Peut-on transplanter une tête ? Depuis plusieurs années maintenant, la médecine moderne a permis à de nombreuses personnes malades ou victimes d’accidents de bénéficier de nouveaux organes grâce aux greffes et transplantations. Sergio Canavero, un chirurgien italien, estime que la médecine sera capable de réaliser une greffe de tête dès 2017. SooCurious vous en dit plus sur cette future pratique qui fait déjà grincer des dents certains spécialistes.

Les transplantations de têtes ne sont pas que des pratiques relatives aux films d’horreur excentriques. En effet, la première expérimentation a été effectuée en 1908 à l’initiative de Charles Guthrie puis dans les années 1950 quand le chirurgien Vladimir Demikhov, pionnier dans le domaine, a greffé la tête et les membres antérieurs d’un chiot sur le corps d’un autre chien. Il a d’ailleurs poursuivi sont travail en créant des chiens à deux têtes. Mais tous ces animaux n’ont vécu que quelques jours seulement.

Bien que ces méthodes en matière d’éthique soient discutables, la première transplantation totale est effectuée en 1970 quand le Dr Robert White, inspiré par le travail de Demikhov, parvient à greffer la tête d’un singe sur un autre singe. En revanche, il ne parviendra qu’à connecter le système sanguin de la tête au corps mais pas la moelle épinière. Le singe fut alors paralysé en dessous du cou, incapable de respirer sans assistance. Il ne survivra qu’un seul jour. Depuis, la médecine a progressé à une telle vitesse qu’un neurochirurgien estime que la transplantation de tête pourrait être réalisée sur les humains. Dans un rapport, il explique ce que cela pourrait potentiellement impliquer pour la chirurgie.

Selon le médecin Sergio Canavero, les principaux obstacles à la réussite (tels que le risque de rejet et la greffe de moelles épinières) peuvent désormais être surmontés par la médecine moderne complétée par quelques nouvelles avancées. Il estime que l’on sera capable de réaliser un tel acte dès 2017. Ceci étant dit, savoir effectuer une greffe de la tête sur un être humain ne signifie pas pour autant que l’on en réalisera. En effet, d’importantes questions d’éthique doivent être prises en considération avant qu’une telle pratique ne soit acceptée. D’un autre côté, ce type particulier de chirurgie pourrait permettre d’offrir de l’espoir aux personnes dont les organes sont en proie au cancer ou pour ceux qui ont subi des accidents majeurs. C’est pourquoi Sergio Canavero essaie maintenant de recruter une équipe pour explorer davantage la possibilité de réalisation d’une telle technique. Il prévoit de présenter son projet plus tard dans l’année, selon New Scientist.

De quelle manière devra s’impliquer la chirurgie ? Tout d’abord, la tête du destinataire et le corps du donneur décédé devront être refroidis pour maintenir les cellules en vie. Ensuite, le cou sera découpé et dégagé des vaisseaux sanguins qui seront raccordés à une série de petits tubes. La moelle épinière sera soigneusement coupée. Vient alors la greffe du corps du donneur sur la tête du receveur. Le moment le plus crucial pourra dès lors être entamé : reconnecter la moelle et les différents tissus.

Pour y parvenir, Canavero suggère d’utiliser une substance appelée polyéthylène glycol qui aura pour but d’aider les deux moelles épinières à fusionner. La dernière partie consistera à recoudre les vaisseaux sanguins et les muscles du patient avant de le plonger dans le coma pendant un mois. Après une période de physiothérapie intense, le patient devrait être en mesure de bouger et de marcher. Bien qu’il existe un risque de rejet, comme pour toute greffe, Canavero explique que les médicaments immunosuppresseurs devraient pouvoir contenir ce risque.

Cependant, la plupart des chirurgiens contactés par New Scientist ont déclaré que cette idée leur semblait « trop farfelue » tandis que d’autres ont tout simplement refusé de faire la moindre remarque. Parmi ceux qui ont tout de même accepté de faire quelques commentaires, Harry Goldsmith, professeur de chirurgie neurologique à l’université de Californie, explique que « ce projet est tellement énorme qu’il est peu probable qu’il se réalise ».

Outre les considérations éthiques d’une telle opération, certains ont exprimé une inquiétude concernant les personnes désireuses de changer de corps pour des raisons esthétiques. Elles pourraient être tentées par une telle greffe, ce qui entrainerait de nombreuses dérives. Ainsi si cela devait être légalisé, des règles strictes devront être mises en place.

L’idée d’une telle pratique chirurgicale a été accueillie par une forte opposition de la part des représentants de médecine qui ne croient pas en ce projet. Il sera donc intéressant de voir les éventuelles avancées ces deux prochaines années.

Ce projet est fascinant et amène à se poser beaucoup de questions. Même si sa réalisation est susceptible de représenter une avancée immense dans le domaine de la médecine, il ne faut pas négliger les questions éthiques qui demeurent essentielles. De fait, beaucoup expriment de nombreuses inquiétudes et d’autres ne croient tout simplement pas en ce projet. Si votre vie en dépendait, seriez-vous prêt à greffer votre tête sur le corps d’un inconnu ?

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments