Troubles psychomoteurs, diminution de l’audition, l’intoxication au plomb est responsable de bien des maux. Plus grave encore, une étude vient de confirmer que les enfants fortement exposés au plomb subissaient une chute notable de leur QI entre le moment de l’intoxication et l’âge adulte. Cet empoisonnement, même à faible dose, a des répercussions sanitaires et socio-économiques graves.

 

Les ravages de l’intoxication par le plomb sur les enfants

Une étude menée sur 30 ans et publiée récemment par le Journal of the American Medical Association révèle les terribles effets neurotoxiques du plomb sur les enfants.

Les jeunes enfants entretiennent une réelle proximité avec leur environnement ; comme l’explique Philippe Glorennec, professeur d’évaluation des risques sanitaire à l’EHESP, « Ils touchent les sols avec leurs mains puis les mettent à la bouche, ils absorbent donc plus de plomb que les adultes ». En plus d’être exposés par ingestion et inhalation, les enfants sont très sensibles et éliminent beaucoup plus difficilement le plomb que les adultes.

D’après les auteurs de l’étude, une exposition chronique au plomb dans l’enfance engendre une diminution du QI par rapport aux autres, susceptible d’affecter la future situation professionnelle…

Une enfant qui étudie, via Depositphotos

 

Le cas de la Nouvelle-Zélande

Dans les années 70, l’essence contenait encore du plomb, particulièrement en Nouvelle-Zélande où la teneur en plomb du carburant figurait parmi les taux les plus élevés du monde. Afin de comprendre les effets de cet agent neurotoxique sur les facultés cognitives, les chercheurs ont suivi l’évolution d’un échantillon de 559 enfants nés entre 1972 et 1973, de l’âge de 11 à 38 ans.

Les premières prises de sang réalisées dans les années 80 ont révélé une teneur en plomb alarmante dans les organismes des enfants. En effet, 94 % des sujets disposaient d’un taux qu’on peut analyser rétrospectivement comme deux fois plus élevé que le seuil d’alerte français de 2014. Presque 30 ans plus tard, ces derniers se sont de nouveaux prêtés à une série de tests cognitifs et les résultats sont effrayants.

Les enfants dotés de plus de 100 µg/L de sang ont perdu jusqu’à 4,5 points de QI par rapport à des enfants moins exposés. Plus la plombémie est élevée dans l’enfance plus la chute du QI est grave. Certains sujets ont même perdu des points de QI si on compare leurs facultés cognitives actuelles avec celles de l’enfance. A noter que tous les résultats ont été recroisés par des données sociologiques et génétiques.

Un tuyau d’échappement, via Depositphotos


Chute du QI même en cas d’intoxication à faible dose

Malheureusement, les effets nocifs du plomb se ressentent même à faible dose. Si autrefois nous avions du mal à mesurer l’impact du plomb sur l’organisme en dessous de 100 µg/L de sang, l’étude des chercheurs néo-zélandais vient confirmer que toute exposition au plomb, même minime, est dangereuse, explique Jérôme Langrand, spécialiste en toxicovigilance.

Aussi les enfants présentant un taux de plomb entre 50 et 100 µg/L de sang ont tout de même perdu 1,5 point de QI par 50 µg/L de sang.

Aaron Reuben, auteur de l’étude, explique que non seulement les facultés cognitives ont été affectées mais qu’en plus, la perte du QI a souvent conduit à une limitation de l’ascension sociale et professionnelle.

Si en France, les enfants sont peu exposés, Philippe Glorennec affirme qu’il est important d’accroître les campagnes de prévention dans l’enfance.

Un enfant à l’école, via Depositphotos
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