Pour certains, l’agriculture biologique est un argument commercial. Pour d’autres, elle représente une nouvelle façon de produire et de consommer tout en protégeant l’Homme et l’environnement. Nombreux sont ceux qui pensaient que le prix de l’agriculture biologique n’était que la contrepartie du respect des cultures et de la santé humaine. L’étude de l’institut technique d’agriculture biologique (ITAB) vient pourtant de démontrer que « le bio » est également profitable à l’économie.

L’ITAB a publié une étude qui compare l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique afin d’en déterminer les avantages, une étude commandée par le Ministère de l’agriculture en 2015. Pour ce faire, les agroéconomistes Natacha Sautereau et Marc Benoît ont établi des liens entre 280 études scientifiques portées sur le sujet. Cette fois-ci, l’ITAB s’est donné pour mission de chiffrer les externalités, c’est-à-dire les effets générés par les deux modes d’exploitation et de production, dans divers domaines (santé, traitement des eaux, pollinisation, stockage du carbone, création d’emploi…).

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La question de l’agriculture biologique est fondamentale puisqu’elle est liée à l’avenir de la production alimentaire. L’étude s’éloigne ainsi des questions relatives aux préférences des consommateurs pour s’intéresser aux enjeux économiques. Il s’agit de comparer les deux systèmes agroalimentaires afin de chiffrer les bénéfices de l’agriculture biologique et ainsi mesurer ses avantages dans une perspective économique. S’il est difficile de remettre en cause ses bienfaits, ses détracteurs pouvaient affirmer jusqu’à présent qu’elle était moins productive et plus coûteuse que l’agriculture conventionnelle.

Mais l’étude de l’ITAB met en lumière l’ensemble de la chaîne de production et démontre qu’en réalité l’agriculture conventionnelle génère des coûts cachés qui se répercutent sur les collectivités et le consommateur. Nous le savons, l’industrialisation contribue à détruire des emplois et alimente le chômage. Mais l’étude explique également que l’usage des pesticides et des produits chimiques ont des effets nocifs sur la santé et l’environnement qui impliquent la mobilisation de dépenses publiques très importantes, tant en matière d’environnement qu’en matière de santé.

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Si les enquêtes sur l’agriculture biologique sont nombreuses, l’étude de l’ITAB est la première à chiffrer ses bénéfices pour démontrer ses avantages économiques aux pouvoirs publics. L’objectif de l’étude était en effet de légitimer les fonds publics destinés à l’agriculture biologique. D’après l’étude, les collectivités territoriales doivent verser entre 20 et 46 euros par hectare et par an pour financer le traitement des nitrates et des pesticides dans les eaux. En revanche, l’agriculture biologique, qui n’utilise pas de traitements insecticides, permet quant à elle d’économiser 10 à 21 euros par hectare chaque année.

Alors au lieu d’utiliser des produits nocifs pour l’environnement et le consommateur, pourquoi ne pas agir en amont afin d’éviter les coûts nécessaires pour réparer les dégâts de l’agriculture conventionnelle ? L’étude de l’ITAB donne une raison de plus de favoriser l’agriculture biologique, car si nous savons depuis longtemps qu’elle est respectueuse de l’environnement et de la santé du consommateur, nous avons désormais la preuve qu’elle propose un modèle qui répond aux enjeux économiques modernes.

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