Depuis quelque temps, les témoignages sur l’endométriose et les troubles liés aux règles se multiplient, mais ce n’est pas le seul mal qui peut toucher cette zone de l’intimité féminine. Il y a, entre autres, le SCT ou syndrome du choc toxique menstruel qui peut toucher 20 à 30 % de femmes et, dans les cas les plus graves, causer la mort.

UN MAL INSIDIEUX : QU’EST-CE QUE LE SCT ?

Structure tridimensionnelle de TSST-1. La protéine se présente sous la forme d’un dimère.

Le SCT est une infection sanguine causée le plus souvent par une toxine TSST-1 produite par le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) naturellement présent sur la peau et dans le corps d’une partie de la population. Connu des scientifiques spécialisés depuis 1978, il reste cependant méconnu de la population générale et d’une partie du corps médical. Les hommes comme les femmes peuvent être touchés par le SCT après une blessure, une opération ou dans les cas d’immunodépression ou de maladie chronique.

POURQUOI PARLE-T-ON DE SYNDROME DU CHOC TOXIQUE MENSTRUEL ?

Plus de 50 % des cas recensés ces deux dernières décennies concernent des femmes au moment de leurs règles, raison pour laquelle on parle alors de syndrome du choc toxique menstruel.

Le staphylocoque doré est généralement inoffensif, mais il arrive que pendant les règles, il profite du milieu favorable que représente un dispositif intra-vaginal comme les tampons imbibés pour se multiplier de manière incontrôlable et produire la toxine TSST-1 qui passe dans le sang et provoque, dans un premier temps, fièvre, maux de tête, diarrhée, vomissements, fatigue généralisée, perte de conscience rappelant la grippe.

Dès l’apparition de symptômes anormaux, il faut enlever le dispositif vaginal. Si rien n’est fait, face à la toxine, la victime tombe dans le coma et ses organes cessent progressivement de fonctionner correctement les uns après les autres en commençant par les reins, le foie, les poumons et le cœur. Sous l’effet du stress, les organes passent en « mode survie » et les extrémités comme les mains et les pieds ne sont plus irriguées et commencent à se nécroser, allant parfois jusqu’à l’amputation. En cas de SCT lié au port d’un tampon, les symptômes apparaissent 3 à 5 jours après le début des règles.

EN CAS DE SCT LIÉ AU PORT D’UN TAMPON, LES SYMPTÔMES APPARAISSENT 3 À 5 JOURS APRÈS LE DÉBUT DES RÈGLES

Pour un SCT lié à une intervention chirurgicale, le temps d’incubation moyen est de 12h. L’évolution du mal étant rapide, il est fortement conseillé de se rendre aux urgences dans les plus brefs délais et de signaler le port d’une protection périodique interne pour faciliter le diagnostic. Une fois celui-ci établi, le patient reçoit une forte dose d’antibiotiques. Lorsque les lésions de l’utérus sont profondes, la seule solution consiste en un curetage pouvant entraîner de terribles conséquences, jusqu’à la stérilité.

LE RÔLE DES TAMPONS 

LE RISQUE DE SCT EST PLUS ÉLEVÉ LORS DU PORT D’UN TAMPON HYPER ABSORBANT

Chez les femmes, le risque de SCT est plus élevé lors du port d’un tampon hyper absorbant. En effet, ceux-ci, composés de cellulose et de matières synthétiques plus absorbantes, offrent un terrain propice à la bactérie. En outre, ces tampons restent en place plus longtemps du fait de leur taux d’absorption.

Les risques liés au SCT en portant un tampon sont connus depuis 1980 aux États-Unis d’Amérique. Le lancement du Rely, un nouveau produit d’hygiène « révolutionnaire » entièrement synthétique, avait provoqué la mort de plus de 100 femmes et un nombre impressionnant de complications chez des milliers d’autres, dont 200 cas sérieux. Devant l’émotion, le produit fautif a été retiré de la vente. Depuis cette époque, la mention laconique des risques de SCT est toujours présente sur les boites de tampons et les notices.

