Le réchauffement climatique est probablement le grand défi du siècle à venir. Un problème de long terme mais sur lequel nous devons vite agir. D’après une récente étude en effet, l’humanité n’a plus beaucoup de temps avant le point de de non-retour.

Des objectifs ambitieux

L’accord de Paris, signé par la totalité des pays du globe est la pierre angulaire de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est le première accord contraignant signé à la suite de négociations de plusieurs décennies. Son objectif :  » limiter la hausse des températures à 1,5 °C  » à la fin du siècle par rapport à l’ère pré-industrielle. Ce traité est l’aboutissement d’un processus de négociation entamé au début des années 1990. Il s’agit d’une indéniable avancée écologique et politique.

Il y a en effet urgence. Les températures sont aujourd’hui en moyenne 1 °C plus élevées qu’au début du XIXe siècle. Une hausse dont les conséquences sont déjà bien visibles : perturbation des écosystèmes, disparition des récifs coralliens, fonte des glaciers et de la banquise, recrudescence des épisodes caniculaires, désertification, multiplications des cyclones… Les scientifiques estiment donc en général qu’au delà de 2 °C, la hausse des températures ferait courir un risque majeur à la survie de l’espèce humaine.

Cet accord est donc en soi un progrès, bien que les intérêts divergents des états aient empêché la mise en oeuvre d’une feuille de route contraignante juridiquement. Les réductions d’émissions se feront ainsi sur la base du volontariat. En outre, de nombreux secteurs de premier plan échappent à la réglementation. Les pays producteurs d’énergies fossiles, comme l’Arabie Saoudite, ont par exemple obtenu qu’on n’y fasse pas mention des énergies fossiles. Les lobbys privés, comme celui du transport maritime et aérien ont eux aussi su tirer leur épingle du jeu. Enfin d’autres problèmes indirects, comme celui de la surpopulation, ont délibérément été absents du débat.


Des mesures insuffisantes 

Les obstacles politiques sont donc nombreux, d’abord en raison des inégalités criantes de richesses à l’échelle planétaire. Est-il légitime de demander à des pays en voie de développement d’abandonner un modèle économique certes polluant mais efficace économiquement ? Tout en assumant leur responsabilités pour l’avenir ces nations rappellent, à juste titre, que leur responsabilité dans les gaz, d’ores et déjà rejetés au cours des deux siècles passés, est minime. Pour contourner ces critiques, les pays les plus développés se sont engagés à leur verser une « aide climatique » d’au moins 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) d’ici à 2020. Or, seuls 16 milliards de dollars ont jusqu’ici été débloqués.

De nombreuses critiques ont été aussi émises par les écologistes. En premier lieu, les moyens mis en oeuvre ne permettent pas d’atteindre les objectifs prévus ! « Même dans le cas d’une mise en œuvre intégrale des engagements pris à Paris, les émissions prévues d’ici à 2030 entraîneront une hausse des températures mondiales de 2,9 à 3,4 °C d’ici la fin du siècle », estime le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). Après l’euphorie des débuts, c’est donc dans un contexte sombre et tendu que les scientifiques rassemblés autour de Christiana Figueres, vice présidente de la Convention mondiale des maires pour le climat et l’énergie, signent une tribune dans la revue Nature. À la veille du G20 d’Hamburg, il s’agit de maintenir les décideurs politiques sous pression.

Le G20 est une rencontre annuelle entre les dirigeants de plus grosses économies de la planète. Ici en 2015 en Turquie

Des signaux encourageants 

La méthode de calcul est au coeur de leur étude. Il s’agit de lier le réchauffement de l’atmosphère à la quantité de dioxyde de carbone émis, sans oublier de rappeler l’importance de chaque degré gagné ou perdu :  » La différence entre 1,5 et 2 °C marque la transition entre la limite haute de la variabilité d’aujourd’hui et un nouveau régime climatique en matière d’extrêmes de chaleur de manière globale ». En prenant en compte le gaz déjà rejeté, ils parviennent à établir un seuil correspondant aux objectifs définis par la COP21. Ainsi pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, nous devrions limiter les rejets à 150 Gigatonnes de CO2. La barre des 2°C serait elle atteinte en 1050 Gigatonnes. Sachant que le volume des émissions est actuellement de 40 Gigatonnes par an, le seuil fatidique des 1,5 °C sera donc franchi dès 2020 !

Sans céder pour autant à la panique, les auteurs de l’étude notent cependant de bons points dans les récentes évolutions. D’abord, l’essor des énergies renouvelables, pierre angulaire de toute politique écologique crédible (les énergies fossiles sont à elles seules responsables 65% des rejets de CO2). Si elles ne représentent que moins d’un quart de la production énergétique actuelle, elles ont le vent en poupe : en Europe, 75% les trois quarts des nouvelles capacités étaient basées sur le renouvelable. Aux États-Unis et en Chine (les deux plus gros pollueurs avec respectivement 15 % et 30 % du total), ce sont les deux-tiers.

Mieux, pour la première fois les émissions stagnent en période de croissance économique. De telles épisodes avaient certes été constatés auparavant, mais ils étaient fortement corrélés à la mauvaise situation économique (début des années 1980, crise de 2009…). Cela fait dire aux scientifiques qu’un « verdissement » de l’économie ne nuit pas à sa croissance. Une idée qui n’a pas malheureusement pas l’air de convaincre jusqu’ici les leaders politiques au premier rang dont Donald Trump.

Part dans les émissions de CO2 par pays

La feuille de route

Le rôle des capitaux financier est pour les signataires au coeur des différentes mesures à prendre. Il s’agit de débloquer des sommes pharaoniques pour financer la nécessaire transition écologique, à travers des green bonds. Ils citent ainsi en exemple les plus grands hedge funds privés (BlackRock et Vanguard), ainsi que le fond souverain de Norvège (le plus important du monde). Ceux-ci ont semblent avoir pris conscience du risque qu’ils courent en finançant des projets dans les hydrocarbures.

Leur rapport est en effet très clair en ce qui concerne la politique énergétique : le pétrole doit désormais être laissé dans les sous-sols. Les centrales à charbon doivent être fermées d’ici 2020. L’énergie renouvelable doit impérativement supplanter ces matières polluantes :  » Tous les pays devraient adopter des plans pour arriver à 100 % de production d’énergies renouvelables « .

Les autres mesures concernent les bâtiments et les infrastructures, qui doivent être impérativement décarbonés d’ici 2050, mais aussi les transports (soutien à la voiture électrique, moteurs moins polluants, développement des transports en commun…), le reboisement (ces puits de carbones qui réduisent le taux de CO2 dans l’atmosphère), et surtout l’efficacité énergique des industries.

Les auteurs sont formels : il ne nous reste que trois ans pour mettre en oeuvre ces mesures si l’on veut préserver un cadre de vie adapté à la survie de notre espèce. Au-delà de cette date, nous devrions brutalement stopper toute émission de gaz à effet de serre pour avoir une chance de rester dans les rails de l’accord de Paris sur le climat. Un scénario improbable et un petit peu effrayant. Espérons donc qu’ils soient entendus.

chiffres de l’an 2000. Les émissions dues aux transports maritimes et aérien ne sont pas comptabilisées
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