour, la Russie dépend de SpaceX pour accéder à l’espace. Pendant plusieurs années, après l’arrêt de la navette spatiale américaine, les États-Unis s’étaient appuyés sur les Soyouz russes. Aujourd’hui, la situation s’est inversée.

Roscosmos tente de rassurer en affirmant que « le programme habité continue ». Mais dans les faits, aucun lancement ne peut avoir lieu avant plusieurs semaines, voire mois. La Russie devra donc collaborer avec la NASA et ses partenaires pour maintenir son rôle à bord de l’ISS. Une position délicate, à l’heure où la coopération spatiale est minée par les tensions internationales.

Roscosmos lance une course contre-la-montre industrielle et humaine pour réparer Baïkonour et éviter une perte durable de crédibilité spatiale

Officiellement, Roscosmos veut relancer les tirs dès fin février. Pour y parvenir, l’agence déploie un effort logistique colossal : 130 techniciens mobilisés, deux équipes travaillant en relais de 8 h à minuit, un hangar de 13 000 m² dédié aux pièces de rechange. Une course contre-la-montre est engagée.

Mais d’autres estimations, plus prudentes, évoquent une reprise des tirs seulement au printemps 2026. En clair, rien n’est encore joué. L’image de la conquête spatiale russe, autrefois flamboyante, en prend un coup. Et malgré une communication verrouillée, difficile de masquer l’évidence : la Russie a perdu, pour un temps, son autonomie spatiale.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: numerama.com

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