La torture peut paraître historiquement aussi vieille que l’idée d’interrogatoire et aujourd’hui encore certains souhaitent son retour, même s’il semble y avoir aujourd’hui un consensus de la part des experts du sujet sur son inefficacité…

Le débat sur la torture relancé par Trump

En Janvier dernier, le président américain Donald Trump annonçait publiquement qu’il était possible qu’il remette la torture à l’ordre du jour car il s’agissait d’une technique qui permettait de « garder le pays en sécurité. Une annonce qui a fait réagir et qui a surtout montré de façon claire et nette qu’un vrai consensus existait sur l’inefficacité de la torture. Comme l’ont rappelé certains experts dans le quotidien britannique The Guardian, tous les témoignages des personnes ayant appliqué la torture d’une façon ou d’une autre assure plus tard que les suspects interrogés donnent tous les noms qui leur viennent à l’esprit dans le seul but d’arrêter la souffrance.

Kang Kek Lew est un ancien Khmer Rouge qui aurait torturé près de 12 000 personnes durant sa carrière. Lors de son jugement, il a révélé que certains assuraient être des agents à la fois du KGB et de la CIA alors que d’autres donnaient tous les noms qui leur venaient à l’esprit, un agent de la CIA assurant même que le Colonel Sanders (fondateur des restaurants KFC) figurait parmi ses supérieurs. Un psychiatre à Londres raconte également l’histoire de ce jeune Tamil, ancien membre des Tamil Tigers qui opéraient au Sri Lanka. Tentant de fuir le pays, il se retrouve dans un camp sur la frontière sri-lankaise où il est torturé dans le but de révéler le nom des autres membres de l’organisation qui n’ont pas encore été découverts. Le jeune homme finit par montrer du doigt les premières personnes qu’il voit. Ces visages le hantent encore aujourd’hui. Pourtant, une idée commune semble persister : la torture semble aussi vieille que l’interrogation en elle-même, il doit donc y avoir un fond d’efficacité dans cette technique.

Durant une manifestation à Washington aux Etats-Unis

L’inquisition et la chasse aux sorcières

Daniel P. Mannix, un journaliste et écrivain, est un jour tombé sur une histoire surprenante dans les archives du Duc de Brunswick en Allemagne en pleine inquisition. Alors que la chasse aux sorcières battait son plein, deux jésuites sont invités par le Duc pour obtenir des informations de la part des suspectes accusées de sorcellerie. Seulement, tous les suspects ont été découverts à la suite d’interrogatoires.

Le Duc doute de l’efficacité de la technique et assiste à une séance de torture où une supposée sorcière doit confirmer si oui ou non, deux de ses connaissances sont des sorciers usant de magie noire. Elle finit par révéler qu’ils sont bien sorciers et qu’elle les a vu se changer en chèvre, en loup et en d’autres animaux. Certaines sorcières ont même eu des enfants d’eux. Ces nouveaux nés avaient des visages de grenouille et des jambes d’araignées.

Une prison durant l’inquisition espagnole

De l’inefficacité de la torture

L’un de ces jésuites était Friedrich Spee qui publia en 1631 un livre intitule Cautio Criminalis qui dénonçait ces techniques en connaissance de cause et permis de mettre fin à l’inquisition. Il devint un ouvrage de référence figurant dans de nombreux traités depuis son écriture, et est surement la raison pour laquelle cette pratique est interdite encore aujourd’hui dans de nombreux pays.

Une étude datant de 2014 publiée dans la revue Applied Cognitive Psychology a recueilli l’expérience de plus de 150 interrogateurs et a découvert que « les techniques qui consistent à créer une relation avec les personnes interrogées étaient utilisées plus souvent et été perçues comme étant plus efficaces dans toutes les situations (…), particulièrement en comparaison aux techniques plus frontales ». Une autre étude publiée dans le même journal s’est concentrée sur les personnes interrogées et a découvert que les « détenus avaient plus de chance de révéler des informations utiles et plus tôt dans l’interrogatoire lorsqu’une relation était établie ». L’un de ces rapports a été écrit par un comité restreint ayant eu accès à des centaines d’interrogatoires classifiés par la CIA a conclu que « l’usage par la CIA de techniques d’interrogatoires avancées n’est pas efficace pour obtenir des informations ou pour obtenir la coopération de détenus (…) de nombreux suspects ont par le passé inventé des informations. »

Si eux-mêmes le disent…

Une table de torture médiévale en Allemagne
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