Une équipe internationale de scientifiques a récemment développé une approche prometteuse pour restaurer la vision des personnes atteintes de maladies dégénératives de la rétine. Une seule injection de nanoparticules a permis de former une rétine artificielle fonctionnelle, redonnant la vue à des rongeurs aveugles.

Des travaux particulièrement prometteurs

La perte de vision liée à l’âge est si répandue qu’il serait facile de penser qu’il s’agit simplement d’une conséquence inévitable du vieillissement. Cependant, un certain nombre de projets de recherche ont trouvé des moyens innovants de prévenir, ou du moins de ralentir, ce processus apparemment inéluctable. Celui-ci étant en grande partie lié à une dégradation de la rétine, les recherches se sont jusqu’à présent largement concentrées sur le développement de différents types de rétines artificielles, utilisant des électrodes et des capteurs pour reproduire les fonctions de la rétine.

Cependant, ces solutions prothétiques nécessitant câbles, caméras et chirurgie sont loin d’être idéales. C’est pourquoi des équipes explorent depuis quelques années la possibilité de restaurer la fonction de la rétine en s’appuyant sur des nanoparticules spécialement conçues pour servir de conduits photosensibles vers les neurones concernés. Dans le cadre de nouveaux travaux prometteurs présentés dans la revue Nature Nanotechnology, une équipe de chercheurs a montré que les nanoparticules de polymères conjugués (P3HT-NP) pouvaient se répandre largement dans l’espace sous-rétinien et restaurer la vision perdue.

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Restaurer la vision perdue grâce aux nanoparticules

Afin de tester l’efficacité de ces nanoparticules et de s’assurer qu’elles ne présentaient aucun danger, les chercheurs se sont tournés vers un modèle de rétinite pigmentaire chez les rongeurs, une affection génétique entraînant une perte progressive de la vision. Après une injection sous-rétinienne des nanoparticules seulement, les chercheurs ont constaté que l’activité du cortex visuel et l’acuité visuelle revenaient à des niveaux similaires à ceux des animaux possédant une vision saine.

« Dans le modèle que nous avons étudié, les nanoparticules ont stimulé l’activation dépendante de la lumière des neurones internes intacts de la rétine, et permis de récupérer des réponses visuelles sans que cette dernière ne soit inflammée », explique Mattia Bramini, co-auteur de l’étude. « Avec une sensibilité à la lumière atteinte après une seule injection, et un potentiel de haute résolution spatiale, les nanoparticules ouvrent une nouvelle voie dans le domaine des prothèses rétiniennes, avec des applications potentielles pour la rétinite pigmentaire mais aussi pour la dégénérescence maculaire liée à l’âge. »

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Une approche permettant également de restaurer un large champ de vision

Selon les auteurs de l’étude, la façon dont les nanoparticules se dispersent sur la rétine suggère en effet que la technologie pourrait permettre de restaurer un large champ de vision, grâce à un niveau de résolution spatiale nettement supérieur à celui de tout implant actuellement disponible. De plus, cette approche présente l’avantage de ne nécessiter qu’une procédure chirurgicale simple et relativement peu invasive, ce qui signifie qu’il serait plus facile de la déployer à grande échelle par rapport aux autres technologies de rétine artificielle actuellement explorées.

Bien que les chercheurs n’aient pas évoqué de délai précis avant que les premiers essais cliniques ne puissent être menés, les expériences sur les animaux se sont révélées particulièrement prometteuses, avec des nanoparticules s’avérant sûres et efficaces pour restaurer tous les aspects de la vision pendant au moins huit mois. « Cette opération chirurgicale des plus simples en ce qui concerne l’implantation de prothèses rétiniennes, et la large couverture de la rétine permettant potentiellement de restaurer l’ensemble du champ visuel, ouvrent une toute nouvelle voie pour l’application clinique des nanoparticules de polymère P3HT dans les cas de cécité dégénérative », concluent les chercheurs.

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