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Des lésions cardiaques sur les malades du coronavirus inquiètent les spécialistes

Jusqu'à un malade sur cinq présente des signes de lésions cardiaques, et seulement 49 % d'entre eux ont survécu...

Les médecins parlent beaucoup des problèmes respiratoires, des lésions aux poumons et du manque de respirateurs, mais les patients atteints du virus présentent souvent des problèmes au cœur et meurent d’un arrêt cardiaque. En effet, jusqu’à un patient hospitalisé sur cinq présente des signes de lésions cardiaques. Les cardiologues tentent de savoir si le virus attaque l’organe et comment le contrer.

Une question essentielle à résoudre

Avec l’arrivée de nouvelles données, de plus en plus d’experts cardiaques se demandent si le virus n’infecterait pas le muscle cardiaque. En effet, comme le rapporte Scientific American, une étude initiale a révélé des dommages cardiaques chez 1 patient sur 5, qui entraînent par la suite une insuffisance cardiaque puis la mort, et ce, même chez ceux qui ne présentent aucun signe de détresse respiratoire.

Les chercheurs et médecins s’interrogent. “Il est extrêmement important de répondre à la question : leur cœur est-il affecté par le virus et pouvons-nous faire quelque chose ?« , questionne le Dr Ulrich Jorde, responsable de l’insuffisance cardiaque, de la transplantation cardiaque et de l’assistance circulatoire mécanique pour le système de santé Montefiore à New York. « Cela pourrait finalement sauver de nombreuses vies. » En effet, résoudre cette question pourrait permettre aux médecins de mettre au point un nouveau plan de bataille contre la pandémie de Covid-19, avec de nouvelles précautions chez les personnes ayant des problèmes cardiaques préexistants, de nouvelles demandes d’équipement et de nouveaux plans de traitement pour les cœurs endommagés parmi ceux qui survivent.

La question est donc de savoir si les problèmes cardiaques sont causés par le virus lui-même ou sont un sous-produit de la réaction du corps à celui-ci. Cela est difficile à déterminer car une maladie grave peut à elle seule influencer la santé cardiaque. « Quelqu’un qui meurt d’une mauvaise pneumonie mourra finalement parce que le cœur s’arrête« , explique le Dr Robert Bonow, professeur de cardiologie à la Northwestern University Feinberg School of Medicine et rédacteur en chef de la revue médicale JAMA Cardiology.

— MDGRPHCS / Shutterstock.com

Personne n’est à l’abri de complications cardiaques

Le docteur Bonow et de nombreux autres spécialistes en cardiologie suspectent qu’une infection au Covid-19 pourrait endommager le cœur de quatre ou cinq façons. Certains patients pourraient être affectés par plusieurs de ces voies à la fois. Le stress dû à un évènement médical peut endommager le cœur, de même que des problèmes respiratoires peuvent provoquer une inflammation généralisée dans le corps. Cela, à son tour, peut entraîner l’instabilité de la plaque dans les artères, provoquant des crises cardiaques. L’inflammation peut également provoquer une affection connue sous le nom de myocardite, qui peut entraîner un affaiblissement du muscle cardiaque et, finalement, une insuffisance cardiaque.

Mais le docteur Bonow pense surtout que les dommages observés chez les patients atteints de Covid-19 pourraient provenir du virus, qui infecterait directement le muscle cardiaque. En effet, les premières recherches suggèrent que le coronavirus s’attache à certains récepteurs dans les poumons, et ces mêmes récepteurs se trouvent également dans le muscle cardiaque.

En mars, des médecins chinois ont publié deux études qui ont donné un premier aperçu de la prévalence des problèmes cardiaques chez les patients atteints du coronavirus. La plus grande des deux études portait sur 416 patients hospitalisés. Les chercheurs ont découvert que 19 % d’entre eux présentaient des signes de lésions cardiaques, ce qui augmentait fortement leur risque de décès. 51 % des personnes souffrant de lésions cardiaques sont décédées contre 4,5 % pour celles qui n’en avaient pas. En revanche, ces lésions touchent les personnes qui n’ont aucun problème cardiaque de base.

Les spécialistes ne savent pas pourquoi certains patients souffrent plus de complications cardiaques que d’autres. Le docteur Bonow a émis l’hypothèse que cela pourrait être dû à une prédisposition génétique ou à une exposition à des charges virales plus élevées.

Des efforts concertés pour adapter les protocoles de soins

L’éclaircissement de ce mystère est primordial afin d’aider au mieux les cliniciens dans leur mission. Néanmoins, il est difficile pour les médecins d’enquêter là-dessus car il faudrait faire des biopsies et d’autres examens, mais il est compliqué de faire subir des tests invasifs à des personnes aussi malades, d’autant plus que cela expose davantage les agents de santé.

Le Dr Sahil Parikh, cardiologue interventionnel au Columbia University Irving Medical Center à New York, a cependant déclaré au Scientific American que les hôpitaux faisaient un effort concerté pour ordonner les tests nécessaires et pour enregistrer les résultats dans les dossiers médicaux afin qu’ils puissent trier ce qui se passe avec le cœur. « Nous reconnaissons tous que[…] nous devons essayer de compiler des informations et de les utiliser pour faire avancer le domaine », a-t-il déclaré.

La compilation et le partage des informations en temps réel ont déjà entraîné des changements dans la façon dont les hôpitaux gèrent les implications cardiaques du coronavirus. Les médecins ont par exemple découvert que l’infection peut imiter une crise cardiaque et ont adapté leur protocole en conséquence. « Nous prenons un peu de recul par rapport à cela maintenant et pensons à faire venir les patients aux urgences pour qu’ils puissent être évalués brièvement, afin que nous puissions déterminer : est-ce quelqu’un qui est vraiment à haut risque de Covid-19 ?« , explique Parikh. « Et cette manifestation que nous appelons une crise cardiaque est-elle vraiment une crise cardiaque ?« 

Déterminer comment le virus affecte le cœur devrait aider les médecins à déterminer les thérapies à suivre pour maintenir les patients en vie.

Par Maurine Briantais, le

Source: Scientific American

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