Autre fait marquant, les gouttes présentes sur les emballages ne sont pas là, à l’origine, pour indiquer le taux de protection, mais bien pour signaler le risque. En effet, plus le produit est absorbant plus il contient de matières synthétiques, ce qui augmente les risques. Cette signalétique, détournée de sa fonction première, a été reprise sur tous les paquets de protections périodiques dont les serviettes, participant à la confusion.

Cependant, le SCT peut survenir, dans des proportions variables, avec tous les dispositifs intra-vaginaux, coupe menstruelle (2 cas recensés), éponge contraceptive, diaphragme, etc. Aussi, les précautions d’emploi à respecter sont particulièrement importantes. Le staphylocoque doré se développe également sur les serviettes hygiéniques d’après les cultures bactériennes en laboratoire, mais en l’absence de blessure ou d’irritation, les toxines qu’il dégage ne passent pas dans le sang. L’usage approprié d’une coupe menstruelle semble limiter le risque, mais les études sont en cours pour valider ce point.

LES GOUTTES PRÉSENTES SUR LES EMBALLAGES NE SONT PAS LÀ, À L’ORIGINE, POUR INDIQUER LE TAUX DE PROTECTION, MAIS BIEN POUR SIGNALER LE RISQUE

Les conséquences sont diverses, allant du traumatisme psychologique au décès (dans 3 % des cas) en passant par les complications chroniques, l’amputation (l’affaire du mannequin Lauren Wasser a fait le tour du monde en 2012) ou la stérilité. Les personnes ayant déjà contracté un SCT sont plus susceptibles d’en être de nouveau victimes.

 

LES RECOMMANDATIONS MÉDICALES 

Les autorités médicales recommandent de changer de protection périodique toutes les 8h environ au minimum et d’éviter de porter un tampon pendant la nuit au profit d’une serviette, de bien se laver les mains avant et après le retrait et l’insertion d’un nouveau dispositif.

Il est préférable de choisir des tampons moins absorbants et d’espacer leur usage. Concernant les coupes menstruelles, ces dispositifs étant réutilisables, un respect strict de l’hygiène est nécessaire (stérilisation, nettoyage, etc.). Les serviettes hygiéniques sont conseillées pour la nuit, et en alternance avec les dispositifs vaginaux. De nouveaux dispositifs plus écologiques sont mis sur le marché et présentent des alternatives intéressantes.

POURQUOI CETTE RECRUDESCENCE ? 

Dans les années 90, il n’y avait aucun cas de SCT recensé en France. A partir des années 2000, les premiers cas sont réapparus : 4 cas en 2004. En à peine une décennie, ce sont 22 cas recensés en 2014. Les causes de cette recrudescence sont encore incertaines. Les causes avancées sont la composition mystérieuse des protections périodiques dont on ne sait absolument rien, le changement d’alimentation qui modifie la flore vaginale, la rendant plus sensible, etc.

En octobre 2016, le professeur Lina a également lancé une collecte de tampons usagés afin de mieux étudier les souches de staphylocoques, l’incidence des tampons de telle ou telle marque, et connaître la maladie. Il a obtenu près de 6 000 demandes de kit et environ 700 tampons en retour. La sensibilisation du corps médical à cette maladie contribue à un meilleur diagnostic, et les femmes sont de plus en plus informées, ce qui peut également expliquer l’augmentation statistique des cas.

CAS DÉCLARÉS NE SIGNIFIE PAS CAS EFFECTIFS, CAR IL N’EST PAS OBLIGATOIRE DE DÉCLARER LA MALADIE AUX AUTORITÉS

A la rédaction, nous avons été très surpris par la virulence du syndrome du choc toxique et attendons avec impatience que des études soient menées non seulement sur la maladie, mais également sur les composants des protections périodiques.

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1 Commentaire
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COMBERNOUX
COMBERNOUX
4 années

concernant les tampons , je n’ai jamais voulu en mettre, les amies autour de moi en mettaient , mais je n’ai jamais pu supporter d’avoir ce corps étranger et en plus , j’avais conscience que ce n’était pas sain de garder ça en soi pendant longtemps, car ça devait « macérer »… Lire la suite »