À la lumière du mouvement #metoo, les inégalités hommes femmes sont revenues sur le devant de la scène et redeviennent un sujet de société crucial. Et visiblement, ce n’est pas un luxe : la dernière étude en date sur le sujet le prouve : l’UNICEF a en effet constaté que sur un panel de 26 458 enfants et adolescents âgés de 6 à 18 ans, les discriminations sexuelles s’avéraient être présentes dès le plus jeune âge .

 

Les filles subissent des discriminations dès la cour de récréation

C’est en posant 165 questions concernant le respect de leurs droits, leur vie quotidienne, leurs loisirs, leur éducation et leur santé à 26 458 enfants âgés de 6 à 18 ans que l’UNICEF a constaté que les discriminations liées au genre prenaient racine dès le plus jeune âge.

En effet, l’étude montre que les petites filles sont davantage exclues « des lieux de sociabilité et de loisirs » et se mélangent difficilement à leurs congénères masculins dans la cour de récréation, pourtant lieu de socialisation principal à ce jeune âge.

Le déterminisme est également plus marqué pour les jeunes filles issues de milieu défavorisés : « le fait d’habiter dans un quartier populaire ou prioritaire ou encore d’avoir des parents au chômage à un effet plus fort sur les filles que sur les garçons », notamment en matière d’accès à la santé, ou à des lieux de loisirs, soulignent les auteurs de l’enquête. « Ce sont de petites différences, mais le fait qu’elles soient systématiquement plus en défaveur des filles traduit un effet de genre dans la constitution des inégalités que l’on peut donc repérer dès l’enfance. »

Selon Edith Maruéjouls, spécialiste du genre et coauteur de l’étude, ces résultats  confirment que « les stéréotypes de sexe et le sexisme sont intégrés très tôt » et que « les individus et la société finissent par y consentir ». Si l’enquête montre que les filles sont moins sujettes aux railleries au sein leur établissement scolaire que les garçons, un phénomène qui toucherait un tiers des jeunes interrogés, « elles sont deux fois plus souvent harcelées que les garçons sur Internet, dans les transports en commun ou dans l’espace public .

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Ce harcèlement vécu au quotidien engendre une relégation réelle des filles auxquelles on signifie que leur place n’est pas au dehors, en tout cas, qu’elles ne sont pas, pour beaucoup d’entre elles, dans un climat bienveillant. »

La tenue vestimentaire est un facteur hautement discriminatoire pour les filles, ce qui n’est pas le cas pour les garçons.« La “tenue correcte” exigée chez les filles est un problème récurrent dans les collèges et, de manière générale, dans la société. » Une véritable « carte mentale » imposée par la société, notamment aux adolescentes particulièrement sensibles à ces préjugés. Inquiètes d’être cataloguées comme « fille qui cherche ça », ou à l’inverse de ne pas « correspondre aux critères attendus de la féminité », le dilemme peut parfois s’avérer cornélien et extrêmement pesant pour ces adultes en devenir.

 

Des opinions sexuées ?

Des différences sexuées se font également sentir sur certains sujets comme l’homophobie : alors que 80 % des filles considèrent l’amour homosexuel comme équivalent à l’amour hétérosexuel, ils ne sont que 70 % chez les garçons à penser de façon équivalente. De plus, si la plupart des interrogés estiment que garçons et filles peuvent jouer aux mêmes jeux, 6,9 % des filles affirment le contraire, contre 11 %, soit presque le double, chez les garçons.

Ces inégalités sont particulièrement flagrantes chez les enfants aux heures de pause, durant lesquelles les filles sont naturellement exclues de l’espace de récréation au profit des garçons qui occupent l’espace principalement pour jouer au foot. « Chez les garçons, la première peur c’est d’être traité de fille. Quant aux filles, elles ne jouent pas avec les garçons car elles sont considérées par eux comme disqualifiées, moins bonnes, incapables », résume Edith Maruéjouls.

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Les pouvoirs publics en mesure d’agir ?

Les auteurs également observent notamment qu’« à partir de l’entrée au collège, l’accès aux équipements de loisirs devient restreint pour les filles » et qu’elles « deviennent rapidement invisibles dans l’espace public », majoritairement construit autour des stades, skate parcs, ou boulodromes.

Les auteurs de l’étude appellent donc les pouvoir publics à agir et à « renforcer, diversifier et donner de la place aux activités des filles », ainsi que « d’arrêter de construire des équipements dont on sait qu’ils ne créent pas de la mixité. »

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