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Si les conflits et les guerres restent les principales causes de migration de masse dans le monde, les déplacements liés aux catastrophes naturelles sont également en constante évolution. En effet, le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles plus fréquentes et plus violentes qui en découlent ont provoqué un très grand nombre de déplacements forcés en 2020, et les experts estiment que les chiffres vont encore augmenter à l’avenir.

55 millions de personnes déplacées en 2020, un record

Selon le rapport annuel de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) – une branche du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) –, il y a eu au moins 55 millions de déplacements internes en 2020. Notons que ce chiffre est celui du nombre de déplacements et non d’individus déplacés, dans la mesure où une personne peut être contrainte de se déplacer à plusieurs reprises. Il est à savoir que les déplacés internes sont des personnes qui ont été forcées de fuir leur lieu d’origine, mais demeurent dans leur pays. Selon les chercheurs, cela représente environ le double des réfugiés, c’est-à-dire les personnes qui ont fui vers d’autres pays à cause des conflits, des violences et des catastrophes naturelles.

Ces statistiques dévoilées par l’IDMC signent un nouveau record, et ce, malgré les restrictions imposées à cause de la pandémie de Covid-19. D’un côté, les mesures liées à la pandémie auraient dû limiter les possibilités de migration. D’un autre côté, cela a également limité la collecte de données sur le sujet. « Il est particulièrement inquiétant que ces chiffres élevés aient été enregistrés sur fond de pandémie de Covid-19, alors que les restrictions de déplacement ont entravé la collecte de données et que moins de personnes ont cherché des refuges d’urgence par peur d’être infectées », a ainsi expliqué Alexandra Bilak, directrice de l’IDMC, dans un communiqué.

Quant aux causes de ces migrations domestiques, le rapport explique que 48 des 55 millions de ces déplacements d’individus dans leur propre pays ont été causés par des conflits et des violences. Au total, 59 pays et territoires sont concernés par ces conflits et ces violences. Les 7 millions restants – localisés dans 104 pays – sont dus à des catastrophes naturelles. L’étude rapporte également que 98 % de ces déplacements internes ont été causés par des catastrophes météorologiques comme les tempêtes et les ouragans, les inondations, les incendies de forêt et les sècheresses anormalement longues.

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Un problème qui nécessite des solutions urgentes

Si l’on regarde les classements par pays, c’est en Syrie que l’on observe le plus de déplacés internes en raison de conflits et de violences, avec 6,6 millions de personnes ayant migré en 2020. La Syrie est ensuite suivie par la République démocratique du Congo avec 5,3 millions de déplacés et la Colombie avec 4,9 millions de déplacés, a rapporté The Guardian. En ce qui concerne les migrations en raison des catastrophes naturelles, l’Afghanistan est en tête de liste avec 1,1 million de personnes déplacées, suivi de l’Inde avec 929 000 déplacés, puis le Pakistan avec 806 000 personnes déplacées.

L’un des aspects les plus inquiétants de ces migrations de masse étant qu’une grande partie des déplacés internes et des réfugiés sont des mineurs. Selon le rapport de l’IDMC, plus de 23 millions des déplacés internes de 2020 étaient des individus âgés de moins de 18 ans. Le cas des personnes âgées est également inquiétant puisqu’ils y avaient eu 2,6 millions déplacés internes de plus de 65 ans en 2020. Avec le triste constat observé dans ce rapport, les chercheurs tirent la sonnette d’alarme, et enjoignent les gouvernements à agir face aux déplacements internes, a rapporté World Economic Forum.

Ils estiment notamment qu’il est urgent de prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique et ses effets néfastes, dans la mesure où cela accentue les problèmes liés aux violences et aux conflits. « Les crises de déplacement d’aujourd’hui résultent de nombreux facteurs interdépendants, notamment les changements climatiques et environnementaux, les conflits prolongés et l’instabilité politique. Dans un monde rendu plus fragile par la pandémie de Covid-19, une volonté politique soutenue et des investissements dans des solutions locales seront plus importants que jamais », a déclaré Alexandra Bilak.

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