La peur panique des serpents est innée chez les humains. Selon une étude menée par des chercheurs brésiliens et japonais, cette peur aurait grandement contribué à l’évolution sensorielle de l’Homme et démontre que nous ne serions jamais devenus ce que nous sommes aujourd’hui sans eux. DGS vous présente cette étonnante étude.

C’est en 2006 que l’anthropologue Lynne Isbell a relié pour la première fois la peur innée des serpents à l’évolution de l’Homme. Elle justifie cette théorie en expliquant que les mammifères modernes et les reptiles ont commencé à évoluer en même temps, il y a 100 millions d’années. Elle affirme aussi que nos ancêtres auraient dû acquérir une meilleure vision pour discerner plus facilement les serpents du reste du paysage et ainsi les éviter. Elle s’appuie sur le fait que les lémuriens, qui n’ont pas affaire aux reptiles rampants, disposent d’une très mauvaise vue contrairement à ceux qui sont amenés à croiser des serpents.

Cette hypothèse vient de se confirmer davantage avec l’étude de chercheurs japonais et brésiliens qui ont prouvé que les primates étaient capables de reconnaître rapidement et de façon très marquée les images de serpents. Ce mécanisme serait très ancré chez les primates et donc chez les hommes.

Pour mener à bien cette étude, les chercheurs ont pris deux macaques rhésus pour cobayes, nés en captivité dans une réserve japonaise et qui n’ont jamais été confrontés à un serpent de leur vie. Pour analyser leur activité cérébrale, des électrodes ont été branchées dans une structure profondément enfouie de leur cerveau : le thalamus. Plus précisément dans le « pulvinar » qui est la région associée à l’attention visuelle et au traitement des images menaçantes. Ce sont donc en tout 91 neurones qui ont été étudiés. Les deux cobayes devaient regarder au même moment 4 types d’images : des serpents, des visages de macaques (neutres ou en colère), des mains de macaques et des formes géométriques comme des cercles ou des étoiles. La vue d’un serpent a activé 40% des neurones observés et le temps de réaction était raccourci de 15ms par rapport à la vue d’un macaque agressif. Les spécimens semblent donc plus réactifs aux serpents, bien qu’ils n’en aient jamais rencontré un seul.

Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les primates disposent de circuits neuronaux spécifiques à la reconnaissance des serpents et que ceux-ci sont carrément encodés dans l’ADN. Pourtant, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Dans un premier temps, le développement de la vision des primates n’est pas lié à un seul facteur, mais à plusieurs. Ensuite, même si les êtres humains disposent de ce système de neurones et qu’il a contribué à notre bonne vision, ce sont aussi nos expériences qui nous mènent à un meilleur contrôle de nos comportements, pas seulement la vue d’un ou de plusieurs serpents au cours de notre évolution.

Leurs dents acérées et leur langue fourchue ont de quoi donner des frissons… On comprend sans mal que cette peur soit devenue innée chez nous et qu’elle aurait conduit nos ancêtres à évoluer pour faire face au danger. Et vous, est-ce que les serpents vous inspirent de la peur ?

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