— Andrii Vodolazhskyi / Shutterstock.com

Des chercheurs américains ont développé un composé capable d’imiter les signaux inflammatoires afin d’attirer les cellules souches vers les tissus endommagés, sans engendrer d’inflammation supplémentaire.

Attirer les cellules souches et initier le processus de guérison sans causer d’inflammation

L’inflammation est la réponse naturelle du corps à une blessure ou à un dommage, se traduisant par un gonflement afin de permettre une meilleure circulation sanguine dans la zone concernée. Celle-ci agit également comme un signal d’alerte pour attirer l’attention du système immunitaire afin de favoriser le processus de guérison, au sein duquel les cellules souches jouent un rôle majeur.

En théorie, l’inflammation pourrait être utilisée pour attirer ces cellules souches régénératrices vers les blessures, mais il y a bien sûr des risques. L’inflammation chronique est à la base de maladies comme l’arthrite, la sclérose en plaques et la maladie de Crohn, et a même été récemment liée à des troubles cardiovasculaires, la maladie d’Alzheimer et la dépression. Dans le cadre de travaux récemment présentés dans la revue PNAS, les chercheurs ont donc cherché des moyens de convoquer les cellules souches en utilisant les signaux inflammatoires sans causer d’inflammation supplémentaire.

Pour ce faire, les scientifiques du Sanford Burnham Prebys Medical Discovery Institute ont modifié une molécule inflammatoire appelée CXCL12, connue pour sa capacité à attirer les cellules souches. Ils ont découvert que cette dernière contenait deux « poches » (l’une liée aux cellules souches et une autre dédiée à la signalisation inflammatoire) et ont donc mis au point un médicament maximisant cette liaison mais atténuant la signalisation.

Baptisé SDV1, le composé a été conçu pour pouvoir être injecté dans quasiment n’importe quelle partie du corps, afin d’attirer les cellules souches et d’initier le processus de guérison d’une blessure sans causer d’inflammation.

Des cellules souches neurales se muent en cellules cérébrales chez la souris (en jaune) — © Sanford Burnham Prebys Medical Discovery Institute

Des premiers résultats extrêmement prometteurs

« L’inflammation pouvant se révéler dangereuse, nous avons modifié la molécule CXCL12 en supprimant le risque et en maximisant les effets bénéfiques », explique Evan Snyder, auteur principal de l’étude. « Nous avons maintenant un médicament qui attire les cellules souches vers une région pathologique, mais sans créer une inflammation non désirée ou l’aggraver. »

L’équipe a testé le médicament chez des souris atteintes de la maladie neurodégénérative de Sandhoff. Le SDV1a ainsi que des cellules souches neurales humaines ont été injectés dans le cerveau de plusieurs rongeurs, ce qui s’est traduit par des cellules souches plus aptes à migrer là où elles étaient nécessaires et à lancer le processus de guérison. Chez ces derniers, les chercheurs ont observé une durée de vie rallongée, une apparition des symptômes retardée, ainsi qu’une amélioration durable de la fonction motrice et une réduction visible de l’inflammation par rapport aux spécimens du groupe témoin.

« Nous sommes confiants quant au fait que le mécanisme d’action de ce médicament pourrait potentiellement s’avérer bénéfique pour une variété de troubles neurodégénératifs, ainsi que des conditions non neurologiques telles que les maladies cardiaques, l’arthrite et même le cancer du cerveau », conclut Snyder.

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