Si elles n’épatent pas spécialement par leurs histoires, certaines séries télévisées sont remarquables par leur technique. Orphan Black est de celles-ci : sur fond de complot, la série nous dévoile différents personnages de même physique, interprétés par la même actrice et interagissant les uns avec les autres. Dans un contexte sombre et violent, les héroïnes d’Orphan Black nous font oublier le travail de leur actrice. SooGeek s’est penché sur les coulisses de la série.

 

Diffusée pour la première fois en 2013, cette série télévisée canadienne a de quoi surprendre, à commencer par son scénario. Sarah est une jeune femme orpheline qui a eu une vie compliquée. Marginale, elle aura passé sa vie à fuir les responsabilités et après une absence de 10 mois, elle revient à Toronto pour retrouver un semblant de vie normale. Alors qu’elle s’apprête à quitter le quai de la gare, elle aperçoit une femme prête à se jeter sur les rails. Assistant à la mort de l’inconnue, Sarah fait le choix de saisir son sac à main et y découvre des éléments qui vont changer sa vie.

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En cherchant l’identité de la jeune femme, elle prend conscience qu’elles sont toutes deux physiquement semblables. Sarah décide alors de prendre son identité et sans s’en rendre compte, s’engouffre dans une histoire sombre, empreinte de complots et de criminalité. Elle découvrira que la femme qu’elle a vue mourir n’est autre que son clone et que de nombreux autres existent. Tous ont été créés par une organisation qui fait son possible pour garder un œil sur eux.

A l’écran, Sarah n’est autre que Tatiana Maslany, une actrice canadienne aperçue, entre autres, dans La Femme au tableau ou encore Parks and Recreation. En signant pour ce rôle, elle s’est aussi engagée à interpréter ceux des clones de Sarah : Elizabeth Childs, Cosima Niehaus, Alison Hendrix, Helena, Rachel Duncan, Katja Oblinger, Jennifer Fitzsimmons ou encore Tony Sawicki.

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La tâche aurait certainement pu être facile si les rôles se ressemblaient mais c’est sans compter sur l’ingéniosité des pères de la série, Graeme Manson et John Fawcett, qui ont imaginé des personnages tous plus différents les uns des autres. En grandissant, Sarah est devenue un escroc, vivant de larcins et d’arnaques orchestrés avec son petit ami Vic. Sa vie change du tout au tout lorsqu’elle découvre l’existence de ses clones et c’est avec l’aide de son frère adoptif Félix qu’elle tente de faire la lumière sur les mystères qui l’entourent. Sa première rencontre avec un clone se fait avec Beth Childs, une détective déjà au fait de l’existence des clones.

Cosima est le troisième protagoniste rencontré : brillante étudiante en biologie et microbiologie, elle poursuit son cursus scolaire dans le Minnesota. Vient ensuite Alison Hendrix, une mère de famille courageuse que rien n’arrête. Mère adoptive de deux enfants, elle vivait paisiblement en banlieue avec son mari lorsqu’elle a découvert l’existence de ses sœurs. Helena est certainement l’élément le plus dérangeant de la fratrie. Elevée en Ukraine dans une secte religieuse, elle fut très tôt formée à tuer ses clones. Rachel connut une vie plus simple : à la naissance, elle fut gardée par les scientifiques qui lui ont très tôt révélé une partie du mystère dont elle est issue. Vous l’aurez compris, d’autres clones sont rencontrés au fur et à mesure de la série et tous ont un passé et un caractère différents.

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Pour entrer dans la peau des nombreux personnages qu’elle doit incarner, Tatiana Maslany utilise différentes méthodes et la première, aussi surprenante soit-elle, passe par la musique. Plusieurs playlists ont été créées en fonction des personnages, toutes correspondant au caractère et à l’état d’esprit des clones. La seconde passe par la danse : en bougeant son corps différemment pour chaque personnage, l’actrice arrive à leur créer des attitudes propres. Ainsi, Alison est apparentée à la danse classique, Cosima à une danse de rave, etc.

De plus, l’actrice est aidée dans son travail par plusieurs personnes : une doublure nommée Kathryn Alexandre qui interprète, elle aussi, tous les rôles des clones, un linguiste pour l’orienter quant à la prononciation des accents des personnages (les clones ont tous vécu dans des pays différents) et enfin, une équipe entière est chargée de s’assurer qu’il n’y a pas de faux raccord. Appelée « équipe de continuité », cette dernière doit vérifier que l’actrice n’intervertit pas les comportements de ses personnages.

L’affaire se complique bien évidemment lorsqu’une scène regroupe deux personnages : lorsqu’un des clones est filmé de dos, il est alors interprété par sa doublure mais si les visages des deux personnages sont visibles, l’organisation change. Tatiana Maslany se repère alors aux marquages au sol et sur les murs pour fixer son regard et positionner son corps.

Maslany joue deux fois chaque scène par protagoniste : la première fois a lieu avec un doubleur permettant de calculer le temps de réaction à chaque interaction mais aussi les ombres et les moments d’arrêt. La seconde fois, l’actrice joue seule son rôle et parle seule en imaginant l’autre personnage l’écouter. La technique Technodolly permet de rendre les scènes fluides : les caméramans utilisent une caméra télescopique qui mémorise une grande partie des mouvements des clones pour retransmettre un certain réalisme au spectateur. Une fois les différents plans enregistrés, la magie opère en postproduction et les personnages sont mis face à face.

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Vous l’aurez compris, le travail de l’actrice n’est pas de tout repos et pour cause, il est entièrement basé sur la compréhension de ses multiples personnages. A ce propos, elle a déclaré : « Le vrai sujet d’Orphan Black, c’est l’identité, ce qui détermine notre unicité, et fait de nous des êtres humains différents les uns des autres. »

S’il ne nous appartient pas de juger la série sur les différents retournements de situation et le développement de son scénario, la capacité de l’actrice à incarner avec talent les héroïnes de la série reste remarquable. En entrant tour à tour dans la peau de ces héroïnes, Tatiana Maslany a su s’imposer comme une actrice de talent dans une œuvre ô combien difficile. Si elle n’est pas la première à réaliser cet exploit, il est bon de noter que tous les acteurs n’ont pas réussi à faire aussi bien.

 

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