Les classiques de la littérature française s’adaptent en manga. Une nouvelle preuve que ce média propre au Japon continue d’embrasser tout type d’histoire, pour toute sorte de public. Et maintenant, ces adaptations « reviennent » en France en étant publiées chez nous, et certains ne peuvent s’empêcher de considérer le phénomène avec curiosité. SooGeek revient avec vous sur ce dialogue entre cultures.

 

La culture japonaise, qu’elle soit traditionnelle ou moderne, nous attire. Mais l’inverse est également vrai : au Japon, la culture occidentale, et plus particulièrement la culture française, fascine. Et cette fascination se retrouve dans les mangas, le puissant média emblématique du pays du Soleil-Levant. Dans les années 1970 et 1980 le manga La Rose de Versailles, très librement inspiré de l’histoire du chevalier d’Éon, a popularisé la représentation d’une France romancée et romanesque dans la bande dessinée japonaise. Pays du romantisme, de la noblesse et de l’élégance, la France a toujours joui d’une aura particulière dans l’imaginaire populaire japonais.

 

L’une des multiples adaptations en manga des Misérables de Victor Hugo :

 

Ce n’est donc pas une surprise si encore de nos jours des classiques littéraires français sont adaptés en mangas. Les Misérables de Victor Hugo, À la recherche du temps perdu de Marcel Proust ou encore Le Rouge et le Noir de Stendhal ont été par exemple adaptés en manga. Les Misérables d’ailleurs, sans doute l’un des classiques français les plus populaires au monde, a déjà été adapté de nombreuses fois en mangas, certains de ces derniers étant à leur tour adaptés en animés pour la télévision nippone, le dernier en date ayant été diffusé en 2013 à la télévision japonaise. On retrouve d’ailleurs dans ces productions le style graphique que l’on associe généralement aux mangas, avec les grands yeux qui séduisent ou horripilent, c’est selon.

 

Une image de la dernière série animée Les Misérables, elle-même tirée d’un autre manga Les Misérables que celui montré plus haut :

 

Cependant ces oeuvres ne vivent plus seulement au Japon, puisque des éditeurs nord-américains et européens ont entrepris de publier ces adaptions dans nos vertes contrées. Si au Japon ces mangas rencontrent le succès grâce à l’aura française dont ils sont empreints, chez nous, c’est l’argument inverse qui est mis en avant pour les promouvoir : ce sont des mangas. En effet, les éditeurs comme Udon Entertainment au Canada ou Nobi Nobi en France insistent sur le fait que justement parce qu’il s’agit de classiques adaptés sous forme de mangas, ces productions présentent un attrait pédagogique. Là où les mangas sont encore vus par certains comme sans intérêt artistique et culturel, ces adaptations se parent donc d’un vernis de respectabilité.

 

Le manga À la recherche du temps perdu d’après Marcel Proust :

 

Si ces mangas font certes, par principe, disparaitre tout l’aspect textuel des oeuvres, c’est pour en faire une adaptation visuelle ; et ce, avec un style visuel qui justement ouvrirait l’accès de ces oeuvres à un public qui leur serait resté fermé autrement, à savoir un jeune public adepte de mangas. Comme le disent leurs éditeurs, ces mangas donnent un rendu visuel à des oeuvres purement textuelles, à une époque où les médias narratifs sont majoritairement basés sur l’image. De cette manière, ces adaptions démocratisent ces trames narratives en leur donnant une nouvelle efficacité. Et ces mangas n’entendent bien sûr pas remplacer les oeuvres dont ils sont tirés, mais plutôt à les faire découvrir et, pourquoi pas, attirer de nouveaux lecteurs vers elles, qu’ils soient français ou japonais.

 

Le manga Le Rouge et le Noir d’après Stendhal :

 

On ne sait pas trop quoi penser de ces mangas… Certes le texte et le style d’origine disparaissent, mais c’est pour être retranscrits en images, et l’histoire en elle-même reste. Adapter des classiques de la littérature française en mangas peut rebuter les puristes, mais pour le néophyte cela peut être un moyen comme un autre d’approcher ces oeuvres. Et cela permet, mine de rien, à ces romans d’acquérir une nouvelle vie. Aimeriez-vous (re)découvrir ces classiques en mangas ?

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