D’après une étude menée pendant 26 ans par des chercheurs américains sur plus de 100 000 personnes sans antécédent cardiaque, les régimes sans gluten ne seraient pas aussi bons pour la santé qu’on pourrait le croire.

Des risques cardiovasculaires potentiellement plus importants

Les 100 000 personnes ont rempli un formulaire détaillant leurs habitudes alimentaires. A terme, 2 431 femmes et 4 098 hommes ont développé des maladies cardiaques. Si le lien entre alimentation sans gluten et risque cardio-vasculaire ne semble pas direct, les chercheurs soulignent que consommer moins ou pas de gluten induit souvent une diminution de la consommation de céréales complètes, qui jouent un rôle important dans la protection du système cardiovasculaire.

Il en va de même pour les fibres. Pour palier cette déficience, le professeur Christophe Cellier, chef de service Endoscopie digestive à l’Hôpital George-Pompidou, explique qu’il faudrait manger davantage de riz complet, de légumes et de fruits. Or, tout le monde n’y fait pas attention…

Le régime sans gluten, une question de mode ?

Être intolérant au gluten (ou souffrir de la maladie coeliaque), c’est souffrir d’anémie et d’atrophie de l’intestin lorsqu’on consomme du gluten, même de manière exceptionnelle, et cela concerne 1 % des Français. Il s’agit alors d’un véritable handicap, car le gluten recouvre de nombreux produits : seigle, orge, produits transformés qui en découlent, 80% des protéines du blé…

Cependant, cela ne signifie pas que le gluten est mauvais en soi : il est seulement mal supporté par certains individus. Cette étude américaine, publiée dans le British Medical Journal, souligne que la nocivité du gluten pour l’organisme en général est une rumeur qui s’est répandue ces dernières années.

Êtes-vous vraiment intolérant, ou seulement sensible ?

Beaucoup de personnes sont dites intolérantes (maladie coeliaque) au gluten, mais on peut aussi simplement y être sensible ou allergique. La distinction est très délicate d’un point de vue clinique. Des tests sérologiques et histologiques sont nécessaires, et une étude menée par les chercheurs de l’Université italienne degli Studi souligne leur complexité.

La sensibilité au gluten est la plus difficile à dépister. Dans tous les cas, mieux vaut ne pas se lancer dans un régime sans gluten sans un diagnostic du médecin. Si l’augmentation du risque d’infarctus n’est pas une conséquence directe du manque de gluten, il est en revanche avéré que les produits sans gluten font grimper le risque de développer un diabète de type 2.

Le professeur Cellier reste prudent sur les conclusions de l’étude : « Elle est déclarative et nécessiterait confirmation. En effet, d’autres pistes sont possibles pour expliquer les résultats. Il se pourrait, par exemple, que les aliments sans gluten soient plus riches en graisses ». Pas sûr que ce soit plus rassurant.

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