Pour la plupart d’entre nous, The Witcher est avant tout une saga vidéoludique. Mais pour les adeptes de littérature fantastique, le sorceleur Geralt de Riv est avant tout le héros des nouvelles d’Andrzej Sapkowski. Si vous êtes déjà fan des jeux, nul doute que les écrits de l’auteur vous passionneront. Voici un petit tour d’horizon pour mieux se repérer dans cette grande aventure.

Qui est cet Andrzej Sapkowski ? Né en 1948 à Lodz (Pologne), il termine son cycle universitaire avec des études en économie et en commerce. Ne se dirigeant donc pas vers une carrière d’écrivain, la plume trouve pourtant son chemin jusqu’à sa main. Il remporte un franc succès avec ses premiers écrits et décide naturellement d’abandonner sa carrière pour devenir écrivain.

La barrière de la langue ne vous a certainement pas aidé à entendre parler de lui, mais en Pologne, il est connu de tous et est régulièrement dans les meilleures ventes. La saga est maintenant de plus en plus traduite et nul doute que l’intérêt généré par les jeux à l’international va continuer à apporter de nouvelles éditions et traductions de ses écrits.

En parlant de ses écrits, si vous vous êtes déjà un peu renseigné, vous avez dû vous rendre compte que sa bibliographie est assez chaotique pour celui qui voudrait démarrer une lecture de la saga du Sorceleur (version française de The Witcher, donc). En effet, comme la plupart des auteurs de science-fiction et de fantastique, il s’est d’abord fait connaître en publiant des nouvelles dans des magazines du milieu.

Les recueils, une fois réunis et publiés par une maison d’édition, ne contiennent pas forcément que des nouvelles de l’univers du Sorceleur. « Quelque chose s’achève, quelque chose commence », le dernier recueil en date ne contient par exemple que deux nouvelles en rapport avec la série sur les huit présentes dans le livre. Ensuite, vient la publication des romans entièrement basés sur cet univers, puis les rééditions et les traductions. Mais ne vous inquiétez pas, je vais vous expliquer par quoi commencer afin de ne pas vous perdre entre les anthologies et les romans.

L’ordre suivant ne correspond pas nécessairement à celui de la publication (différent de pays en pays), mais plutôt à l’ordre chronologique des événements de l’histoire. Il faut tout d’abord commencer la série du Sorceleur par « Le Dernier Voeu » qui pose les bases de l’univers de Sapkowski et poursuivre avec « L’Épée de la providence » (écrit avant, mais se passant après le premier livre) dans lequel les personnages sont vraiment développés. Après avoir lu les deux premiers tomes, vous avez le choix. En effet, une nouvelle aventure du Sorceleur non liée à l’intrigue principale sort dans quelques jours, « La Saison des orages ». Dans tous les cas, cette histoire se déroule avant le troisième tome, mais n’est pas nécessaire à la compréhension de la saga.

Après cela, il faut lire « Le Sang des elfes », où l’on explore de nouvelles parties du monde. Dans « Le Temps du mépris », véritable concentré d’action, on y suit le personnage clé de Ciri (que vous découvrez certainement ces temps-ci dans The Witcher 3) alors que Geralt s’efface un peu. Mais ne vous inquiétez pas, Geralt revient en force dans le cinquième volume, « Le Baptème du feu », riche en rebondissements. Après deux volumes consacrés à ces deux personnages, il faudra vous atteler au sixième tome, « La Tour de l’Hirondelle », qui offre plus de perspectives différentes, notamment en développant le personnage de Yennefer (que vous connaissez déjà bien si vous jouez aux jeux). L’histoire se termine avec « La Dame du Lac » où les motivations de tous les personnages seront révélées et toutes les intrigues seront clôturées.

