1831, en Virginie, Nat Turner, esclave respecté et prêcheur très écouté, vit avec ses proches et son épouse sous la tutelle de leur propriétaire, Samuel Turner. Enclin à des problèmes financiers et soucieux de l’indiscipline de ses esclaves, Sam Turner veut utiliser la renommée de Nat et ses talents d’orateur pour exonérer les esclaves de tout sentiment de violence et de révolte. Affligé par les horreurs qu’il rencontre durant ses voyages, Nat est bien décidé à concevoir un plan pour libérer son peuple opprimé et lutter contre la sauvagerie de l’esclavage.
UNE HISTOIRE VRAIE POUR UN FILM RÉCOMPENSÉ
Quatre. C’est le nombre de casquettes endossées par le producteur, scénariste, réalisateur et acteur principal, Nate Parker. Même si l’on pourrait entendre une certaine assonance entre le nom du protagoniste et celui du réalisateur, ce personnage historique a réellement existé. The Birth Of A Nation est un film sur la frustration et l’humiliation à l’origine de la colère grandissante de Nat Turner, prêcheur évangélique, qui finira en 1831, par organiser l’un des plus grands soulèvements d’esclaves de l’histoire, tuant plus de 60 propriétaires terriens. Présenté comme un enfant de dieu, il incarne à merveille l’influence qu’avait la religion sur tous les actes de la vie des colons et des esclaves, malgré les violences barbares dont les hommes sont capables. Le double lauréat du Grand Prix du Jury et du Grand prix du Public du Festival de Sundance qui lui ont été attribués sont amplement mérités.
UNE APPROCHE DIFFÉRENTE DE L’ESCLAVAGE
S’il y a bien un mérite que l’on pourrait attribuer à ce film, c’est son impartialité. Car même si tout homme se rangerait du côté du protagoniste, en luttant évidemment contre les maux de l’esclavage, The Birth Of A Nation dénonce tout simplement les horreurs qui ont animé cette sombre période de l’histoire. En effet, la violence dont font preuve Nat Turner et ses camarades sont tout aussi accablantes que celle dont sont capables les colons, dont les films traitant de l’esclavagisme présentent généralement les maîtres planteurs de coton blancs comme racistes et sans humanité. A travers le personnage de Sam Turner, jeune esclavagiste élevé avec Nat, le réalisateur dépeint le portrait d’un homme brisé par la honte et empli d’empathie.
VERS UN EFFET « BOULET DE CANON » ?
Si le titre The Birth of a Nation vous dit quelque chose, c’est bien qu’il a été audacieusement emprunté au film du même titre de D.W. Griffith, réalisé en 1915. Seule différence, ce film qui était l’un des premiers blockbusters hollywoodiens faisait outrageusement l’apologie du racisme et du Ku Klux Klan. Si le réalisateur a cherché à nous délivrer un point de vue différent de cette période de l’histoire en prenant parti (tout de même) du côté des esclaves, qui sont le reflet des violences qu’ils endurent, la symbolique portée par ce film et son titre sont particulièrement significatives dans le contexte actuel. A quelques jours de la passation de pouvoirs entre Barack Obama et Donald Trump, The Birth Of A Nation devrait alimenter des débats importants, au croisement de la Trumpmania et du mouvement Black Lives Matter, et répondre avec la manière à la prochaine cérémonie des Oscars, dont le manque de diversité créé toujours des polémiques.
Par Tom Savigny, le
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