Comme beaucoup d’animaux exotiques, les rhinocéros sont victimes des trafics qui se développent autour de leur précieuse corne. Actuellement, il ne reste plus que 29 500 rhinocéros à la surface de la Terre, tant leur population a été décimée par le braconnage. Très investi dans la protection des rhinocéros unicornes indiens, le parc national de Kaziranga est parvenu à protéger l’espèce… au prix de la vie des braconniers.

Particulièrement prisée par le Viêt Nam et la Chine, la corne de rhinocéros cristallise certaines croyances dont l’idée qu’elle serait dotée de vertus médicinales. D’après le millionnaire Dawie Groenewald, chef de file du plus gros trafic de cornes de rhinocéros du monde, la corne de rhinocéros blanc peut atteindre jusqu’à 5 800 euros le kilo sur les marchés noirs d’Afrique du Sud. Qu’ils soient tués ou exploités (la corne de rhinocéros a la particularité de repousser), la survie des rhinocéros d’Afrique et d’Asie du Sud-Est est gravement menacée. Deux ou trois rhinocéros sont tués chaque jour dans le parc national Kruger en Afrique du Sud.

Un rhinocéros via Depositphotos

Qui aurait pu penser que le rapport puisse s’inverser ? Dans le parc national Kaziranga situé au nord-est de l’Inde, les braconniers sont abattus quand ils tentent de tuer les rhinocéros. Il y a cent ans, les rhinocéros indiens étaient sur le point de disparaître dans la région. Bien qu’il soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, les braconniers avaient pris l’habitude de venir chasser les rhinocéros dans le parc de Kaziranga. Pour faire cesser ces massacres, le gouvernement régional d’Assam a donné carte blanche aux gardiens de la réserve pour protéger les rhinocéros. Ces derniers ont ainsi reçu la permission de tirer à vue sur tout braconnier avéré ou potentiel.

Ainsi, une cinquantaine de braconniers ont été abattus en trois ans. D’après un documentaire diffusé par la BBC, plus d’hommes que de rhinocéros sont morts en 2015 pour un rapport de 23 contre 17. Aussi controversable et amorale soit-elle, cette mesure a permis de préserver les rhinocéros tout en permettant à l’espèce de prospérer. Aujourd’hui le parc national Kaziranga rassemble les deux tiers de la population mondiale de rhinocéros unicornes, soit environ 2400. Si les résultats sont là, cette mesure pose la question de savoir s’il est humainement envisageable de porter atteinte à la vie de nos semblables pour protéger les animaux, comme le suggère le titre du documentaire de la BBC : Our World : Killing for Conservation.

Des rhinocéros via Depositphotos

S’il est déjà contestable de prendre la vie d’un homme, ici les gardiens jouent à Dieu sans juges ni procès. La peine de mort, déjà très discutable, ne peut s’appliquer sans qu’il y ait eu un examen précis de l’accusation. Résultat, ce laxisme juridique autorise toutes les dérives, et pourrait frapper des innocents. Nombreux sont les braconniers qui utilisent des villageois pour traverser la réserve et les exposent ainsi aux tirs des balles. Bien que les gardiens aient pour ordre de faire sommation avant de tirer, cela n’a pas empêché un enfant de 7 ans d’être blessé par balle à la jambe… 

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