Sans conteste, Le Monde De Narnia fait partie des œuvres littéraires fantastiques parmi les plus fameuses. Ecrite par l’auteur irlandais C. S. Lewis, ami de Tolkien, elle a su traverser les décennies et même être adaptée au cinéma tout comme le fut Le Seigneur des Anneaux. Développée entre 1949 et 1954, l’oeuvre est composée de 7 tomes, a été traduite en 47 langues et a été vendue à 100 millions d’exemplaires. Véritable succès anglo-saxon à l’image de la trilogie de Tolkien, elle mérite aujourd’hui d’être à nouveau sous les projecteurs !

Pendant la Seconde Guerre mondiale (plus précisément la Bataille d’Angleterre), pour échapper aux bombardements de Londres, quatre enfants (Peter, Edmund, Susan et Lucy Pevensie) sont envoyés par leurs parents dans le vieux manoir du vieux professeur Kirke pour s’y réfugier. Et une après-midi, durant une partie de cache-cache, Lucy la benjamine, découvre une armoire mystérieuse donnant accès à un autre monde. Cette armoire a été fabriquée par le professeur Kirke, dans son enfance, avec le bois d’un pommier magique provenant du monde féerique de Narnia.

Mais aujourd’hui ce n’est pas tant sur l’histoire que nous nous attarderons mais sur ce qui entoure l’oeuvre. Tout comme Tolkien, C. S. Lewis est un universitaire ayant fait de brillantes études en philosophie, lettres classiques et littérature anglaise. Il a une passion grandissante tout au long de sa vie pour la mythologie celtique et nordique qu’il a étudiée longuement. Toujours comme Tolkien, avec qui il était très proche, Lewis faisait partie d’un club littéraire fameux du nom de Inklings (en anglais littéralement « soupçons », mais aussi un jeu de mots avec ink « encre »). En littérature, les Inklings défendent la valeur de la fiction narrative, et apprécient tout particulièrement le genre fantastique. Les valeurs chrétiennes sont aussi importantes à leurs yeux, et notablement présentes dans l’œuvre de plusieurs Inklings. D’ailleurs l’importance de la religion chrétienne dans Narnia fut souvent critiquée. Fervent chrétien depuis 1931, C. S. Lewis a écrit de nombreux livres sur la religion chrétienne, et l’univers de Narnia possède de nombreux points communs avec le monde chrétien et ses traditions.

Philippe Maxence, auteur de Narnia décrypté, explique ainsi : « Les mœurs de Narnia ne sont pas celles des Grecs, des Romains ou des rudes hommes du Nord. Sont-elles alors celles d’un monde anti ou au moins areligieux ? Pas davantage ! Au contraire de notre société sécularisée, Narnia est un monde profondément religieux. Si religieux que l’organisation politique, les mœurs individuelles et sociales jusqu’au « sens de l’histoire », pour reprendre une terminologie marxiste, se conçoivent en fonction de Dieu. » L’univers créé par Lewis possède un dieu unique : Aslan. Pour les Narniens, le bien incarné est le sauveur qui délivrera le monde de la sorcière blanche ou de Tash, dieu monstrueux des Calormènes (le mal incarné). De nombreuses allégories du Christ sont présentes. On peut citer Aslan (le grand lion) qui se sacrifie pour racheter les fautes d’Edmund, Aslan toujours qui apparaît à un moment bien précis sous la forme d’un agneau (le Christ étant souvent appelé l’Agneau de Dieu). De plus un des fils rouges de la saga est la rédemption, thème chrétien par excellence. Inversement certains accusent l’oeuvre de paganisme, le Christ prenant justement la forme d’un lion anthropomorphique.

Lewis a été largement lu et puisé dans la littérature celtique médiévale, une influence qui se ressent dans les livres, et plus fortement dans L’Odyssée du Passeur d’Aurore. Le livre entier imite un des Immrama, un type de conte ancien irlandais traditionnel qui combine des éléments du christianisme et de la mythologie irlandaise. L’Irlande médivale  avait aussi une tradition de hauts rois régnant sur ??des rois et des reines de plus petite ampleur ou petits princes, comme dans Narnia. Lewis utilise dans son livre le terme « Cair », qui signifie « forteresse » dans la langue galloise. Certaines créatures dans le livre reflètent quant à elles des éléments de la culture romaine, tandis que d’autres créatures de Narnia sont empruntés à la mythologie grecque et germanique : par exemple, les centaures ou encore les nains.

On peut aussi constater que C. S. Lewis s’est beaucoup inspiré de la culture turque et ottomane : Tarkaan est un prénom turc, la friandise dont Edmund raffole est un loukoum, une spécialité de la Turquie, Aslan veut dire lion en turc, on prononce toutes les lettres [aslane]. Le cimeterre est un sabre oriental et Tash veut dire pierre en turc. Mais on peut aussi citer des sources typiquement latines comme le mot seul de Narni qui découle d’une ville en Italie, appelée aujourd’hui Narni, et en latin Narnia.

Le moins que l’on puisse dire c’est que C. S. Lewis possède une culture colossale à l’image de son ami Tolkien qui était exactement du même milieu professionnel que lui. Les deux hommes ont d’ailleurs de nombreux points communs. Quoi qu’il en soit, Le Monde de Narnia a su s’imposer à travers les décennies jusqu’à avoir droit à une adaptation cinématographique de grande ampleur dans les années 2000. Bien loin d’être une simple oeuvre de fiction, celle-ci s’impose comme un véritable chef-d’oeuvre de la littérature fantastique. Avez-vous lu Le Monde de Narnia ? Ou seriez-vous prêt à le lire après avoir pris connaissance de ces informations ?

 

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