Que ce soit par sa qualité scénaristique, par ses acteurs ou par ses très bonnes audiences, Sherlock a su s’imposer parmi les meilleures séries des années 2010 en reprenant et en modernisant le travail de Arthur Conan Doyle. Découvrez comment Holmes et Watson sont revenus sur le devant de la scène grâce à une modification importante de l’oeuvre originale.

Créé en 1887 par Sir Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes a connu de nombreuses adaptations plus ou moins réussies destinées à toute sorte de public et toute sorte de support. En 2010, soit 123 ans après la première apparition du personnage, Steven Moffat et Mark Gatiss décident de dépoussiérer le personnage pour la chaîne anglaise BBC One. Tous deux scénaristes, ils réécrivent l’oeuvre originale pour la replacer dans un contexte contemporain : dorénavant, Sherlock et Watson devront résoudre des enquêtes au XXIe siècle avec toute l’aide que la technologie moderne peut leur offrir.

Cette modification majeure n’avait pas pour but de faciliter le travail des enquêteurs mais au contraire, d’offrir au spectateur des affaires impossibles à résoudre que seul un personnage doté de capacités intellectuelles extraordinaires pouvait comprendre. C’est là la force du duo Gatiss/Moffat qui a su transposer les tourments et épreuves de Conan Doyle à notre époque sans pour autant bafouer le travail de l’écrivain. La BBC n’en attendait pas moins d’une telle équipe : Mark Gatiss n’en était pas à son premier succès et avait déjà scénarisé plusieurs épisodes de la série culte Doctor Who tout en continuant une carrière d’acteur en parallèle dans les adaptations télévisées des oeuvres d’Agatha Christie et plus tard Being Human, Game of Thrones ou London Spy. De son côté, Moffat avait fait ses preuves dans Jekyll et c’est lui qui, en 2005, avait hérité de la lourde tâche qu’était de redonner vie à Doctor Who. Chacun avait déjà adapté des oeuvres littéraires de l’époque victorienne pour la télévision et c’est donc avec toute la confiance de leur chaîne qu’ils ont pu reprendre les rênes de Sherlock Holmes et l’adapter selon leurs souhaits.

C’est donc le 25 juillet 2010 que les spectateurs britanniques ont pu découvrir le nouveau visage de personnages ancrés dans la culture populaire : Sherlock prendrait dorénavant les traits de Bennedict Cumberbatch et Watson serait Martin Freeman.  Le premier avait cumulé les rôles au cinéma, à la télévision et au théâtre sans pour autant se faire connaitre du grand public. Le second était devenu populaire en se joignant aux projets d’Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost dans Shaun of The Dead et Hot Fuzz, ainsi qu’en tenant le rôle principal dans H2G2 : Le Guide du voyageur galactique. Evidemment, ils ne sont pas les seuls personnages de l’oeuvre originale à trouver leur place dans la nouvelle série et presque tous les protagonistes de Arthur Conan Doyle y sont intégrés : Mme Hudson, Lieutenant Lestrade, Mycroft Holmes ou encore Moriarty sont aussi de la partie.

La série a su regrouper en peu de temps un nombre considérable de fans formant une communauté supportrice de Moffat et Gatiss et ce succès s’explique par de nombreuses raisons, la première étant relative aux moyens investis dans la série. En effet, la BBC relève du service public britannique qui investit énormément dans la culture et notamment dans les créations nationales. De plus, les personnages ne sont pas des caricatures ambulantes : chaque épisode marque par sa finesse d’écriture, par la profondeur des protagonistes et par le fait que l’histoire est réellement ancrée dans la réalité. En replaçant les écrits de Conan Doyle à notre époque, Moffat et Gatiss ont pris soin de les intégrer à l’actualité et chacune des enquêtes est résolue grâce aux capacités personnelles des personnages mais aussi par l’utilisation des nouvelles technologies.

Sherlock est aussi rendu attrayant par son format : chaque saison n’est composée que de 3 épisodes d’une heure contrairement aux habituelles saisons d’une vingtaine d’épisodes de 20 à 40 minutes. Avec l’agenda chargé des équipes de tournage, les diffusions des saisons sont très espacées les unes des autres au grand dam des fans qui attendent impatiemment la moindre information ou vidéo officielle sur la série.

Bien qu’ayant été transportée au XXIe siècle, l’oeuvre de Conan Doyle est réellement respectée dans la série : les épisodes sont basés sur les premières aventures du personnage et la trame de résolution de l’enquête est toujours semblable à celle des livres. Le pilote de la série, Une étude en rose, est une adaptation libre de la première aventure de Sherlock Holmes, Une étude en rouge (1887). Cette première oeuvre avait basé le handicap de Watson sur une blessure à l’épaule ce que Conan Doyle a corrigé dans la suite de ses livres en la situant à la jambe. Dans la série, le personnage déclare avoir été blessé à l’épaule mais a développé un boitement psychosomatique. Les amateurs ont aussi remarqué de nombreuses autres similitudes entre les livres et la série : de façon à résoudre son enquête Sherlock Holmes déduit des faits en observant attentivement les rayures d’un téléphone portable. Il en était de même dans l’histoire originale, le portable ayant remplacé une montre à gousset. Le second épisode tire ses rebondissements de deux romans de Conan Doyle, La Vallée de la peur ainsi que Les Hommes dansants et le troisième est le fruit de recherche sur pas moins de 5 romans différents.

Il va sans dire que le succès de la série n’est pas seulement incombable à Mark Gatiss et Steven Moffat. L’oeuvre entière d’Arthur Conan Doyle est d’autant plus précieuse qu’elle est si facilement adaptable et moderne. Rares sont les auteurs à créer des personnages si talentueux, humains et fascinants. Moffat et Gatiss ont su les remettre à leur place : dans les histoires originales, le récit est souvent raconté du point de vue de Watson qui rédige dans un journal ses aventures quotidiennes. Il en est de même dans la série qui a remplacé le journal par un site internet, tout comme Sherlock prend dorénavant plaisir à s’organiser sur le web pour dévoiler ses découvertes et notamment ses études sur les nombreuses sortes de tabac.

Sherlock a su remettre au goût du jour les aventures victoriennes d’un personnage mythique grâce au talent et à la finesse d’écriture de deux hommes passionnés. Si la BBC n’est pas la seule à adapter le personnage, la confiance qu’elle a su mettre en Steven Moffat et Mark Gatiss a su porter ses fruits, apportant une des adaptations les plus réussies de ces dernières années. De tous les épisodes de Sherlock, quel est selon vous celui qui respecte le plus l’oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle ?

 

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