L’interdiction d’un jeu vidéo peut sembler surprenante, mais c’est malheureusement le cas dans certaines régions du monde. Pour les gouvernements de ces pays, la limite doit être tracée lorsqu’un jeu vidéo inclut de la violence ou va à l’encontre des préceptes d’une religion. Souvent blâmés par les anciennes générations pour expliquer la délinquance de la nouvelle, les jeux vidéo sont devenus le principal bouc émissaire en ce début de XXIe siècle.

 

Football Manager 2005 – Chine

Dans Football Manager, le joueur gère une équipe de football et tente de faire progresser cette dernière dans différentes ligues et championnats. Le joueur peut choisir différents pays, dont la Chine, Taïwan et le Tibet. Grosse erreur ! Selon le gouvernement chinois, le Tibet et Taïwan appartiennent à la Chine et il est donc inacceptable de les choisir en tant que pays indépendants. Le ministère de la Culture s’est empressé de bannir le jeu en expliquant que c’était « une menace à la souveraineté chinoise et à son intégrité territoriale ». Football Manager, une menace pour la première puissance économique mondiale. On dirait le synopsis d’un très très mauvais film. Le jeu n’est jamais arrivé sur le territoire chinois, mais cela n’a pas empêché le jeu d’être piraté. Bien au contraire. Si vous étiez pris la main sur la souris, vous risquiez une forte amende ou la perte de votre licence professionnelle. En réponse au scandale, une version sans le Tibet fut par la suite éditée. De tous les jeux qui pourraient déranger un gouvernement comme celui-là, on n’aurait jamais pensé à un Football Manager.

 

Homefront – Corée du Sud

Homefront a eu le mérite de changer les habitudes. Un jeu de guerre sans Wehrmacht et qui ne se passe pas non plus au Moyen-Orient. Non, les méchants ne sont pas les Russes. Dans Homefront, vous devez défendre les États-Unis de l’envahisseur : la Corée du Nord. Si les pays de l’Occident peuvent se permettre de critiquer le pays depuis des milliers de kilomètres de la frontière coréenne, ce n’est pas le cas de la Corée du Sud qui partage des relations plus que tendues avec la Corée du Nord depuis la séparation. Le jeu fut accusé d’exacerber les tensions entre la Corée du Nord et l’Occident et ses alliés (dont la Corée du Sud, donc). À la base, Homefront devait utiliser la Chine comme principal antagoniste, mais le studio abandonna l’idée, car la Chine ne paraissait pas assez effrayante. La Chine est très loin d’être irréprochable, mais c’est vrai que la Corée du Nord passe à la vitesse supérieure lorsqu’il s’agit d’horreur et de privation de liberté. Il est facile de blâmer la Corée du Sud de bannir un jeu et de laisser la « crainte de l’autre » prendre le dessus, mais en même temps, avec un dictateur fou en possession de bombes nucléaires comme voisin, c’est l’un des rares exemples où la décision est compréhensible.

 

Mass Effect – Singapour

Pas de tête nucléaire ou d’intégrité territoriale menacée dans ce cas-là. Simplement de l’homosexualité. Dans Mass Effect, le joueur peut choisir d’incarner un homme ou une femme et durant la trilogie, il est amené à tisser une relation romantique avec l’un des autres personnages. On peut donc avoir une relation hétérosexuelle, homosexuelle et interraciale avec par exemple Liara de la race des Asari (race qui n’a pas vraiment de sexe d’ailleurs). Concrètement, si vous avez envie de jouer une femme et d’avoir des relations sexuelles avec une extraterrestre, vous pouvez ! Et c’est là que ça coince avec la cité de Singapour. Pour eux, une relation avec une extraterrestre est déjà très limite, mais avoir une relation homosexuelle ? « Au secours, alertez la police ! Un être vivant se rapproche d’un autre ! Vous ne comprenez donc pas que toute la société pourrait être détruite ? » Le blocus sur le jeu fut cependant levé après la colère des joueurs, soulignant que le jeu propose aussi le choix de rester célibataire. Après tout, Shepard n’a pas de temps à perdre, il a une galaxie à sauver !