Pas de nom de planète étrange, pas même de nom pour l’unique continent de l’histoire. Il est simplement appelé « Continent » par les populations. D’abord colonisé par les elfes, les humains s’y sont installés depuis maintenant 500 ans. Les deux grandes entités politiques séparées par la chaîne de montagnes d’Amelle y sont situées, l’empire de Nilfgaard et les royaumes nordiques. L’empire de Nilfgaard est plus ou moins détesté de tous ceux qui ne vivent pas à l’intérieur. Ils possèdent de loin l’armée la plus organisée et une forte économie qui leur permet de lancer une conquête des royaumes nordiques. Ces derniers, divisés en sept grandes régions, ne sont pas de taille pour lutter contre le grand empire, mais offrent une diversité culturelle qui donne beaucoup de relief à la série. Ils perdent malheureusement trop d’énergie à tenter de forger des alliances et à se trahir entre eux qu’ils ne peuvent répondre de façon efficace à l’invasion nilfgaardienne.

L’univers du Sorceleur est infusé de la mythologie slave, ce qui met la saga à part dans la littérature fantastique actuelle, largement dominée par les Américains. L’atmosphère du Continent doit beaucoup aux contes de Alexander Afanasyev, équivalent polonais de Hans Andersen ou des frères Grimm. Les monstres que doit tuer notre Sorceleur sont majoritairement issus de ce folklore, comme par exemple les vodianoï ou les roussalka. S’il vous arrive de jouer au jeu ou de lire les romans, faites-y attention. Au fur et à mesure que Geralt tranche ou exorcise ces créatures, essayez donc de vérifier si ces créatures existent dans la mythologie slave.

Mais d’ailleurs, pourquoi Geralt tranche-t-il des créatures ? Après tout, qu’est-ce qu’un sorceleur ? Pour faire court, c’est un tueur de monstres sans égal. Il fut entraîné dès l’enfance dans cet unique but. Les enfants sélectionnés dans les écoles de sorceleurs sont exposés à des agents génétiques qui entraînent des mutations et leur confèrent des capacités surnaturelles et une plus grande espérance de vie. Si un jour des gens disparaissent de votre village parce qu’un loup-garou rôde autour, vous pouvez faire une collecte pour engager un sorceleur qui se fera un plaisir de vous en débarrasser.

Il n’y a pas toujours eu autant de monstres dans le monde du Sorceleur, mais il y a 1500 ans, un cataclysme astronomique censé être le résultat d’autres univers rentrant en collision avec celui du Sorceleur fit entrer des créatures diverses et variées sur le Continent. Les elfes prétendent que les hommes font eux-mêmes partie de ces monstres venus d’ailleurs. C’est aussi à partir de ce moment-là que la magie apparut et que les mages commencèrent son étude. D’après l’état du monde dans les jeux et les romans, les sorceleurs ne sont pas près d’être au chômage technique.

La dernière chose à savoir avant de vous plonger dans les romans, c’est peut-être un léger survol des deux autres grands personnages de l’histoire. En l’occurrence, deux femmes. Yennefer de Vengerberg, aux longs cheveux noirs, est une magicienne de presque cent ans qui fut la plus jeune magicienne à intégrer le Conseil des Magiciens. Elle entretient une relation romantique avec Geralt. Grâce à ses pouvoirs, elle peut rallonger sa propre vie et ainsi rester dans ce monde avec Geralt, mais comme ce dernier est devenu stérile suite à ses mutations, elle l’est devenue en utilisant la magie.

Les deux amoureux adoptent Ciri, une petite orpheline. Elle fut entraînée dans une école de sorceleurs par Geralt lui-même sans être soumise aux mutations génétiques. Son entourage remarque par ailleurs qu’elle possède des talents magiques naturels. Elle est celle par qui l’intrigue de The Witcher 3 commence et vous en apprendrez beaucoup sur elle si vous jouez au jeu en plus de lire les livres.

Lire la série du Sorceleur, c’est aussi se laisser tenter par une littérature fantastique à part, inspirée d’une mythologie que nous n’avons pas l’habitude d’explorer. Les livres offrent des dialogues de qualité et des points de vue précis et intéressants à travers des personnages nuancés. Jouer aux jeux vous a-t-il donné l’envie de vous intéresser aux romans ou connaissiez-vous ces derniers avant de jouer à The Witcher ?

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