© ESA/NASA Earth Observatory

Des images satellite ont révélé l’existence de nappes étranges dans la mer Baltique, qui ressemblaient à de la morve de mer ou à des déchets marins. Mais une étude récente a montré qu’il s’agissait en fait de pollen de pin, transporté par le vent et accumulé à la surface de l’eau.

Un phénomène intrigant observé par satellite

Ces nappes ont été observées à plusieurs reprises ces dernières années, notamment le 16 mai 2018 au large des côtes de Gdansk, en Pologne. Les chercheurs ont pu identifier avec précision la matière contenue dans les tourbillons comme étant du pollen de pin (Pinus sylvestris) en fusionnant les résultats obtenus en laboratoire, les observations au sol et le traitement des images satellite.

Chuanmin Hu, spécialiste de l’optique océanique à l’université de Floride du Sud, qui a supervisé la recherche, a déclaré que l’inspiration pour étudier ce phénomène provenait d’un autre événement marin : la morve de mer qui a envahi la mer de Marmara en Turquie en mai 2021. Il s’agit d’une substance collante produite par le phytoplancton qui recouvre des zones importantes de l’océan.

Une signature spectrale distinctive

Pour distinguer le pollen des autres types de débris flottants, les chercheurs ont utilisé des données satellitaires à moyenne résolution prises par des capteurs tels que le spectroradiomètre imageur à résolution modérée des satellites Terra et Aqua de la NASA. Ils ont recherché la signature spectrale du pollen, c’est-à-dire la façon dont il réfléchit la lumière à différentes longueurs d’onde.

Ils ont remarqué que le pollen présentait une augmentation spectaculaire entre 400 et 500 nanomètres, ce qui le différenciait du mucus marin et d’autres détritus flottants. Ils ont également tenu compte de la chronologie des taches et de la prédominance des pins dans les neuf pays entourant la mer Baltique.

Leur hypothèse a été confirmée par des observations au sol et des tests en laboratoire. Les collaborateurs polonais ont filmé du pollen à la surface de l’eau lors de travaux sur le terrain en mai 2013. Les équipes américaines et polonaises ont ensuite mesuré la réflectance spectrale du pollen en laboratoire et ont constaté qu’elle correspondait aux données enregistrées par les satellites.

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© ESA/NASA Earth Observatory

Des conséquences écologiques et sanitaires

Les chercheurs ont ensuite analysé des images satellite de la mer Baltique prises au printemps entre 2000 et 2021 et ont découvert que 14 de ces années présentaient des nappes de pollen. Ils ont également constaté que l’empreinte pollinique dans la mer était nettement plus importante dans la seconde moitié de la période de recherche que dans la première.

Cette tendance est cohérente avec les effets du changement climatique sur la production de pollen. En effet, une étude publiée dans la revue Environmental Sciences indique qu’en raison de la hausse des températures, la saison pollinique en Amérique du Nord commence près de trois semaines plus tôt et dure environ une semaine de plus qu’en 1990. En outre, l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère pourrait stimuler la photosynthèse et donc la production de pollen par les plantes.

L’abondance de pollen peut avoir des conséquences importantes sur les écosystèmes aquatiques et sur la santé humaine. D’une part, les grains de pollen peuvent constituer une source importante de nutriments pour les larves d’insectes, les crustacés et d’autres invertébrés dans les eaux côtières de la mer Baltique. D’autre part, ils peuvent affecter la qualité de l’air au sol et provoquer des allergies chez les personnes sensibles.

Hu pense que les images satellite peuvent fournir un certain nombre d’informations nouvelles, maintenant qu’il a compris comment identifier le pollen des autres objets qu’elles contiennent. Il a déclaré : “Si nous pouvons surveiller l’agrégation du pollen sur différents sites, cela peut fournir des données utiles pour les études sur la pêche.” En outre, cette méthode pourrait permettre de contrôler les allergènes dans l’air afin d’améliorer le bien-être des populations côtières.

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