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12 secondes de vol, un crash… et la preuve que l’Australie manque d’une ambition spatiale solide

Fusée en cours de décollage avec nuage de fumée et flammes visibles

L’Australie attendait ce moment depuis plus de 50 ans : voir une fusée développée sur son sol prendre son envol. Mais le 29 juillet, la fusée Eris, conçue par la société Gilmour Space, n’a volé que 12 secondes avant de s’écraser près de son pas de tir. Derrière l’échec technique, c’est tout l’état de santé du spatial australien qui se retrouve en question.

Une fusée hybride innovante mais victime de multiples contretemps techniques

Eris mesure 25 mètres et possède trois étages : deux à propulsion hybride (mélange de carburants liquides et solides) et un dernier à ergols liquides, pour plus de précision en orbite. Elle peut placer 300 kg en orbite basse et devait symboliser la renaissance du spatial australien.

Le projet, lancé en 2012, a connu un développement long et ponctué de tests sur des fusées-sondes. Mais les reports se sont accumulés : météo défavorable, incidents techniques, et même un bug électrique qui avait éjecté la coiffe avant un tir. Le jour J, deux des quatre moteurs du premier étage ont mal fonctionné. La fusée a ralenti, dévié, puis chuté. Seul point positif : le pas de tir est resté intact.

L’Australie, un territoire idéal pour les lancements… mais qui peine à en profiter

Avec ses vastes zones peu peuplées et la possibilité de viser à la fois l’orbite géostationnaire et l’orbite héliosynchrone, l’Australie dispose d’atouts uniques. Dans les années 1970, elle avait déjà accueilli le lancement du satellite britannique Prospero depuis Woomera. Puis plus rien, jusqu’au boom actuel des projets privés et d’astroports commerciaux.

Plusieurs sociétés étrangères, comme Sirius Space en France, s’y sont intéressées. Cependant, des revirements politiques et des problèmes fonciers ont déjà fait fuir certains acteurs. Même la start-up Sirius Space a renoncé à son pas de tir australien pour se tourner vers l’Europe.

Des ambitions spatiales affaiblies par des choix politiques et un budget réduit

Le gouvernement australien a réduit drastiquement le budget spatial, fragilisant la jeune agence spatiale nationale. Le pays a annulé des projets stratégiques, comme un système de satellites militaires sécurisés. Cette politique, malgré un rapprochement avec les États-Unis, freine l’essor du secteur.

La première astronaute australienne, Katherine Bennell-Pegg, formée aux côtés de la Française Sophie Adenot, attend toujours une mission. Ainsi, le spatial australien avance, mais reste freiné par un manque de vision à long terme.

Un échec technique qui doit servir d’électrochoc pour relancer la conquête spatiale australienne

Eris devait être un symbole. Son échec rappelle plutôt que le pays, malgré son potentiel, n’a pas encore trouvé sa place sur l’échiquier spatial mondial. Pourtant, l’Australie accueillera bientôt le Congrès international d’astronautique, vitrine mondiale idéale pour afficher ses ambitions.

Chez Gilmour Space, l’échec ne semble pas entamer la détermination. Mais pour transformer un tir raté en véritable décollage du secteur, il faudra plus que de la volonté : une stratégie claire, des financements pérennes… et surtout, l’envie réelle de viser l’orbite.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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