Les mythiques félins des montagnes orientales ne sont plus classés comme « espèce en danger ». L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a revu ses critères à la baisse : désormais, les léopards des neiges sont une « espèce vulnérable ». Un doux euphémisme qui célèbre la victoire d’une bataille, mais pas celle la guerre…

 

Himalaya mon amour

Les panthères des neiges ont choisi pour tanière la plus haute chaîne de montagnes qui soit. Étirée sur plus de 2 400 km et offrant des conditions de vie d’une rudesse inouïe, l’Himalaya est le refuge idéal pour ces gracieux prédateurs en quête d’anonymat. Les pics enneigés du massif abriteraient pas moins de 4 000 individus, selon les derniers recensements. Un chiffre inattendu qui a conduit l’UICN à revoir la classification des félins asiatiques : ils sont une « espèce vulnérable ». Ils sont toujours répertoriés dans la grande catégorie des « espèces menacées », mais l’alerte est passée du orange au jaune. Un soulagement tout relatif…

Inscrits parmi les « espèces en danger » depuis son premier recensement dans les années 1970, le léopard des neiges habite les régions les plus inhospitalières et reculées du monde. Alors quand les chercheurs doivent estimer leur population tous les 5 ans, on imagine aisément que leurs chiffres ne puissent être exacts à 100 %. Et c’est justement cette approximation – malgré des outils beaucoup plus performants que la feuille de route – qui est à l’origine d’un schisme au sein de la communauté scientifique.

Un label qui enflamme

L’animal est étudié de près par des dizaines de chercheurs. Une partie d’entre eux soutient que l’animal est toujours aux prises avec son environnement ; une raison suffisante pour le laisser figurer sur la liste des « espèces vulnérables » selon eux. Leurs détracteurs en revanche, se félicitent de ce déclassement : la population des panthères himalayennes est beaucoup plus élevée que prévue.

« Pour qu’une espèce soit considérée comme « en danger, » elle doit compter moins de 2 500 représentants adultes, et subir une importante chute démographique », assure le Dr. Tom McCarthy. Le directeur du Snow Leopard Programme, rattaché à l’association Panthera et dédiée à la sauvegarde des félins, nous met en garde : « L’espèce fait toujours face à un « risque probable d’extinction à l’état sauvage » et continue de dépérir – mais pas à la vitesse que nous prévoyions. »

Gardez le champagne au frais

Le déclassement des léopards des neiges est une bonne nouvelle, mais elle ne doit pas leurrer les scientifiques. Les dangers que rencontrent les panthères sont toujours aussi nombreux, et se résument tous au facteur humain : traqués pour leur épaisse fourrure tachetée noire et blanche, qui ferait se damner Cruella ; pourchassés par les éleveurs à cause de leurs attaques répétées sur le bétail… L’Homme est le principal fautif. Dans une moindre mesure, nous pourrions aussi évoquer les changements climatiques, qui incitent ces nobles chasseurs à fuir toujours plus haut dans les montagnes.

L’alerte extinction a été baissée d’un cran, mais la vigilance doit demeurer une priorité. Les efforts conjugués des écologistes et de la communauté scientifique tout entière pourront permettre la sauvegarde et l’étude de ce noble animal trop méconnu du grand public. Et pour terminer sur une note positive et pleine de sagesse, un petit extrait de Walter Mitty où apparaît (en CGI) le « félin fantôme ».

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