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Fusion nucléaire : ce projet fou pourrait transformer chaque centrale en fabrique à lingots d’or

Explosion de lumière au centre d’un réacteur de fusion nucléaire futuriste.
Illustration de l’énergie intense émise lors d’une réaction de fusion nucléaire captée dans un réacteur expérimental – DailyGeekShow.com

Imaginez un jour produire de l’or à chaque fois qu’on fait de l’électricité propre. C’est l’idée intrigante derrière un projet de fusion nucléaire capable de transformer du mercure en or via des neutrons ultra-énergétiques. Un rêve qui rappelle les alchimistes, mais soutenu aujourd’hui par des calculs scientifiques sérieux.

Alors que le programme ITER vise à maîtriser la fusion comme source d’énergie décarbonée, des chercheurs explorent déjà des scénarios où ce même processus produirait des éléments précieux. Ce lien entre science futuriste et mythes anciens réveille les légendes des cités d’or, mais aussi des débats concrets sur ce que l’humanité pourrait réellement contrôler dans le futur.

Comment des neutrons puissants pourraient créer de l’or à partir du mercure

Tout commence avec la réaction de fusion thermonucléaire dans un tokamak comme celui d’ITER. Elle génère des neutrons à 14 MeV. Ces neutrons sont suffisants pour transformer l’isotope stable mercure-198 en mercure-197, qui se désintègre ensuite en or-197, l’isotope stable de l’or. Ainsi, l’équipe de Marathon Fusion imagine intégrer du mercure dans la couverture tritigène du réacteur.

Ce procédé repose sur une idée simple : utiliser les neutrons que le réacteur produit de toute façon pour générer de l’or en plus de produire de l’énergie. Ce type de nucléosynthèse contrôlée renvoie à l’alchimie moderne, mais fondée sur la physique des particules.

Une production en tonnes… ou juste un rêve inatteignable ?

Selon les modélisations présentées sur arXiv, une centrale à fusion pourrait produire plusieurs tonnes d’or par gigawatt thermique par an. Cette estimation repose sur une irradiation continue de mercure-198 avec des neutrons énergétiques. Toutefois, plusieurs bémols persistent.

Premièrement, l’or issu de cette réaction serait initialement radioactif. Il ne serait donc pas utilisable immédiatement. Deuxièmement, ITER n’est pas une centrale commercialisable. Ce serait DEMO, le projet industriel futur, qui pourrait vraiment mettre en œuvre cette production. Enfin, ce projet reste très hypothétique à cause du coût et des défis techniques de la fusion maîtrisée.

Une légende moderne à double tranchant : potentiel d’innovation ou mirage dangereux ?

Tout en développant des énergies propres, cette perspective réveille des fantasmes. D’un côté, la fusion promet une source énergétique infinie et propre. De l’autre, la possibilité de fabriquer des ressources précieuses comme l’or impose de penser à la régulation, à la sécurité et à l’éthique.

Ce projet soulève aussi des questions sur la durabilité des matériaux, la gestion des résidus radioactifs et l’impact potentiel sur le marché des métaux précieux. Il invite à réfléchir aux motivations de la recherche scientifique : vise-t-elle l’énergie, l’innovation ou le gain matériel ?

En fin de compte, ce projet de fusion-or ne se résume pas à une curiosité scientifique. C’est une expérimentation de nos capacités à dominer la matière. Il pose un choix crucial : voulons-nous produire de l’énergie ou aussi des lingots d’or ? Le mythe des cités d’or renaît sous les néons des tokamaks et plaide pour une réflexion profonde sur le futur que nous voulons bâtir.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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