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Les ondes gravitationnelles fêtent leurs 10 ans : une décennie qui a renversé tout ce qu’on croyait comprendre du cosmos

Dix ans après leur première détection, les ondes gravitationnelles continuent de transformer notre manière d’explorer le cosmos. Elles ont ouvert une nouvelle fenêtre sur l’invisible, confirmé des théories centenaires et révélé des secrets enfouis au cœur de l’espace-temps. Retour sur une révolution silencieuse mais cosmique.

Illustration de deux trous noirs en fusion entourés d’un disque lumineux d’accrétion dans l’espace.
Deux trous noirs en train de fusionner, générant d’intenses déformations de l’espace-temps à l’origine des ondes gravitationnelles – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Quand une fusion de trous noirs valide enfin une prédiction vieille d’un siècle

Le 14 septembre 2015 restera dans l’histoire de la science. Ce jour-là, l’observatoire Ligo capta un signal venu du fond des âges : un infime tressaillement de l’espace-temps provoqué par la fusion de deux trous noirs massifs. Ce phénomène confirmait enfin la prédiction d’Albert Einstein formulée un siècle plus tôt.

Il aura fallu cent ans pour obtenir cette preuve. Des détecteurs longs de plusieurs kilomètres et une précision plus fine qu’un milliardième de milliardième de mètre ont été nécessaires. Une performance technologique remarquable, rendue possible grâce à une collaboration scientifique internationale et à des décennies de recherche acharnée.

Ce que les ondes gravitationnelles nous permettent de voir que la lumière ne peut pas montrer

Les ondes gravitationnelles constituent un langage secret du cosmos. Elles sont porteuses d’informations inaccessibles aux télescopes optiques. Contrairement à la lumière, elles ne sont ni absorbées ni déviées par la matière. Ainsi, elles permettent d’accéder à des événements extrêmement lointains ou violents, comme la fusion d’étoiles à neutrons ou l’effondrement de trous noirs.

Grâce à elles, une perspective entièrement nouvelle s’ouvre sur l’Univers. En 2017, leur détection conjointe avec un flash lumineux a permis d’identifier l’origine de certains éléments lourds comme l’or. Une révélation étonnante : ces métaux précieux seraient nés au cœur de collisions stellaires d’une violence extrême.

Des instruments d’une précision extrême pour capter l’écho des cataclysmes cosmiques

La sensibilité des instruments conçus pour détecter ces ondes défie l’imagination. Ligo, Virgo et bientôt Lisa dans l’espace, mesurent des variations de distance minuscules. Ces écarts peuvent atteindre un millième du diamètre d’un proton entre des miroirs espacés de plusieurs kilomètres. C’est une prouesse technique sans précédent.

Pour y parvenir, les équipes scientifiques ont dû isoler ces instruments du bruit sismique, thermique et acoustique ambiant. En parallèle, des projets ambitieux comme l’Einstein Telescope ou Cosmic Explorer se préparent. Ils promettent d’atteindre une sensibilité encore plus fine. Ainsi, l’accès à des fréquences jusqu’ici inexplorées devient envisageable.

En dix ans, une avalanche de découvertes… et des mystères encore plus profonds

Dix ans, près de 200 détections, des trous noirs plus lourds que jamais observés, des étoiles à neutrons fusionnant sous les yeux des détecteurs : la science a bondi. Les ondes gravitationnelles ont confirmé la relativité générale dans des régimes extrêmes. Elles ont aussi ouvert une nouvelle méthode pour mesurer l’expansion cosmique.

Cependant, cette avancée soulève autant de questions qu’elle n’en résout. D’où vient l’énergie noire ? Qu’est-ce que la matière noire ? En analysant ces ondes, les scientifiques espèrent découvrir des objets encore inconnus. Ils visent également à comprendre les instants les plus précoces du Big Bang. Chaque détection devient une piste de recherche.

Matteo Barsuglia, chercheur au CNRS et figure centrale du projet Virgo, le rappelle : le potentiel de cette nouvelle astronomie est immense. La prochaine décennie pourrait bien être marquée par une autre « découverte du siècle ». Le récit de l’Univers ne fait que commencer.

Par Gabrielle Andriamanjatoson, le

Source: Futura

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