Une nouvelle souche du VIH vient d’être découverte à Cuba. Cette dernière semble accélérer le développement du sida chez les personnes séropositives de manière anormale en seulement 2 à 3 ans. Celles-ci ont en temps normal une période de conversion d’au moins 10 ans avant de voir apparaitre les symptômes du sida. L’agressivité inédite de cette souche du rétrovirus alarme les chercheurs. DGS vous en dit plus sur cette découverte inquiétante. 

Cela fait un peu plus de 30 ans que le VIH est apparu comme l’une des maladies les plus mortelles connues de l’Homme. Le VIH ou virus de l’immunodéficience humaine est le rétrovirus responsable du sida, un ensemble de symptômes qui apparaissent dès lors que le système immunitaire est affaibli par la destruction de certaines de ses cellules. En sensibilisant les jeunes aux risques, en aidant les populations les plus touchées et en diagnostiquant assez tôt les personnes séropositives, nous luttons de mieux en mieux contre cette maladie. Les comportements sexuels à risque sont bien moins fréquents et les traitements antirétroviraux aident de plus en plus de personnes infectées par le VIH à vivre « normalement ». Pourtant des chercheurs ont récemment découvert une nouvelle souche du VIH bien plus agressive que les précédentes. Cette souche qui répond au nom de CRF19 a d’abord touché l’Afrique puis s’est plus sérieusement répandue sur Cuba.

L’illustration d’un virus dans le corps via Shutterstock

« Nous avons un projet de collaboration avec Cuba et les cliniciens cubains avait récemment remarqué qu’ils avaient de plus en plus de patients qui ont développé beaucoup plus vite le sida », a déclaré le professeur Anne-Mieke Vandamme, un professeur du Département de microbiologie et d’immunologie à Rega, questionnée par Voice of America. « Dans ce cas, la plupart des patients étaient atteints du sida, même au moment du diagnostic. » Interrogé par le Miami Herald, le docteur Hector Bolivar, spécialiste des maladies infectieuses explique : « A Cuba, cette souche est associée à une progression rapide de la maladie. C’est quelque chose qu’on n’avait jamais observé auparavant. » Pourtant les scientifiques connaissent les capacités du VIH à muter, aujourd’hui c’est d’ailleurs près de soixante nouvelles souches qui ont été identifiées par les chercheurs.

L’étude a été menée sur des échantillons de sang de 95 patients, soit 73 qui avaient récemment été infectés et 22 autres patients qui formaient le groupe témoin. Parmi les personnes infectées par le VIH, 52 avait rapidement développé la maladie du sida. En analysant les échantillons, les chercheurs ont pu constater des charges virales anormalement élevées. Depuis, les chercheurs s’inquiètent de la virulence de cette nouvelle souche qui pourrait très bien développer une résistance aux thérapies actuelles telles que la trithérapie. « Il y a deux types de co-récepteurs (c’est-à-dire ce sur quoi le virus peut « s’accrocher » sur les cellules humaines) que le VIH peut utiliser : le CCR5 ou le CXCR4″, explique l’auteure de l’étude. « Lors d’une progression normale du VIH vers le sida, il arrive presque toujours que le virus commence par s’accrocher aux co-récepteurs CCR5, puis passe après de nombreuses années au CXCR4. Une fois qu’il est sur ce co-récepteur, la progression vers le sida est très rapide. »

Un chercheur faisant des tests via Shutterstock

Ces résultats sont inquiétants en particulier pour les nombreuses personnes qui ignorent qu’elles ont été infectées par le VIH. Les tests qui existent aujourd’hui ne peuvent normalement pas détecter le virus au cours des premières semaines de l’infection (voire les mois), produisant ainsi de faux négatifs. Elles retournent innocemment à leurs habitudes, à leur vie, sans savoir qu’elles ont été infectées. « La progression étonnamment rapide de cette variante du VIH augmente le risque que les patients deviennent très malades avant même de se rendre compte qu’ils sont infectés », expliquent les chercheurs. En d’autres termes, la période latente (pendant laquelle le patient ne manifeste aucun symptôme de la maladie) est habituellement d’environ 10 ans, avec cette nouvelle souche la maladie se développe bien plus rapidement en seulement 2 ou 3 ans.

Cependant, les scientifiques semblent prendre l’information avec beaucoup de recul. D’abord parce que l’étude n’a été réalisée que sur un petit échantillon d’individus et qu’il ne peut donc pas être généralisé aux milliers de personnes infectées par le VIH à Cuba, c’est-à-dire que toutes les personnes ayant été touchées par le virus ne sont pas toutes susceptibles d’avoir cette souche. De plus, les chercheurs affirment aujourd’hui que l’AZT (ou médicament antirétroviral) est capable de gérer le VIH avant qu’il ne devienne le sida si toutefois on diagnostique la maladie à temps. La vraie solution pour lutter contre ce fléau reste d’éviter les comportements à risque tels que les relations avec plusieurs partenaires ou les rapports sexuels non protégés. Donc un seul mot d’ordre : Sortez couvert !

Un test positif au VIH via Shutterstock

Ces résultats font froid dans le dos. On espère fortement que cette souche ne se répandra pas et que les scientifiques trouveront un moyen efficace pour contrer son inquiétante agressivité. De nombreuses personnes dans le monde ignorent qu’elles sont porteuses du virus et peuvent involontairement infecter d’autres personnes : un problème qui pourrait trouver sa solution grâce cet accessoire à brancher sur son smartphone et permettant de dépister le virus du sida. Pensez-vous que les recherches permettront un jour de guérir une personne atteinte du sida ?

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