 

Pokémon – Arabie saoudite

Le phénomène Pokémon est planétaire et il ne s’arrête pour rien ni personne. Cela inclut bien entendu le monde arabe où la franchise connait également un fort succès. Enfin, presque partout. L’Arabie saoudite n’a pas vu l’arrivée de certains jeux Pokémon du même oeil. Le grand mufti (un homme avec l’autorité religieuse nécessaire pour écrire des fatwas qui deviennent lois juridiques) fait interdire la franchise Pokémon. En Arabie saoudite, il y a également une police religieuse (la muttawa) chargée de, entre autres, saisir les médias interdits considérés anti-islamiques (musique, films, livres, jeux). Tout va bien quoi. Le plus gros problème selon l’autorité religieuse ? Le jeu d’échanges de cartes Pokémon, car certaines cartes ont des « signes religieux » dessinés dessus, dont l’étoile de David. Logiquement, cela veut dire que Pokémon participe au sionisme. Pire, Pokémon convertirait les enfants au judaïsme ! On se souvient de la terrible histoire du petit Ahmed, capturant tranquillement un Pikachu après une belle matinée à la mosquée. Le lendemain, sans s’en rendre compte, il prie à la synagogue, kippa sur la tête. Une calamité pour l’Arabie saoudite. Pokémon continue cependant d’être vendu plus ou moins librement malgré l’ordre religieux et il est important de préciser que le cas de l’Arabie saoudite est un cas à part dans le monde arabe.

 

Fallout 3 – Australie

Fallout est une série où l’on peut faire exploser une ville avec une bombe nucléaire, on se fait massacrer par des mutants, on voit des expériences faites sur des humains. L’air veut nous assassiner et les humains restent le plus grand danger. Mais pour la censure australienne, le problème vient de l’utilisation de morphine dans le jeu. Ressemblant de trop près aux drogues réelles, le jeu fut jugé trop dangereux. Ce scandale a forcé les développeurs à complètement modifier cette mécanique de jeu pour remplacer le tout par des seringues de Med-X. Ce qui est plus ou moins la même chose que ce qui était présent avant, mais cela a apparemment suffi à apaiser les tensions et Fallout 3 a pu continuer sa vie sans censure de la part de l’Australie. Ce qu’il est important de noter, c’est que le changement ne concerne pas seulement la version australienne du jeu, mais toutes les versions du monde. Un scandale en Australie aurait facilement pu en devenir un ailleurs, et paralyser les ventes du jeu.

 

Manhunt 2 – Plusieurs pays

Si vous connaissez Manhunt, vous n’êtes sûrement pas surpris de le voir apparaitre sur cette liste. Mélangeant action, horreur psychologique et brutalité, Manhunt vous fait incarner des personnages devant s’échapper de lieux plus malsains les uns que les autres. Pour ce faire, il va falloir tuer des gens, et jamais de façon propre. Le premier jeu avait déjà créé un scandale et avait été pointé du doigt comme le responsable du meurtre d’un adolescent de 14 ans au Royaume-Uni. À l’annonce du 2, le scandale reprend et à la sortie, le jeu est interdit dans de nombreux pays dont le Royaume-Uni, la Corée du Sud, l’Australie, l’Italie, l’Allemagne et l’Irlande. Une décision qui attriste la communauté des joueurs, mais irrévocable pour la plupart des gouvernements concernés. Ce qui est surprenant, c’est que le jeu est passé quasiment inaperçu aux États-Unis et que la controverse s’est vite éteinte. Un pétard mouillé pour certains, Manhunt était une bombe à retardement pour d’autres.

 

Jeux vidéo – Venezuela

En 2009, le Venezuela passe une loi interdisant tout jeu vidéo ou jouet jugé violent. Tout jeu vidéo « contenant des images qui incitent à la violence ou l’utilisation d’armes à feu » est banni. Bon, certains se diront qu’il faudra passer par le marché noir. Les habitants doivent sûrement y réfléchir à deux fois puisque la peine encourue est entre 3 et 5 ans de prison. Si vous décidez de vendre une arme à feu à un mineur au Venezuela, vous risquez jusqu’à… 1 an de prison. Avec l’un des plus grands taux de meurtres du monde, cette loi sur le jeu vidéo n’est pas une grande surprise. Le but est de distancer la population de la violence pour ne fait pas inciter les enfants à devenir des tueurs. Les conditions de vie, l’économie et l’éducation peuvent certainement avoir un effet minime, mais tout le monde sait que les jeux vidéo tuent des milliers de gens tous les ans. Une grande portion de la population est englobée de violence dans la vie courante, et enlever le droit à un produit qui permet de se détendre et de s’amuser va certainement améliorer les choses. Le Venezuela est donc devenu le premier pays au monde à bannir presque tous les jeux vidéo, empêchant la distribution et la vente de ces derniers sur son territoire.

 

Censurer des jeux vidéo reste une atteinte à la liberté d’expression. La plupart du temps, la décision vient surtout de l’ignorance des autorités gouvernementales ou religieuses qui espèrent trouver une cible facile à blâmer pour les problèmes de leur pays. Le jeu vidéo n’est malheureusement pas le seul média touché par le problème, simplement le plus récent. Certaines interdictions font plus rire qu’autre chose, mais ce genre de privation ne doit jamais être prise à la légère. Pensez-vous que l’interdiction des jeux vidéo est parfois justifiée ou bien devraient-ils toujours être vendus librement ?

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