Imaginez un univers où les dragons existent, où les chevaliers se battent en armures mécaniques géantes, où la magie influe sur le destin lui-même. Ce monde est celui de la série d’animation japonaise Vision d’Escaflowne, où Van, roi de Fanélia, se bat pour défendre son peuple à l’aide de son Guymelef mécanique Escaflowne. C’est suite à la rencontre d’Hitomi, jeune fille aux pouvoirs de divination, qu’il semble enfin avoir une chance de défaire l’empire tyrannique Zaïbacher.

Vision d’Escaflowne ou Tenkū no Esukafurōne dans sa version originale, est une série animée japonaise produite en 1996 par Sunrise Studios, réalisée par Kazuki Akane et écrite par Shoji Kawamori, déjà célèbre pour Macross. Une des particularités de cette licence est la production simultanée d’un manga shōnen éponyme (1994-1997), d’un manga shōjo intitulé Hitomi : Tenkū no Esukafurōne (1996-1997), d’un second manga shōjo du nom de Energist no Kioku : Tenkū no Esukafurōne (1997) et d’un film, Escaflowne (2000). Du fait de la concomitance des projets, ces œuvres prennent pour base la même histoire, le même univers, mais diffèrent dans leur évolution, leur point de vue, leur ton et même dans l’apparence des personnages.

Pour ce qui est de l’animé, l’histoire débute dans notre monde, à notre époque. Plus précisément au Japon où vit une jeune lycéenne du nom d’Hitomi Kanzaki, sportive acharnée initiée à la cartomancie. C’est un soir, lors d’une course d’entrainement, qu’elle se retrouve confrontée à l’apparition d’un dragon terrestre, combattu férocement par un jeune guerrier. Un lien semble les unir lorsque Hitomi et son don prédisent sa mort face au monstre et ainsi le sauve. Malheureusement, elle se retrouve happée malgré elle loin de son monde pour rejoindre Gaïa, planète bien différente de la Terre.

Elle découvre alors Fanélia, royaume magnifique et enchanteur ravagé par une terrible guerre l’opposant au tyrannique et avide empire Zaïbacher. Van Fanel, le jeune guerrier et roi de ces terres, va mener une lutte acharnée aux commandes de son armure mystique, un Guymelef du nom d’Escaflowne. La présence d’Hitomi et son don de divination seront un atout certain dans cette guerre. C’est sûrement elle, la clef qui pourra sauver le royaume de Van.

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Nous voilà plongés subitement dans un univers résolument médiéval fantastique d’une grande profondeur qui nous inspire et nous dépayse. Différentes cultures, différentes races, différentes magies et technologies, bref, des détails et encore des détails à découvrir sur le monde captivant de Gaïa. Les nombreux royaumes imposent politique et diplomatie a l’histoire, et les unités mécaniques utilisées lors des plus grands affrontements, ces Guymelefs, donnent un relief de puissance à l’action par leurs mouvements et chorégraphies à l’épée, empreints d’une force et d’une taille gigantesque.

Comme dans tout bon récit d’heroic fantasy, les personnages secondaires sont légion, et chacun aura son rôle, bien différent des autres. Allen Shezar, archétype du preux chevalier et compagnon d’armes de Van. Il est le pilote du Guymelef Shéhérazad et défend le royaume voisin d’Astria. Charmant et vertueux, il brisera néanmoins certains des parangons de son ordre face à la folie et la stupidité d’une lutte perdue d’avance. Folken est lui le général des armées de Zaïbacher et donc le méchant de l’histoire. Il manipule le destin grâce à une machinerie complexe teintée de magie et sera assisté dans sa tâche par Dilandau Albatou, personnalité androgyne au passé trouble devenu jeune psychotique assoiffé de sang.

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Différents thèmes vont régir la vie de nos protagonistes. Une ambivalence forte existe entre la technologie et la magie à l’image d’Escaflowne, unité mécanique alimentée par l’énergie du cœur d’un dragon. Une grande part de la réflexion se porte également sur l’opposition du destin, de la fatalité et de la chance. D’autres sujets récurrents de l’animation japonaise influent également sur l’histoire comme la guerre, sa légitimité et la nature violente de l’humain, l’ambition, l’orgueil ou encore l’amour, évidemment.

La série est introduite par l’intermédiaire d’Hitomi, mais ça n’en fait pas pour autant le personnage principal. Loin de là. Son importance est relative et ne s’exprime que dans le concept, elle n’agit que très rarement et n’a pour ainsi dire qu’une fonction : nous offrir l’histoire suivant un point de vue extérieur à l’univers de Gaïa. Néanmoins, elle reste un élément clef de la série de par sa nature étrangère et son pouvoir mystique de divination, souvent salvateur dans le périple de Van.

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Voilà le vrai héros de Vision d’Escaflowne. Van, le jeune roi de Fanélia est peut-être inexpérimenté, il n’est pas pour autant naïf. Il accepte sa condition de novice et exprime un fort sentiment de responsabilité quant à son royaume et son peuple. Sa force de caractère et son implication nous offrent ici un personnage réaliste et impliqué, un héros compétent que l’on accepte dès les premiers instants. On s’enflamme sans problème pour chacune de ses batailles, emporté par une bande originale de premier ordre.

La musique, justement, nous émerveille par sa complexité avec du chant, de la harpe, des violons, bref, tout ce qu’il faut pour accompagner le thème d’un univers médiéval fantastique. Nous devons cette perfection à la talentueuse Yoko Kanno, compositrice déjà célèbre pour son travail avec le studio Ghibli, sur Cowboy Bebop, Jin-Roh et beaucoup d’autres.

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D’un point de vue graphique, l’animation est très agréable et c’est en serrant les dents que l’on vit les affres de la bataille une fois à l’intérieur du cockpit d’Escaflowne. Les décors sont nourris et s’intègrent très bien à l’univers, les scènes offrent des panoramas somptueux et dépaysants, et l’opposition entre nature authentique et machinerie futuriste fonctionne très bien. On peut regretter néanmoins une animation plus pauvre lors des scènes de dialogues avec des visages parfois inexpressifs.

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Plus qu’une histoire, Vision d’Escaflowne nous offre un univers fantastique et enchanteur unique. Guerre et batailles, fatalités et magie, robots mécaniques et technologies futuristes, de puissantes forces sont à l’oeuvre dans cette série devenue une référence de l’animation japonaise en Occident. L’action nous entraîne, l’histoire nous envoûte, le destin nous lie aux personnages charismatiques dans cette féroce critique de la guerre. Une oeuvre singulière qui mérite les honneurs.

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