Le Grand Canyon est en danger. Plusieurs officiels ont demandé à l’administration Trump la levée de la loi qui interdisait depuis 2012 l’extraction minière d’uranium à proximité du monument naturel. De nombreuses voix s’élèvent face au danger que représentent ces mines d’uranium pour les populations locales.

L’INTERDICTION DES MINES D’URANIUM EST REMISE EN CAUSE

En 2012, l’administration Obama signait le bannissement des mines d’uranium à proximité du site du Grand Canyon. Cette décision est désormais contestée par les dirigeants du Comté de Mohave, comté qui inclut le Nord du Grand Canyon. Ces représentants ont décidé d’envoyer une lettre à Ryan Zinke, secrétaire à l’Intérieur, pour lui demander la levée de cette interdiction. Un courrier suivi par des lettres similaires signées d’autres responsables régionaux des comtés du Sud de l’Utah.

DES MOTIFS ÉCONOMIQUES

Les dirigeants du Comté de Mohave réclament la levé du bannissement de l’exploitation minière de l’uranium qui est pour eux une décision illégale impactant l’économie de la région. Ils demandent aussi au gouvernement fédéral de réduire la zone de protection du monument national qui, selon eux, empêche le développement économique de gisements de pétrole et de charbon.

Pour Gary Watson, un des chefs de file du mouvement, il y aurait assez d’uranium au nord du Grand Canyon pour « fournir de l’énergie à l’état de Californie pendant 20 ans ». Il souligne aussi que l’uranium a de nombreuses utilisations militaires et que l’interdiction de son extraction représente des millions de dollars perdus et nuit à « [la] croissance et [aux] emplois dans cette zone ».

DES RISQUES POUR LES POPULATIONS

Derrière les considérations économiques se cachent tout de même les risques liés à l’exploitation de l’uranium. Des mines dangereuses touchent tout particulièrement les tribus amérindiennes qui vivent à proximité du Grand Canyon. Carletta Tilousi, de la tribu des Havasupai, en témoigne au journal The Guardian : « Nous devons faire face aux dangers potentiels de la contamination à l’uranium de notre seul système d’approvisionnement en eau. Des tests dans d’autres zones ont déjà montré des traces d’uranium provenant du minage dans la région du Grand Canyon, et je ne pense pas que nous pourrions survire à une catastrophe environnemental ici ».

Si pour les défenseurs de la fin du bannissement « l’exploitation minière n’affecte pas l’eau souterraine ni ne détruit les ressources naturelles de la terre », nombreux sont ceux qui soulignent les dangers de ces mines. Pour Roger Clark, président d’un groupe écologiste de défense du Grand Canyon, nous n’avons aucune certitude sur leur sécurité et « à chaque fois que nous avons cherché des preuves, nous avons trouvé de la contamination ».

LE DANGER DE L’ADMINISTRATION TRUMP

Ce qui inquiète d’autant plus les militants opposés aux mines d’uranium, c’est évidemment la politique environnementale menée par l’administration Trump. Le Congrès a déjà mis fin au « Planning 2.0 », une initiative de l’ère Obama qui donnait au peuple un pouvoir de consultation sur l’utilisation du territoire. De même, le secrétaire à l’Intérieur a mis fin au moratoire sur les extractions de charbon et a plaidé pour ouvrir les territoires à de plus grandes extractions de gaz et de pétrole.

Trump a aussi ordonné de revoir la zone de désignation de 27 monuments naturels nationaux pour éventuellement en réduire la taille. Une décision qui favoriserait grandement les extractions minières. Nombreux sont ceux qui craignent que le gouvernement fédéral favorise les intérêts des lobbys miniers au détriment de l’industrie du tourisme, et surtout des amérindiens qui vivent dans la région. Du coté des défenseurs de l’extraction minière, on affiche par conséquent un certain optimisme : « je pense que l’administration Trump est très intéressée par la situation. De nombreuses compagnies sont impatientes de pouvoir venir ici et commencer l’extraction d’uranium », a déclaré Gary Watson du Comté de Mohave.

UNE AVANCÉE BIEN FRAGILE

En 2012, quand Ken Salazar, l’ancien secrétaire à l’intérieur de Barack Obama, avait promulgué le bannissement de l’extraction minière, il avait déclaré que cette mesure était « la meilleure approche pour ce paysage américain inestimable ». Une mesure perçue alors comme une victoire pour protéger les 5 millions de visiteurs annuels du Grand Canyon, les communautés amérindiennes et les millions d’habitants de la région. Victoire qui risque d’être de courte durée. Car Trump pourrait comme souvent prendre l’exacte contre-pied de son prédécesseur. Une nouvelle preuve qu’une avancée n’est jamais définitive.

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