La richesse de notre patrimoine botanique est immense, et ce n’est pas Jean-Claude Melet qui nous dira le contraire. Ce botaniste passionné a passé douze ans de sa vie à explorer la France à la recherche de sa flore sauvage. Il en résulte un incroyable logiciel qui répertorie 5 800 taxons avec plus de 38 000 photographies détaillées.

À la recherche de la flore sauvage

350 000 kilomètres de marche, près de quatre fois le tour de France chaque année. Ce sont les statistiques incroyables de Jean-Claude Melet. Mais ce n’est pas le plus intéressant dans son périple. Ce normalien passionné de botanique a passé entre 150 et 180 journées par an sur le terrain, « par tous les temps » .

Tout cela dans quel but ? Recenser et documenter la diversité de la flore sauvage de France. L’idée lui est venue un peu avant la retraite, en 2000. Interrogé par un collègue qui souhaitait connaître le nom d’un arbuste qu’il avait aperçu sur le littoral basque, Jean-Claude Melet a pu reconnaître le spécimen simplement en suivant la description qu’en a fait son collègue. C’est là que lui vint une réflexion : Et si un logiciel pouvait le faire ?

« Je me suis dit que ce que je venais de faire, un logiciel devrait pouvoir le faire » , raconte-t-il sur son site FloreNum. « À partir d’une description par l’utilisateur, lui proposer une liste de réponses possibles et des photographies associées, afin qu’il puisse lui-même choisir celle qui correspond à son échantillon… « . L’aventure pouvait commencer.

Ainsi, en l’espace de douze ans, Jean-Claude Melet a réalisé un nombre astronomique d’expéditions dans l’hexagone. À la clé, le recensement de 5 800 taxons (espèces) de plantes sauvages, la quasi-totalité de celles que l’on peut trouver en France tout de même.
Pour certaines de ces plantes, l’intégralité des représentants du taxon pouvait être réunie sur un bureau. Afin de les dénicher, il lui a alors fallu faire preuve de minutie et endosser le rôle d’inspecteur, allant jusqu’à interroger des locaux : « C’est ainsi que j’ai retrouvé Peonia mascula, une pivoine sauvage, la station n’était plus connue depuis 1901, le conservatoire botanique la recherchait« , raconte-t-il au site Sciences et Avenir.

Les expéditions étaient minutieusement préparées pendant l’hiver et à partir du printemps, Jean-Claude Melet repartait sur les routes de France, en montagne, à la plage, dans les plaines, pour photographier ces spécimens.

Jean-Claude Melet en pleine séance de photographie.

FloreNum, l’aboutissement

C’est comme cela qu’est né FloreNum, un logiciel à la richesse étonnante, qui répertorie les 5 800 espèces de plantes que le botaniste a pu recenser lors de ces douze ans de travaux, en ajoutant trois ans supplémentaire pour mettre au point FloreNum. Un logiciel qui a, selon Sciences et Avenir, reçu l’encouragement de la Société botanique de France (SBF). Le logiciel est complet : 38 000 photographies en haute définition, une description botanique en détails de chaque espèce, des cartes de répartition par département. 38 000 photographies différentes qui servent notamment à documenter tous les stades d’évolution des plantes.

Et comme il l’avait imaginé il y a dix-sept ans de cela, FloreNum est capable d’afficher une liste de plantes « probables classées selon un coefficient de certitude » à partie des critères de recherche renseignés par l’utilisateur. Il y a en tout environ 1 300 000 critères disponibles, qui permet de réaliser des comparaisons entre des espèces proches.

Passion compulsion

Toujours pour Science et Avenir, Jean-Claude Melet raconte : « Ma passion est née en même temps que moi, ma révélation s’est faite avec la petite flore de Bonnier, qui initiait les élèves de mon école préparatoire à l’identification des plantes. Je n’ai depuis jamais cessé de faire de la botanique » .

Un amour qui a même des airs de compulsion. Se surnommant lui-même un « Don Juan des plantes« , Jean-Claude Melet explique pour terminer que dès qu’il a trouvé une plante, celle-ci ne l’intéresse plus et qu’il pense immédiatement à la prochaine. « S’il me manquait ne serait-ce qu’une plante, ce serait comme si j’offrais un puzzle de 5800 pièces avec un trou. Impossible.  »

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