Sur les toits d’immeubles ou en bordure de transports ferroviaires, l’agriculture urbaine a le vent en poupe ces dernières années, à tel point que ces potagers majoritairement particuliers s’inscrivent désormais dans de véritables projets civils. Preuve à l’appui, la RATP a signé un accord avec AgroParisTech pour développer une activité agricole sur ses sites franciliens, dans le cadre du Salon de l’Agriculture. Une grande avancée pour le projet « Parisculteurs » de la ville.

Pourquoi la RATP ? Quel objectif pour ce partenariat ?

Si l’agriculture urbaine va occuper de vastes espaces de la ville de Paris dans les prochaines années, la RATP dispose des armes pour montrer l’exemple. En effet, en plus de posséder de nombreuses surfaces propices à l’agriculture urbaine, avec notamment une surface des toits des entrepôts plutôt conséquente, la RATP profite d’un environnement intéressant.  » Nous avons des entrepôts de bus, des immeubles de bureaux, des centres informatiques, des sites désaffectés qui peuvent accueillir des plantes « , explique Guillemette Karpélès, directrice générale de la filière immobilière de la RATP.

 » On peut aussi envisager d’utiliser la chaleur fatale émise par les data centers, ainsi que de récupérer les énormes volumes d’eau que la RATP est obligée de pomper tous les jours pour garder ses installations souterraines au sec afin d’arroser les plantations « , précise Christine Aubry, ingénieur de recherche à l’Inra et responsable d’une unité de recherche sur l’agriculture urbaine à AgroParisTech. En effet, si les bâtiments de la RATP pourraient accueillir dès 2020 4 hectares de végétalisation, dont un 1,4 hectare dédié à l’agriculture, la firme de transports attend d’AgroParisTech qu’elle leur dise ce qui est « raisonnablement possible de faire ».

Toit d’AgroParisTech

Vers des cultures souterraines

Même les endroits les plus improbables, si vastes soient-ils, peuvent faire preuve de beaucoup de fertilité. D’ailleurs, la RATP possède de nombreuses galeries souterraines désaffectées susceptibles d’accueillir des plantations de champignons et d’endives entre autres. C’est là qu’intervient AgroParisTech, afin de faire l’inventaire des lieux propices à la végétalisation. Toutefois, la RATP n’est pas le seul acteur concerné. En effet, la ville de Paris qui avait lancé un premier appel à projet de « Parisculteurs » en novembre dernier pour végétaliser la capitale, a lancé un second appel le jour de la signature du partenariat entre la RATP et AgroParisTech.

Ainsi, plus d’une trentaine de sites ont été identifiés que ce soit sur des toits de bâtiments, en sous-sol ou à l’intérieur de ceux-ci. À l’image du toit-terrasse du gymnase de la Cour des Lions dans le XIe arrondissement, les projets fonctionnent beaucoup à l’hydroponie où les plantes sont nourries et arrosées hors sol. Dans un autre registre, la start-up Cycloponics va faire pousser légumes et champignons au niveau -2 du parking abandonné d’une barre HLM de la porte de la Chapelle. Au total, le projet « Parisculteurs » prévoit la végétalisation de 100 hectares de bâtiments urbain d’ici à 2020.

La Caverne, le projet de ferme urbaine souterraine développé par Cycloponics

Jusqu’où ce projet peut-il aller ?

Le rôle d’AgroParisTech est très important, et est sollicité sur des axes de recherche bien définis.  » Nous examinons ainsi depuis deux ans la pollution des végétaux par les HAP et les métaux lourds présents dans l’air des villes afin de prévenir tout risque sanitaire « , spécifie Christine Aubry.  » Jusqu’ici nous n’avons rien constaté, mais les recherches se poursuivent « . En effet, le but est de mesurer l’impact de la pollution atmosphérique urbaine sur les cultures maraîchères qui vont être installées sur 4 sites de la RATP dont son siège du Quai de la Rapée.

De plus, d’autres programmes de recherche portent sur la caractérisation des sols urbains, le climat particulier des villes, l’impact des végétaux sur la qualité de l’air, l’utilisation des déchets ménagers comme compost, la création de systèmes alimentaires urbains. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !

La ville de Paris pourrait compter 100 hectares de bâtiments urbain d’ici 2020
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