Le roman policier le plus célèbre du monde, Dix Petits Nègres de la romancière britannique Agatha Christie, est désormais rebaptisé, en France, Ils étaient dix. Une décision prise par l’arrière-petit-fils de l’autrice, qui estime que le titre actuel peut « blesser ». À l’heure de manifestations contre le racisme qui ont lieu partout dans le monde, où l’on déboulonne des statues, certains appellent à la vigilance, afin de ne pas réécrire et oublier le passé. De son vivant, l’autrice elle-même avait pourtant accepté ce changement de nom.
« Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser »
Le plus célèbre des romans policiers, publié en 1939, va être débaptisé. Dix Petits Nègres va désormais s’appeler Ils étaient dix. Cette volonté vient de l’arrière-petit-fils de l’autrice, James Prichard, son ayant droit. « Quand le livre a été écrit, le langage était différent et on utilisait des mots aujourd’hui oubliés, explique l’arrière-petit-fils d’Agatha Christie. Ce récit est basé sur une comptine populaire qui n’est pas signée Agatha Christie… Je suis quasiment certain que le titre original n’a jamais été utilisé aux États-Unis. Au Royaume-Uni, il a été modifié dans les années 1980 et aujourd’hui nous le changeons partout… Mon avis c’est qu’Agatha Christie était avant tout là pour divertir et elle n’aurait pas aimé l’idée que quelqu’un soit blessé par une de ses tournures de phrases… Aujourd’hui heureusement, nous pouvons y remédier sans le trahir tout en étant acceptable pour chacun… Ça a du sens pour moi : je ne voudrais pas d’un titre qui détourne l’attention de son travail… Si une seule personne ressentait cela, ce serait déjà trop ! Nous ne devons plus utiliser des termes qui risquent de blesser : voilà le comportement à adopter en 2020… »
En français, le titre était une traduction littérale du titre anglais, Ten Little Niggers, écrit en Angleterre en 1938 et publié en 1939. Toutefois, dès sa parution aux États-Unis en 1940, le livre a été dès le début appelé And Then There Were None outre-Atlantique. Fait surprenant, l’autrice elle-même avait approuvé ce changement de nom. Sur Europe 1, l’historien Jean Garrigues l’a rappelé : « Agatha Christie elle-même avait reconnu l’utilité de changer le titre au début des années 1940 aux États-Unis, parce qu’elle sentait le poids négatif que ça pouvait jouer sur des populations. » Alors, le « sacrilège » en est-il vraiment un ?
Attention à ne pas « effacer le passé »
La France faisait partie des derniers pays à continuer d’utiliser le mot « nègre » dans cette oeuvre. En plus des États-Unis qui ont tout de suite publié ce livre sous un autre nom, l’Allemagne dès 1944 s’est débarrassée de ce mot, ou encore l’Italie. Le Royaume-Uni, quant à lui, l’a modifié dans les années 1980, après la mort de l’autrice. Le titre n’est pas le seul à faire l’objet d’un changement, puisque le mot « nègre » a été supprimé de l’ensemble de l’oeuvre. En effet, il apparaissait 74 fois, et a donc été modifié. De plus, « l’île du Nègre », où se déroule l’intrigue, s’appelle désormais « l’île du Soldat ».
À l’heure où les manifestations contre le racisme amènent à des déboulonnages de statues, des changements de nom de rues ou de lycées, et où le film Autant en emporte le vent a été retiré des plateformes puis remis avec une notice explicative, le changement de nom, bien que compréhensible, interroge sur notre rapport au passé. Ainsi, selon Pascal Blanchard, historien, spécialiste de l’histoire de la colonisation, de l’immigration, des discriminations et du racisme, au micro de RTL, « le mot n’est pas neutre ». « Ce mot renvoie à un imaginaire, notamment à un imaginaire d’une Amérique ségrégationniste, comme de l’imaginaire colonial en France. » Selon lui, « si le titre change, il devrait y avoir un sous-titre ou une page de garde pour expliquer ». Les lecteurs doivent « comprendre le contexte de l’époque » et ne pas « effacer le passé ».
Pour le lexicologue Jean Pruvost, pour France Inter : « On pourrait très bien avoir une note pour compléter le titre et le contextualiser. Mieux vaudrait une note explicative ou une note d’usage, pour expliquer l’histoire du mot. Je comprends les deux positions, mais je préfère qu’on ne touche pas aux titres des livres. Et pour nos enfants, qui seront choqués par ce mot, il faut une note explicative. » Car, rappelle-t-il, le livre, aujourd’hui débaptisé, continuera de côtoyer en librairie des oeuvres comme Nègre je suis, nègre je resterai d’Aimé Césaire, ou Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer de Dany Laferrière. Pour le philosophe Raphaël Enthoven, ce changement de nom est « monstrueux » et « misérable », et constitue un « écrasement de l’opinion dissidente ». « Il faut mépriser les gens pour les croire incapables de faire la différence entre le racisme et Agatha Christie », poursuit-il. De leur côté, Les Inrocks précisent que la couverture indique désormais « précédemment publié sous le titre Dix Petits Nègres ». La question de rebaptiser les noms est éminemment compliquée, et ne saurait trouver une seule réponse juste. D’autres affaires similaires vont probablement suivre, avec la même question : comment concilier passé, présent et avenir, en prenant garde, à la fois à ne pas heurter certaines personnes, tout en ne supprimant pas notre histoire ? Affaires à suivre, donc.
Par Marine Guichard, le
Source: RTL
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Catégories: Culture, Actualités
stupide, bonjour le boulot pour retirer le mot « nègre » de toutes les littératures
Completement absurde. Autant retirer tout ce qui concerne ce mot et ses dérivés. Autant nier notre littérature et notre histoire (l’esclavage et autres). N’importe quoi. On tombe sur la tête.
C’est facile de déboulonner des statuts historiques représentants des personnages qui ont, semble-t-il, frustrés ce monde de leurs actions. Comment le titre d’un livre peut-il prêter à confusion? Un roman s’inspire, même s’il raconte le future, de ce contexte. On ne devrai pas le prendre et le jeter à terre par ce que maintenant, telle ou telle expression n’est plus utilisée. Donc on va, pour ne plus frustrer certaines âmes sensibles, à tort, changer toutes les œuvres qui ont le mots nègre; On va déchirer et enlever du dictionnaire le mot nègre. Chez nous en Afrique et au Gabon, nous avons aussi donné des noms aux étranger en fonction du comportement observé chez eux. Aujourd’hui, un homme qui à des manières de femme, qui est paresseux, qui fait croire qu’il est d’une société plus aisé que d’autre est traité de métisse.
Mais s’il faut rester dans le cadre actuelle, les Africains, sont-ils prêts à quitter le christianisme ou l’islam, des religion qui leurs ont été présenté par ces même gens déboulonnés comme étant les seules vraies religions révélés ? Les autres ne comptent pas. Non, pour ça, ils avaient tout à fait raison de marcher sur nos traditions. J’attend de voire comment les églises qui étaient l’une des armes des négriers pour continuer à nous marché dessus serons fermés et déboulonner de leur cœurs.