Si l’Homme descend du singe, force est de constater que nous assistons à la destruction de ce que furent nos origines. Trente et un primatologues internationaux se sont lancés dans la plus vaste étude jamais menée sur les primates. Les résultats sont alarmants, si nous ne parvenons pas à enrayer leur déclin, les singes pourraient s’éteindre d’ici vingt-cinq à cinquante ans.

L’étude publiée dans la revue Science Advances, le mercredi 18 janvier 2017, s’est fondée sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la littérature scientifique concernant les primates et les bases de données des nations-unies pour produire une méta-analyse sur la situation de toutes les espèces de primates. En analysant les facteurs essentiels à leur existence (statut, menaces, préservation) dans une approche holistique, les chercheurs ont découvert que la plupart des primates étaient dans un état critique.

Les orang-outan de Bornéo ont perdu 60 % de leur habitat entre 1985 et 2007 à cause des plantations d'huile de palme
Les orang-outans de Bornéo ont perdu 60 % de leur habitat entre 1985 et 2007 à cause des plantations d’huile de palme

Ainsi 60 % des espèces sont menacées d’extinction et 75 % des singes sont déjà en déclin. D’après l’UICN, 4 espèces de grands singes sur 6 sont proches de l’extinction. Forêts tropicales, bois tempérés, savanes, les singes sont en danger dans tous leurs habitats. A titre d’exemple, Madagascar, qui figure parmi les 4 pays qui abritent les 2/3 des singes du monde, voit sa population de primates menacée à hauteur de 87%.

Le destruction de l’habitat naturel des primates est directement liée aux activités humaines. Pour commencer l’agriculture intensive et l’exploitation forestière affectent respectivement 76 % et 60 % des espèces. La nécessité de produire du riz, de l’huile de palme, du sucre mais aussi de la viande pour les sociétés humaines a engendré une déforestation sans précédent, détruisant l’équivalent de trois fois, le territoire de la France, sur des zones où vivent les primates.

Il reste moins de 30 gibbons de Hainan en Chine
Il reste moins de 30 gibbons de Hainan en Chine

La construction routière et l’exploitation des énergies fossiles contribuent aussi à détruire les forêts tropicales. Mais n’oublions pas que la chasse et le braconnage menacent également 60 % des espèces. Entre 2005 et 2014, plus de 461 000 singes ont été vendus vivants ou en morceaux pour les zoos, les personnes privées ou la médecine.

Il faudra une révolution des consciences et des actes pour sauver les primates tant les sociétés humaines restent endiguées dans leurs routines industrielles, commerciales et criminelles sans tenir compte de l’environnement. Les singes sont pourtant indispensables à nos écosystèmes, ils favorisent le renouvellement des forêts et tiennent une place importante dans la culture et les traditions humaines.

Malgré tout, les gorilles de montagne sont en hausse
Malgré tout, les gorilles de montagne sont en hausse

Devant l’insuffisance des efforts de conservation, les auteurs de l’étude préconisent, entre autres, un contrôle par les populations locales de la gestion des forêts, une expansion des zones protégées ainsi qu’un processus de reforestation. Si les primates ont survécu au XXe siècle, les chercheurs nourrissent l’espoir de préserver l’existence des singes. Après tout, les gorilles de montagne, bien qu’ils soient le seuls dans ce cas, sont toujours en augmentation dans la région des Grands lacs africains

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