Selon les chercheurs, le futur de la médecine est dans la personnalisation toujours plus poussée des soins grâce aux avancées dans le domaine de la génétique. Dans la ligne de mire des chercheurs, les maladies chroniques, comme le cancer ou le diabète. Malgré les progrès certains, les choses sont loin d’être simples…

État des lieux

Il y a 10 ans que le génome humain a été identifié et cartographié. Autrement dit, on n’en est qu’aux débuts. Directeur du National Institut of Health, Francins Collins concède que ces découvertes n’ont pas encore eu de répercussions marquantes sur la santé de la plupart des individus. Pourtant, puisque chaque personne est unique, la personnalisation de la médecine pourrait profondément modifier la façon de diagnostiquer, prévenir et traiter les maladies. La raison en est que les maladies chroniques (Alzheimer, cancer, diabète, maladies cardiaques…) communes ont un fonctionnement complexe qui n’est pas encore totalement compris par les chercheurs.

Les espoirs

Le but de la recherche est de découvrir de nouveaux marqueurs biologiques, d’examiner plus en détail l’ADN, les protéines et les bactéries intestinales pour mieux comprendre ce que sont la santé et la maladie, et pour prendre les meilleures décisions en fonction de chaque patient.

En effet, tout le monde ne réagit pas de la même façon aux traitements. Par exemple, certains patients métabolisent les médicaments trop rapidement, ce qui ne leur laisse pas le temps d’être efficace. D’autres, au contraire, les métabolisent trop lentement, et les médicaments peuvent devenir toxiques.

La recherche sur le génome, qui baserait le diagnostic et le traitement des maladies sur les détails moléculaires propres à chacun, pourrait ainsi permettre de subdiviser le diabète de type 2 en une multitude de sous-diabètes, et donc de mieux cibler les médicaments, comme c’est le cas pour certains cancers du sein ou du cerveau, leucémies et mélanomes. Cependant, il existe peu de traitements personnalisés pour les maladies chroniques complexes.

Les limites sont posées par les individus eux-mêmes

Cette utopie rencontre pour le moment de nombreux obstacles, tant d’un point de vue scientifique qu’humain. En effet, les maladies chroniques ne sont pas qu’une question d’hérédité et de génétique. On estime que les maladies du cœur sont héritées des parents dans un cas sur deux, que 64 % des diabètes de Type 2 et 58 % des cas d’Alzheimer sont d’origine héréditaire. Pour le reste, ce sont les comportements humains qui sont en cause.

La cigarette, la consommation d’alcool, le manque d’exercice, de mauvaises habitudes alimentaires et le surpoids sont des facteurs déclenchants que la recherche génomique ne peut pas gérer : c’est la responsabilité des individus qui est en jeu, et la prévention reste la solution la plus efficace. Aux Etats-Unis, plus de 90 % des diabètes de Type 2, 80 % des maladies touchant les artères coronaires, 70 % des AVC et 70 % des cancers du colon pourraient être simplement évités chez les adultes par un mode de vie plus sain.

Mais les recherches ont montré que même en sachant que leur terrain génétique est propice au déclenchement de maladies chroniques, les individus ne modifient pas leur mode de vie.

Les limites scientifiques

Il ne faut pas oublier que les maladies chroniques sont des maladies complexes. Loin d’être contrôlées par quelques gènes qui seraient faciles à identifier, elles sont influencées par des centaines, voire des milliers de gènes, qui échappent aux scientifiques. Il faudra des décennies pour parvenir à déterminer toutes les interactions entre les gènes qui mènent à la maladie.

Se pose également la question des tests cliniques. Il est impensable de mettre au point des traitements sans les avoir préalablement testés sur des patients. Or, si chaque traitement est censé correspondre à un génome unique, comment sera-t-il possible de procéder à ces tests ? Il sera infiniment plus difficile de découvrir et de prévoir la réponse de l’organisme au traitement.

Malgré ces limites, la médecine du futur sera plus « personnelle ». Pour la plupart des personnes, elle restera un complément à la médecine qui consiste à donner à tous le même traitement pour une même maladie. Elle devra être appliquée en tenant compte de chaque personne dans son ensemble : étant de santé, croyances, caractère… si on veut qu’elle améliore vraiment la médecine.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments