Si les sociétés actuelles apparaissent toutes plus ou moins similaires dans leur organisation et leur système de valeurs, une ethnie chinoise se démarque tout particulièrement : celle des Moso. Régi par les femmes et doté de principes qui lui sont propres, ce peuple asiatique met le vivre-ensemble au coeur de son quotidien.

Dans le sud-ouest de la Chine, près de la frontière tibétaine, se trouve un peuple atypique d’une population de 30 000 à 60 000 habitants. Vivant autour du lac Lugu, sur les rives des régions chinoises du Yunnan et du Sichuan, ils disposent d’une organisation sociale vieille de 800 ans et qui leur a valu le titre de peuple modèle, distinction décernée par l’ONU à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’institution internationale.

Moso-5

CETTE SOCIÉTÉ MATRIARCALE A UNE ORGANISATION SOCIALE VIEILLE DE 800 ANS

Chez cette ethnie matriarcale, les enfants passent toute leur vie dans la maison familiale que la mère administre. Plus généralement, les femmes sont au coeur de la vie de la communauté et ce sont elles qui gèrent le patrimoine de la famille, transmettent le nom, héritent des biens et cultivent les champs durant la journée.

Et lorsque la mère de famille décède, c’est l’aînée de ses filles qui la remplace et devient « Ama » ou « Dabou » selon l’appellation utilisée dans le village. Elle décide alors des tâches à accomplir au quotidien, donnant ses instructions et gérant la maison où vivent les autres membres de la famille.

Les hommes, pour leur part, s’occupent des enfants lorsque les femmes sont aux champs, et s’attellent à la construction des maisons et à la gestion des affaires extérieures du village. Plus étonnant encore, ils assument un rôle paternel sur leurs neveux et nièces car cette responsabilité n’incombe pas aux géniteurs eux-mêmes, mais aux oncles, qui ont bien plus de droits sur les enfants que les vrais pères.

Une magnifique femme Moso vêtue de sa robe traditionnelle dans un champ de fleurs de Cosmos bipinnatus / Yu Zhang / Shutterstock.com

LES HOMMES S’OCCUPENT DES ENFANTS, LES FEMMES TRAVAILLENT

Les membres masculins d’une famille peuvent aussi être envoyés au Tibet, si leur mère accepte, pour recevoir une formation de Lama de la part de grands maîtres bouddhistes afin de finalement revenir dans leur village pour en devenir des chefs religieux.

Dans l’optique d’entretenir l’harmonie essentielle aux Moso et fondatrice de leur organisation, les relations amoureuses répondent, elles aussi, à des codes différents des sociétés « classiques ». Par exemple, à l’âge de 13 ans, chaque enfant atteint sa majorité et les filles disposent alors de leur propre chambre. Elles sont donc libres de découvrir le sexe, mais aussi d’attendre le temps qui leur paraît nécessaire avant de faire cette expérience.

© Wikipédia / La Déesse Gemu des Moso
La déesse Gemu des Moso / © Niflheim974 / Wikipedia

Plus tard, les femmes choisissent de présenter leur compagnon à l’ensemble du foyer et il est accepté comme un ami de la famille. Il est alors amené à participer à la vie collective des autres membres, comme en s’occupant des enfants de sa compagne, même s’ils ne sont pas de lui.

D’ailleurs, les Moso ne se marient pas et chacun vit sa sexualité selon son bon vouloir, sans notion d’engagement. Car ils considèrent l’union maritale comme une menace à l’harmonie et estiment qu’elle revient à une forme d’illusion. Ainsi, lorsqu’ils forment des couples, les deux partenaires ne se promettent pas la fidélité ou d’autres types d’engagement, sans que cela n’implique pour autant qu’un des deux amants couche avec un autre partenaire. Seulement, les Moso estiment ne pas devoir se faire de promesse qui pourrait être brisée.

femme-moso
© Himangframe / Wikipedia

La sélection des partenaires amoureux, elle, se fait notamment lors de fêtes au cours desquelles les Moso dansent et séduisent de potentiels partenaires. Mais ils ne cherchent pas à se cacher et personne ne juge ses congénères sur sa manière de charmer ou sur son choix amoureux. Et lorsqu’une rupture survient, celle-ci se fait dans un respect mutuel, toujours au nom de la valeur la plus importante du peuple matriarcal : l’harmonie.

Les Moso et leurs coutumes apparaissent particulièrement surprenants tant nos sociétés sont habituées à d’autres organisations sociales. Mais ce peuple semble avoir trouvé un fonctionnement tout aussi – voire plus – viable que celui auquel s’est désormais accoutumé le reste de l’espèce humaine et celle-ci pourrait assurément s’en inspirer. Si les cultures méconnues vous intéressent, découvrez également les origines de la Santeria, cette religion afro-caribéenne fascinante.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments