Depuis 2001 l’Odyssée de l’espace, les films de science-fiction usent et abusent de l’hibernation dans leurs scénarios. Cependant, même si ce film réalisé par Stanley Kubrick en 1968 a été créé avec le concours du brillant romancier physicien et astronome Arthur C. Clarke, les scientifiques ont longtemps tenu l’hibernation humaine pour impossible, même si cela pourrait changer. On vous en dit plus sur ce tour de passe-passe qui donne l’illusion de raccourcir les voyages dans l’espace.

 

C’est en 1968 que sortait un film qui allait durablement forger l’image de la science-fiction au cinéma, à savoir bien sûr 2001 l’Odyssée de l’espace, réalisé par Stanley Kubrick et écrit par Arthur C. Clarke, le célèbre astronome physicien romancier. Dans ce film, la première mission humaine habitée à destination de Jupiter est en route ! Cependant, comme le voyage prend plusieurs années, la plupart des membres d’équipage sont plongés en hibernation grâce à des caissons dédiés à cet usage. De cette manière, pas d’eau, de nourriture et d’énergie dépensées pour le voyage, et surtout l’illusion d’être arrivés à destination en un instant pour les explorateurs. Depuis, de nombreux films de science-fiction très célèbres ont réutilisé cette astuce, comme Alien, de Ridley Scott en 1979, ou encore plus récemment Interstellar de Christopher Nolan en 2014.

 

Les caissons d’hibernation du film 2001 l’Odyssée de l’espace : 

 

Ça ne date pas d’hier et ça continue, les auteurs et les réalisateurs ont le goût de l’hibernation quand il s’agit de faire traverser les distances proprement astronomiques du vide de l’espace à leurs personnages. Tout d’abord, l’apparition d’une telle technologie dans ces nombreux films et ces livres apporte immanquablement une touche d’exotisme futuriste. En effet, voyager en dormant, ce n’est pas et cela n’a jamais été quelque chose d’habituel pour nous. C’est une technique parfaitement impossible à réaliser avec notre technologie actuelle et elle est immanquablement associée au voyage au long cours dans l’espace. On peut d’ailleurs avancer qu’elle induit un bouleversement anthropologique, puisque les humains qui ne voyagent pas en hibernation, eux, vieillissent normalement, alors que le vieillissement de ceux en hibernation est, sinon arrêté, ralenti pour la durée de leur voyage. On peut le voir dans Aliens le retour, puisque Ellen Ripley y a passé une soixantaine d’années en hyper-sommeil sans vieillir, alors que dans le même temps sa fille est morte de vieillesse.

 

Enfin, de manière peut-être moins profonde, impressionnante et philosophique, le principe de l’hibernation permet de justifier de faire des ellipses sur les longs voyages mornes et répétitifs dans des vaisseaux confinés. Ce qui demeure tout de même un tour de force, puisqu’il s’agit de justifier scénaristiquement une ellipse, là où un lecteur ou un spectateur ne s’offusque généralement pas qu’elle soit purement stylistique. Cependant, d’un point de vue biologique, les scientifiques et les médecins s’accordaient en général à dire que ces raccourcis présenteraient plus d’inconvénients que d’avantages. Lorsqu’un animal capable de le faire entre naturellement en hibernation, son rythme respiratoire s’interrompt presque totalement, de même que son rythme cardiaque, son flux sanguin et sa croissance, et sa température corporelle baisse drastiquement. chez l’humain, de tels changements de métabolisme sont en général synonymes de… décès, puisque arrivé à ce stade de manière prolongée (si tant est que cela soit possible) il serait difficile de ramener un individu à un fonctionnement corporel normal. Voilà, en gros, pourquoi l’hibernation humaine a longtemps été tenue pour fantaisiste, même si rien n’en interdisait le principe.

 

Le caisson d’hibernation d’Ellen Ripley dans Alien : 

 

D’ailleurs ces dernières années, un premier pas a été fait dans la direction de l’hibernation humaine avec l’hypothermie thérapeutique. Derrière cette appellation qui semble désigner un remède de savant fou se cache une solution très sérieuse imaginée pour les cas d’urgence les plus graves ; en injectant une solution saline froide dans le corps de personnes gravement blessées, on refroidit leur corps suffisamment pour avoir plusieurs heures, et non pas plusieurs minutes, avant qu’il ne se dégrade irrémédiablement, et ainsi les opérer avant de les ranimer pour les ressortir de cet état de mort clinique. Le principe fonctionne donc sur des humains, et la NASA pense même d’ailleurs à l’utiliser pour une éventuelle mission martienne, sans qu’il s’agisse de faire hiberner des êtres humains plus de quelques jours ou semaines d’affilée. Bien sûr, c’est encore loin d’être au point, mais sur le principe, la science-fiction a été visionnaire et cette technologie pourrait bel et bien devenir réalité.

 

Peu de personnes veulent y croire, mais il arrive à la science-fiction d’être visionnaire, pour notre plus grand plaisir. Quel rêve ce serait de fermer les yeux sur Terre et de les rouvrir une fraction de seconde plus tard sur Mars, alors que plusieurs mois se seraient écoulés entre ces deux battements de cils ! On espère vraiment que les scientifiques vont continuer d’étudier la question, et surtout que les auteurs de science-fiction continueront d’inventer des histoires scientifiquement crédibles ! Seriez-vous prêt à dormir plusieurs mois pour atteindre une autre planète ?

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