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Des millions d’ânes massacrés chaque année pour alimenter un immense trafic de peau vers la Chine

En Afrique du Sud, un énorme trafic a été découvert : celui des peaux d’ânes. Traqués par les braconniers, les animaux sont décimés afin d’alimenter un commerce illégal en Chine…

 

Une exploitation choquante

C’est dans la petite ville de Bleomfontein, située en Afrique du Sud, qu’une terrible exploitation a été découverte : celle des ânes. Reinet Meyer, une inspectrice sud-africaine de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux, a en effet été témoin d’un massacre horripilant. Publiée par National Geographic, l’enquête dévoile la face cachée d’un troupeau en proie au désespoir.

Alors que 70 ânes recherchaient de la nourriture parmi l’amas de déchets entreposés par un patron sans scrupule, plusieurs peaux se balançaient sur une corde, pour sécher au soleil. Le matin même, deux des animaux maltraités avaient été écorchés. Un ouvrier de l’exploitation a même prévenu Mme Meyer que les ânes de l’exploitation n’avaient pas été nourris depuis une semaine, provoquant la mort de 10 d’entre eux.

Bleomfontein, la ville dans laquelle l’exploitation a été découverte.

 

Des ânes abattus moralement et physiquement

D’après l’inspectrice, les ânes « s’étaient mis à manger du carton et de l’écorce ». « Nombre d’entre eux avaient les sabots déformés et avaient contracté de l’herpès. Plusieurs ânesses avaient fait des fausses couches à cause du stress. Nous avons découvert au moins 19 foetus, mais il était difficile de les compter : ils étaient petits et avaient commencé à se décomposer ». Mais ce n’est pas tout.

Dans l’exploitation sud-africaine, les découvertes se multiplient : l’inspectrice a également constaté la présence de brûleurs à gaz. Par la suite, le vétérinaire, ayant constaté l’ampleur des dégâts sur les animaux, a décidé de les euthanasier à cause de leur trop grande faiblesse.

Un trafic lié à la Chine

Si cette terrible exploitation prend place en Afrique du Sud, c’est que les acheteurs de peaux d’âne doivent abonder. Notamment en Chine, là où le commerce d’eijao explose année après année. Dans un rapport publié par The Donkey Sanctuary, une association britannique de protection des ânes, on apprend que l’eijao est « un produit qui trouve ses racines dans la médecine traditionnelle et est vendu comme étant une sorte d’onguent divin ».

Apparemment, la substance boosterait la libido, ralentirait le vieillissement et renforcerait le système immunitaire. Et pour créer l’eijao, que faut-il ? De la peau d’âne. Les producteurs de ce produit extraient la gélatine de quatre millions de peaux par an pour le confectionner. La substance est devenue un produit de consommation courant dans les années 90, et a envahi le marché des crèmes pour le visage, des liqueurs et des bonbons.

Un marché chinois.

Les ânes de plus en plus menacés

Depuis les années 1990 donc, le nombre d’ânes est passé de 11 millions à 6 millions en Chine. Une exploitation honteuse qui décime ces animaux et qui, à terme, menacera l’écosystème. Devant cette baisse conséquente de la population d’âne, les prix augmentent de plus en plus. Ainsi, pour perpétuer ce commerce prospère, les producteurs d’eijao se fournissent en Afrique, là où les ânes sont encore bon marché, mais dont la valeur augmente tout de même peu à peu.

Au Niger par exemple, le prix moyen d’un âne est passé de 29 à 122 euros entre 2012 et 2016. Mais ça ne stoppe pas les producteurs chinois. Devant la recrudescence d’ânes achetés, volés ou tués, quelques pays ont instauré des mesures protégeant ces animaux : le Niger, le Burkina Faso et même le Pakistan ont interdit l’exportation de peaux d’ânes. Pourtant, Alex Mayers, officiant chez Donkey Sanctuary, affirme « Tous les pays ayant pris des mesures se retrouvent confrontés à des exportations illégales ou non réglementées massives ».

Le Niger, là où l’exportation de peaux d’ânes a été interdite.

En Afrique du Sud, un commerce légal… qui en cacherait des illégaux

En Afrique du Sud, 7300 peaux d’ânes par an peuvent être exportées. Ce qui constitue de l’argent facile pour bon nombre de producteurs. Seul un abattoir est d’ailleurs autorisé à dépecer les ânes, au rythme de 20 par jour. Mais ça ne stoppe pas les entreprises sud-africaines, comme celle d’Anatic Trading, qui a vendu 15 000 peaux d’âne en seulement 8 mois.

Le capitaine du département des vols de la police sud-africaine affirme au National Geographic : « Nous craignons que ces peaux servent à dissimuler d’autres marchandises ». En Colombie par exemple, des trafiquants ont dissimulé de la cocaïne avec des peaux d’ânes. Devant ces risques flagrants, les inquiétudes sont multiples : en sus de décimer les ânes, le commerce de peau menace l’écosystème et alimente sans aucun doute une économie souterraine illégale.

L’exploitation de peaux d’ânes cache-t-elle des commerces illégaux ?
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