une-faucon-pelerinLe faucon pèlerin est un prédateur extraordinaire via Shutterstock

Les faucons pèlerins sont engagés dans une guerre psychologique avec leurs proies, les bécasseaux semipalmés, qu’ils manipulent en retardant leurs attaques. SooCurious vous explique l’incroyable talent de cet oiseau hors du commun.

Chaque hiver, après s’être reposés et accouplés sur les rivages du sud du Canada, les bécasseaux semipalmés quittent les terres pour rejoindre les régions plus chaudes d’Amérique du Sud. Durant leur halte migratoire, on peut parfois observer des groupes de plus de 100 000 oiseaux. C’est ce que note Guy Beauchamp, enseignant chercheur à l’université de Montréal, qui s’intéresse depuis dix ans, à l’étude de ces oiseaux.

 

Un bécasseau :

becasseau-oiseau

Ces grandes volées expliquent que les bécasseaux sont repérables de loin, ce qui en fait des cibles faciles et attrayantes pour les faucons pèlerins de la région. Pourtant, Guy Beauchamp a remarqué que – bien loin d’attaquer immédiatement ces groupes importants d’individus – ceux-ci préféraient flâner autour d’eux avant de foncer dans le groupe et d’attaquer, souvent de manière aléatoire et imprévisible.

Comment expliquer ces attaques retardées et, pour une large part, aléatoires ? Telle est la question sur laquelle a décidé de se pencher Guy Beauchamp face à l’étrange comportement de ces spécimens. Son hypothèse de départ, qui a guidé ses expériences successives, postule que cet « effet de retardement » des attaques, ne serait qu’une stratégie visant à conserver l’effet de surprise des attaques des faucons envers les bécasseaux.

faucon-pelerin

Pour vérifier cette hypothèse, Guy Beauchamp a passé plusieurs semaines à répertorier le temps qu’ont mis les faucons pour attaquer, celui-ci variant de quelques minutes à plus d’une heure. Il en a conclu que les attaques des faucons étaient imprévisibles, aléatoires, et en cela, d’autant plus dangereuses pour les bécasseaux. Car, son observation des faucons ayant été parallèle à celle de ces oiseaux, il a remarqué que, si ceux-là pouvaient être un temps vigilants, cette attention ne manquait pas de se relâcher dès qu’ils avaient besoin de se reposer ou de dormir.

Pour Beauchamp, « ce prédateur manipule le degré de peur de ses proies, afin de mettre toutes les chances de son côté », et « sème l’incertitude dans l’esprit des bécasseaux » afin qu’au bout d’un certain temps, ceux-ci baissent leur garde. Ses découvertes ont par ailleurs été publiées dans le journal Behavioral Ecology and Sociobiology.

faucon-proieUn faucon et sa proie via Shutterstock

Mais, ce qu’il note parallèlement, c’est que les bécasseaux, eux aussi, peuvent jouer à manipuler l’esprit des faucons. « La proie peut semer l’incertitude dans l’esprit des prédateurs en étant quelque peu erratique dans ses comportements », dit-il. Les oiseaux délaissent ainsi parfois leur site de repos, avant même que l’attaque ait commencé.

Jeux conscients ou combinaisons instinctives ? En tout cas, remarque Will Cresswell de l’université de St Andrews en Ecosse, « ce qui est clair, c’est que les faucons attaquent d’une manière qui optimise leurs chances d’une chasse fructueuse ». Si le sujet vous intéresse, vous pouvez également découvrir comment des drones peuvent servir de proie aux faucons, sauvant ainsi des centaines d’oiseaux. 

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