Dessinant des mangas depuis son adolescence, Masakazu Katsura est devenu une légende de l’industrie de la bande dessinée japonaise en se spécialisant dans le shonen romantique tout en mélangeant le genre avec de la science-fiction. Retour sur la vie et la carrière d’un mangaka qui a profondément marqué les années 90 de son coup de crayon.

 

Né le 10 décembre 1962 dans la préfecture de Fukui, Masakazu Katsura s’intéresse au dessin depuis ses jeunes années, mais se passionne surtout pour les romans et le cinéma. C’est seulement alors qu’il est forcé de rester au lit pendant plusieurs semaines suite à une maladie qu’il prend le temps d’apprendre à dessiner sérieusement et à se concentrer principalement sur sa passion. En revenant à l’école, il s’inscrit dans un concours, le Tezuka Award, qu’il gagne et lui permet de mettre un premier pas dans le monde de l’industrie du manga. Son premier manga, Wing-Man, sort en 1983 sur treize volumes et raconte l’histoire d’un jeune homme passionné de super-héros qui décide de construire son propre costume.

 

 

Bien sûr, tout n’est pas si simple et Katsura mélange pour la première fois ses aventures d’apparence réaliste à un élément de science-fiction avec une dimension parallèle d’où sort une princesse qui va bouleverser la vie du héros. Ce schéma narratif ou du moins la structure de l’élément perturbateur est la même que ce que l’on retrouve dans son premier grand succès : Video Girl Ai, publié de 1989 à 1992 sur quinze volumes. C’est l’histoire de Yota, un jeune homme plutôt banal qui apprend au début de l’aventure que celle qu’il aime est amoureuse de son meilleur ami, Takashi. Alors qu’il rentre chez lui déprimé par la nouvelle, il remarque un vidéo-club plus ou moins étrange et qu’il n’avait jamais remarqué. La pancarte indique « Paradis » et il décide d’entrer pour se changer les idées.

 

 

Ce qu’il ne sait pas, c’est que les vidéos en question sont magiques et contiennent des « video girls« , c’est-à-dire des filles qui viennent à la vie en sortant de l’écran de télé lors de la lecture de la vidéo. Sans savoir tout ça, Yota achète une vidéo censée lui remonter le moral et une fois rentré chez lui, enfonce la VHS dans le magnétoscope. Quelques minutes plus tard, Ai Amano sort de l’écran pour égayer sa vie et le convaincre de reprendre confiance en lui et de poursuivre sa quête amoureuse. Ayant lu la vidéo avec un magnétoscope défectueux, Ai est endommagée par la lecture et peut maintenant ressentir des émotions humaines. Les deux personnages se rapprochent alors de plus en plus jusqu’à tomber amoureux l’un de l’autre. Une histoire touchante et brillamment écrite.

 

 

Dès l’arrêt de Video Girl Ai, Katsura passe à l’écriture de DNA² et nous présente Junta, un jeune homme avec un problème atypique : il vomit dès qu’il est attiré par une femme. Alors qu’il pense sa condition irrécupérable, il fait la rencontre de Karin Aoi, une fille venue du futur lui annonçant que la planète du futur est vouée à un problème de surpopulation et qu’elle est en mission dans son époque pour modifier l’ADN de certaines personnes pour changer le cours du destin. Encore une fois, Katsura se rattache à la science-fiction pour donner plus de relief à ses comédies romantiques. Mais cela ne va pas rester le cas bien longtemps puisque de 1997 à 2000 sort I »s.

 

 

L’histoire simple et commune à la plupart des adolescents. On y suit Ichitaka Seto, un lycéen de 16 ans follement amoureux de sa camarade de classe, Iori, mais ne pouvant se résoudre à lui avouer. Alors que plusieurs tentatives angoissantes pour le protagoniste échouent encore et encore, le lecteur pressent que ses sentiments sont peut-être réciproques. Mais la dynamique de sa vie change lorsque son amie d’enfance, Izumi, revient au Japon après avoir grandi aux États-Unis. Izumi est par contre très ouverte quant à son attirance émotionnelle et sexuelle envers Seto, ce qui le déstabilise complètement et lui fait perdre tous ses repères. L’histoire peut sembler très banale, mais la qualité de l’écriture et la justesse de la psychologie adolescente entrainent facilement le lecteur au fil des tomes alors que l’on voit passer les sublimes dessins du mangaka.

 

Avec Zetman, un one-shot devenu un manga publié sur plus de dix ans et ses nombreux mangas romantiques, Katsura est l’une des figures emblématiques du manga des années 90. Ses récentes collaborations avec le légendaire Akira Toriyama ne font que renforcer l’image de mangaka de qualité qu’il entretient depuis maintenant plus de vingt ans. Avez-vous déjà lu un manga de Katsura ?

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