Sur le champ de bataille comme au rugby, les relations entre la France et l’Angleterre ont souvent été conflictuelles. Alors que celle-ci s’apprête à sortir de l’Union européenne, des géologues ont publié une étude révélant comment, il y a environ 125 000 ans, les terres de Grande-Bretagne se sont séparées de celles de la France auxquelles elles étaient rattachées, pour former une île.

 

Une nouvelle étude sur la genèse de la Grande-Bretagne

Dans une étude publiée par la revue Nature Communications, Sanjeev Gupta, professeur à l’Imperial College London, et ses collègues (Royaume-Uni, France, Belgique) ont reconstruit la genèse de l’insularisation de la Grande-Bretagne. Leurs travaux recroisent des théories de longue date, d’anciennes études sur le plancher marin de la Manche et une nouvelle cartographie très détaillée de la surface sous-marine du Détroit de Douvres.

D’après Gupta, la formation de la Manche et le détachement de la Grande-Bretagne des terres de France seraient consécutifs à une série d’événements géologiques violents tels que le déferlement de chutes d’eau et d’inondations.

Credit : Rolf Süssbrich, Wikimedia Commons

 

Une crête reliant la Grande-Bretagne à la France

Il y a 450 000 ans, une longue crête rocheuse de 32 km de long reliait la Grande-Bretagne et la France. Derrière cette arête se trouvait un grand lac doté d’icebergs, qui correspond aujourd’hui à la Mer du Nord.

Si la Grande-Bretagne et la France étaient restées rattachées l’une à l’autre, la Manche serait sèche et le paysage froid, rocheux et désertique, explique Gupta. Mais la fonte des glaces et les changements qui se produisirent à l’époque poussèrent les flots à déborder de la crête. C’est ainsi que commencèrent les profondes mutations du paysage.

Credit : Daniel Case, Wikimedia Commons

 

D’immenses trous causés par les chutes d’eau

Lors de la construction du tunnel sous la Manche, d’immenses trous remplis de sédiments ont été découverts. Si jusqu’à présent, les explications de la formation de ces trous pouvant atteindre jusqu’à 140 mètres de profondeur et 4 km de diamètre, restaient controversées, Gupta et son équipe affirment qu’ils auraient été creusés par des chutes d’eau dévalant la crête.

A l’instar d’un barrage submergé, la crête aurait été envahie par les eaux qui, déferlant sur ses pentes, seraient responsables de l’érosion du plancher du Detroit de Douvres. Au-delà des trous, les chutes d’eau auraient contribué à rompre partiellement la crête, libérant l’eau du lac.

Credit : Steve Jurvetson, Flickr

 

Une inondation sans précédent

Au cours de leurs recherches, Gupta et son équipe ont découvert une grande vallée sous-marine, qui traverse l’emplacement de l’ancienne crête et converge avec d’autres étendues sous la Manche. Pour les chercheurs, cette zone aurait été formée par des inondations torrentielles issues de lacs plus en amont, il y a environ 160 000 ans.

D’après Gupta, cette inondation sans précédent aurait creusé le centre de la Manche.

 

La formation de l’île

L’équipe de scientifiques explique que ces deux étapes ont rompu la crête pour ouvrir le Détroit de Douvres, laisser place à la Manche et faire de la Grande-Bretagne l’île que nous connaissons tous.

Sans ces événements, la Grande-Bretagne serait restée rattachée à l’Europe, ce qui aurait sans doute profondément changé son histoire. Pour Gupta, il s’agit bien d’un Brexit avant l’heure.

Credit : Jacques Descloitres, Wikimedia Commons
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