— Pierrette Guertin / Shutterstock.com

L’analyse isotopique d’ossements de victimes de l’éruption du Vésuve, découverts dans la ville d’Herculanum, a révélé des différences significatives dans le régime alimentaire des hommes et des femmes de la région.

Une occasion unique d’examiner les modes de vie d’une communauté antique

En août de l’an 79, le mont Vésuve entrait en éruption, tuant des milliers de personnes vivant dans les environs. La plupart d’entre elles ont été asphyxiées par les gaz et les cendres, ou tuées par la chaleur intense des nuées ardentes. Se trouvant à huit kilomètres du volcan, la cité d’Herculanum a été ensevelie sous une épaisse couche de cendres (jusqu’à 23 mètres dans certaines zones), ayant contribué à la préservation remarquable des corps.

Détaillée dans la revue Science Advances, la récente analyse isotopique menée par des chercheurs de l’université de York a montré que les hommes mangeaient davantage de céréales, de poissons et de fruits de mer, tandis que les femmes consommaient surtout des œufs, des produits laitiers et de la viande.

Présentes dans l’environnement, de telles combinaisons d’isotopes peuvent en effet être absorbées par les plantes consommées par les humains et les autres animaux, où elles remplacent une petite partie du calcium présent dans leurs dents et leurs os. En combinant analyse isotopique haute résolution et modélisation informatique, les chercheurs britanniques ont obtenu un aperçu sans précédent du régime alimentaire des victimes de l’éruption du Vésuve.

Les ossements étudiés par les chercheurs — © Dr Luciano Fattore

« Les restes de ceux qui ont péri à Herculanum nous offrent une occasion unique d’examiner les modes de vie d’une communauté antique. Les sources historiques font souvent allusion à un accès différencié aux denrées alimentaires dans la société romaine, mais elles fournissent rarement des informations directes ou quantitatives », estime Oliver Craig, auteur principal de l’étude. « La mise en évidence de différences significatives dans les proportions d’aliments marins et terrestres consommés par les hommes et les femmes implique un régime différent selon le sexe. »

Des différences significatives

En moyenne, l’équipe a mis en évidence une proportion de protéines issues de produits de la mer 50 % plus élevée chez les hommes, ainsi qu’une consommation de céréales plus importante (variant toutefois énormément d’un individu à l’autre), tandis que les femmes mangeaient davantage de viande, de fruits, de légumes et de produits laitiers.

Selon l’équipe, de telles différences entre les sexes pourraient être liées aux fonctions occupées, à des interdits culturels ou à la stratification de la société de l’époque.

« Notre recherche s’appuie sur les précédentes découvertes réalisées, à savoir que les hommes avaient un meilleur accès aux poissons de mer à Herculanum et plus largement en Italie romaine », souligne l’archéologue Silvia Soncin. « Les hommes étaient plus susceptibles de se livrer à la pêche et aux activités maritimes, occupaient généralement des positions plus privilégiées dans la société et étaient libérés de l’esclavage à un âge plus précoce, ce qui leur donnait un meilleur accès aux produits de base coûteux, comme le poisson frais. »

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